Porte-drapeaux, flamme, programme… Les 10 questions que vous vous posez sur la cérémonie d'ouverture

Trop longtemps, diront les grincheux. Contrairement à celle d'une Coupe du monde de football, vite expédiée, la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques est un rituel immuable et un véritable évènement. C'est même un marqueur de réussite pour des Jeux. Le spectacle se veut donc grandiose et, qualitativement comme quantitativement, il faut que le (télé)spectateur en ait pour son argent. Résultat, le show durera pratiquement quatre heures, de 23 heures à 3 heures du matin, heure française. C'est long, mais les organisateurs ont promis un spectacle "inoubliable".

Trois directeurs artistiques ont été désignés mais parmi eux, c'est bien la patte de Fernando Meirelles qui devrait le plus se faire sentir. La cérémonie a été placée entre les mains du célèbre réalisateur brésilien, auteur notamment de La Cité de Dieu, qui lui avait valu en 2004 une nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur. Son "Rio, I love you", en 2014, a fini de le désigner comme l'homme idéal pour mettre en valeur la ville à l'occasion de ces Jeux. Avec un budget 10 fois inférieur à celui de la cérémonie des J.O. de Londres et 20 fois plus faible que ceux de Pékin, Meirelles n'a rien promis de grandiloquent et c'est tant mieux. Il a confié cette semaine que son souhait était de faire de cette cérémonie un "antidépresseur pour le Brésil". Sacré pari.

C'est vraiment le monde entier qui se donne rendez-vous à Rio de Janeiro pour les Jeux Olympiques. Pas moins de 207 délégations vont défiler vendredi soir au Maracana. Il y aura 206 Etats et une équipe de "réfugiés". Certains, comme le Kosovo, vont disputer les J.O. pour la première fois de leur histoire. L'évènement sera donc très spécial pour ses huit représentants. D'une façon pratique, les délégations arriveront toutes du même endroit, emprunteront une ligne droite puis certaines seront "évacuées" vers la gauche, d'autres vers la droite, afin de fluidifier le mouvement

Par ordre alphabétique. Mais l'ordre alphabétique portugais. Pour beaucoup de pays, comme la France, cela ne change pas grand-chose. Pour d'autres, en revanche, l'impact est énorme. Les Etats-Unis, par exemple, au lieu de défiler à la lette U (USA) comme ils l'espéraient, passeront dans les E (Estadosunidos da America). Ça n'a l'air de rien, mais pour le diffuseur américain NBC, qui a déboursé 12 milliards de dollars au CIO pour retransmettre les Jeux jusqu'en 2032, c'est une petite catastrophe. Car les athlètes américains entreront dans le Maracana vers 21h23 heure de Rio, contre 22h20 s'ils étaient passés à "USA". Pour NBC, c'est une perte importante en recettes publicitaires, car les Américains ne passeront pas au meilleur moment par rapport au "prime time" US. NBC a quand même trouvé la parade : la cérémonie sera diffusée aux Etats-Unis… en différé d'une heure, pour que les sportifs US passent à l'heure prévue. A noter que, comme le veut la tradition, la Grèce entrera en scène la première, à 20h50. Ensuite, l'ordre alphabétique s'appliquera, avec l'Afghanistan, l'Afrique du Sud, l'Albanie, l'Allemagne, etc. Autre tradition, le pays hôte, le Brésil, fermera le défilé. Il sera alors 22h30.

Sans surprise, les Etats-Unis d'Amérique affichent le plus fort contingent avec 556 athlètes. Tous ne seront pas forcément présents au Maracana, et cela vaut pour toutes les nations, puisque ceux qui entrent en lice dès le samedi matin font généralement l'impasse sur la cérémonie. Derrière les Américains, on trouve le Brésil avec 469 athlètes. Les Brésiliens bénéficient notamment du fait d'être qualifiés automatiquement, en leur qualité d'organisateurs, dans tous les sports collectifs, ce qui gonfle de façon presque automatique le contingent. Viennent ensuite, dans l'ordre, l'Allemagne (425), l'Australie (423), la Chine (404) puis la France (398).

