Pelé ou Kuerten pour allumer la vasque olympique ? Prudence, l'élu est rarement celui qu'on attend

A une époque où un secret a du mal à survivre plus de cinq secondes, le mystère entourant l'identité du dernier porteur de la flamme olympique est le mieux gardé du monde. Le seul - avec l'élection papale - qui résiste à toutes les tentatives d'intrusions et autres indiscrétions. Même la boîte mail de la candidate démocrate à la Maison Blanche est moins hermétique. D'accord, cet exemple n'est peut-être pas le mieux choisi… Mais quoi qu'il en soit, si quelqu'un vous dit, aujourd'hui, qu'il connait assurément l'identité de ou des heureux élus qui allumeront la vasque olympique vendredi, ne le croyez pas. Il ment. Ou n'est pas aussi bien informé qu'il le pense.

Cela dit, il n'est pas interdit de supputer ou de dégager des favoris. Ce que le Brésil et la presse auriverde ont fait ces derniers jours. Ça ne mange pas de pain. Pour tout le monde, le match se résume à un duel entre deux illustres anciens sportifs brésiliens : Pelé et Gustavo Kuerten. Le premier est le plus grand footballeur de tous les temps, seul triple champion du monde de football de l'histoire. Le second a remporté trois fois Roland-Garros. Paris l'adore. Le Brésil l'aime d'amour. Suffisant pour décrocher la timbale et entrer dans la légende des Jeux ? Loin d'être sûr.

Autant vous le dire de suite : la surprise serait que l'un de ces deux-là soit l'heureux élu, vendredi au Maracana. L'histoire des Jeux Olympiques est là pour nous le rappeler.

A Londres, en 2012, Steve Redgrave, armé de ses cinq couronnes olympiques, partait grand favori. Devant Daley Thompson ou Kelly Holmes. A l'arrivée ? Un groupe de 7 sportifs adolescents choisis pour "inspirer une génération". En 1996 ? Le symbole fut exceptionnel. Atlanta avait choisi Mohamed Ali. Mais le boxeur était loin d'être favori. Très loin de là, même. Evander Holyfield - local de l'étape - ou Janet Evans avaient les faveurs des pronostiqueurs. Et que dire de l'archer Antonio Rebollo qui avait mis le feu à la vasque de Montjuic en 1992 ? Sa flèche enflammée avait lancé les JO de Barcelone d'une manière hautement spectaculaire. Mais totalement inattendue. Sur la forme comme sur le fond.

Douze ans plus tard, Nikos Kaklamanakis ne faisait pas non plus office d'épouvantail à Athènes. Et ce n'est rien de le dire. Evidemment, personne ne pouvait non plus prévoir que Yashinori Yakai, né le jour de l'explosion de la bombe atomique à Hiroshima - le 6 août 1945 -, embraserait la vasque tokyoïte dix-neuf ans plus tard.

Il arrive, néanmoins, que l'on soit moins étonné. C'est plus rare mais ce fut le cas en 2000. A Sydney, Cathy Freeman avait tout pour endosser ce rôle. Elle fut choisie. Bref, Pelé ou Guga peuvent se rassurer : tout n'est pas encore tout perdu.

Robert Scheidt peut se dire la même chose. Le marin est moins médiatique que le footballeur ou le tennisman mais ses deux titres olympiques en Laser (1996 et 2000) et trois breloques d'argent en font un client plus que sérieux. L'illustre basketteur Oscar Schmidt ferait aussi le job. Et quid de Vanderlei de Lima ? Le marathonien avait subi une mésaventure incroyable il y a douze ans à Athènes quand, en tête du marathon, il avait été ceinturé et poussé hors de la piste par un spectateur. Le symbole serait fort pour celui qui avait décroché le bronze dans la capitale hellène. Problème, on le voit venir à des kilomètres. Et, si vous avez bien tout suivi, c'est rarement un avantage.