A l'inverse, certains pays ont une représentation minimale. La palme en la matière revient aux Tuval, le petit archipel polynésien, qui sera représenté par… un athlète, Etimoni Timuani, spécialiste du 100m. Au moins, pas besoin de se creuser la tête pour trouver le porte-drapeau. Une petite dizaine de pays comptent deux athlètes. Parmi eux, le Bhoutan, la Guinée équatoriale ou encore le Tchad. Là, les discussions ont dû être plus animées !

La réponse est (enfin) tombée jeudi soir, par le biais d'un simple communiqué, méthode qui en dit long sur l'embarras du C.I.O. et de son président, Thomas Bach. Les Russes, entre exclusions et repêchages de dernière minute, seront finalement 271 à pouvoir défiler vendredi avant de prendre part aux Jeux. Encore que ce chiffre ne soit pas tout à fait définitif. Il reste en effet encore 10 athlètes russes qui attendent de connaitre leur sort suite à leur appel devant le Tribunal arbitral du sport. Certains pourraient donc ne pas savoir, au coup d'envoi des Jeux, s'ils peuvent y participer. Au pays du C.I.O., Ubu est décidément roi.

Il y aura du très beau linge, plusieurs pays ayant choisi de mettre en avant de grandes figures. Michael Phelps portera ainsi le drapeau américain, Teddy Riner emmènera la délégation tricolore. Espagne et Grande-Bretagne ont choisi les tennismen Rafael Nadal et Andy Murray, soit les deux derniers champions olympiques en simple. L'Italie a elle aussi mis en avant une gloire olympique, mais féminine celle-là, en la personne de la nageuse Federica Pellegrini.

Une féminisation assez massive parmi les délégations les plus importantes, à l'image de l'Australie, avec la reine du cyclisme sur piste Anna Meares, de la Jamaïque avec la sprinteuse Shelly-Ann Fraser-Pryce ou encore du… Brésil. Le pays organisateur a confié son drapeau à la pentathlète Yane Marques, médaillée de bronze à Londres. Si les 207 porte-drapeaux vivront un moment fort, pour elle, devant le public carioca, il sera franchement inoubliable.

Dans un pays en proie à une grave crise institutionnelle, la question n'est pas neutre. Car c'est peu dire que ces Jeux s'ouvrent dans un climat de tension politique extrême. Il y a deux ans, lors du match d'ouverture de la Coupe du monde, la présidente Dilma Roussef avait été copieusement sifflée, et même insultée, par le public de l'Arena Cortinhians de Sao Paulo. Elle ne sera pas au Maracana cette fois puisque, si elle avait été réélue à l'automne 2014, elle fait aujourd'hui face à une procédure de destitution.

Roussef a annoncé qu'elle ne viendrait pas à la cérémonie d'ouverture, alors que rien, dans l'absolu, ne l'en empêchait. Lula, son prédécesseur, qui avait beaucoup œuvré en 2009 à l'obtention des Jeux 2006 par la ville de Rio, ne sera pas davantage présent. C'est donc Michel Temer, président par intérim depuis trois mois, qui aura l'honneur de déclarer officiellement les Jeux de la XXIe Olympiade ouverts, à la fin de la cérémonie. Mais pour lui non plus, la journée ne sera pas de tout repos : des manifestations anti-Temer sont prévues vendredi aux abords du Maracana.

C'est la question à 1000 euros. Le secret est comme toujours bien gardé, l'effet de surprise étant souvent la clé de ce moment si particulier, incontestable clou du spectacle d'une cérémonie d'ouverture. Ce sera encore le point culminant vendredi soir au Maracana. Beaucoup de noms ont circulé. Une chose est sûre, cela ne sera pas le roi Pelé. Sa santé l'empêchant d'assister à la cérémonie d'ouverture, ce qu'il a annoncé vendredi. Gustavo Kuerten est également plébiscité. Alors, Guga, une personnalité plus "olympique", ou un tout autre choix en forme de contre-pied ? Plus que quelques heures de patience et nous saurons tout ça, et le reste aussi. A vos marques…