Walide Khyar, Estelle Mossely, Daniel Jérent : Ces Bleus qui pourraient se faire un nom à Rio

Comme avant les Jeux de Londres en 2012, nous avons choisi dix noms. Tous vont disputer leurs premiers Jeux Olympiques. En dehors de ceux qui suivent de près leurs sports, leurs noms n'évoquent encore pas grand chose au très grand public.

Mais les Jeux sont aussi fait pour cela. Une médaille, et la lumière médiatique s'allume sur vous. Il y a quatre ans, quatre de nos dix "paris" avaient grimpé sur le podium : Julie Bresset (or), Bryan Coquard (argent), Marlène Harnois (bronze) et Automne Pavia (bronze). A l'époque, tous découvraient également les J.O.. Souhaitons le même destin aux 10 ci-dessous...

Omnium. Six lettres pour un nom curieux et une épreuve à laquelle le profane ne comprend pas grand-chose au premier abord. Mais ça rapporte. En 2012, Bryan Coquard s'y était révélé au grand public en décrochant la médaille d'argent sur la piste londonienne. Quatre ans plus tard, l'omnium pourrait cette fois mettre en valeur Laurie Berthon. La Lyonnaise a été sacrée vice-championne du monde au mois de mars derrière la Britannique Laura Trott et elle a également signé deux autres podiums en Coupe du monde. Après avoir lancé un appel aux dons pour financer une partie de sa préparation, Berthon a mis le cap sur Rio avec pour objectif unique de rééditer le coup des Mondiaux.

Marine Boyer a tout pour être un des visages tricolores de ces Jeux de Rio. La jeune fille, originaire de la Réunion, mais qui a grandi à Meaux, est souriante et plus important encore brillante. Pour ses premiers championnats d'Europe, Boyer s'est offert deux médailles, dont une très prometteuse en individuel à la poutre devant la Roumaine Catalina Ponor, double médaillée à Londres. A peine assez âgée pour pouvoir prendre part aux Jeux Olympiques, elle a pourtant déjà tout des grandes, s'entrainant six heures par jour à l'Insep, le must en France pour les installations en gymnastique. Boyer vient à Rio pour se frotter à ce qui se fait de mieux sur la planète, et sa progression constante pourrait créer une des belles surprises de cette olympiade.

L'escrime française aura à cœur d'effacer son zéro pointé historique de Londres. Son meilleur atout ? L'épée masculine, l'arme la plus dense de l'équipe de France, qui dispose de trois des six premiers mondiaux. Parmi eux, Daniel Jérent. A 25 ans, le Guadeloupéen est en pleine ascension. Par équipes, il vise l'or, mais même en individuelle, il aura son mot à dire. Il arrive par ailleurs dans une configuration idéale, derrière le numéro un mondial Gauthier Grumier et le champion d'Europe Yannick Borel, plus expérimentés et plus attendus que lui. Parfait pour éviter un excès de pression sur ses épaules.

A tout juste 21 ans, Walide Khyar peut confirmer son ascension météorique. Déjà performant chez les espoirs où il a obtenu le bronze mondial chez les juniors en 2015 en – de 60 kilos, l'homme à la queue de cheval inspirée par Zlatan Ibrahimovic fait encore mieux en 2016 : champion d'Europe chez les juniors puis chez les pros en quelques semaines. Pour sa première année chez les grands, il est déjà entré dans le Top 20 mondial. Khyar est très ambitieux et n'a peur de rien. Mené en finale chez les seniors à Kazan, il avait retourné la situation pour l'emporter sur un ippon magistral. Le judoka n'est pas du genre à perdre son temps. Cela tombe bien, il pourrait être une des premières médailles tricolores, dès le samedi 6 août.

Non, l'athlétisme français, ce n'est pas que Renaud Lavillenie ou Jimmy Vicaut. Renelle Lamotte, 22 ans, a redonné des couleurs au demi-fond français en s'imposant comme la numéro un européenne sur 800m, avec son chrono de 1'58"01 à Birmingham début juin. Et si elle a dû se contenter de l'argent lors des récents Championnats d'Europe à Amsterdam, elle a accumulé suffisamment de confiance pour espérer jouer un rôle à Rio. La finale est un objectif minimal. Lamote a prouvé à Rabat, en rivalisant avec Semenya et Niyonsaba, qu'elle pouvait se frotter aux meilleures. C'est en tout cas un joli joker pour l'athlé tricolore, en mal de leaders dans ses rangs féminins.

Pierre Le Coq poursuit la tradition des véliplanchistes français de haut niveau. Le Costarmoricain s'est imposé ces dernières années comme une des références de sa discipline, le RS:X. Encore jeune, le natif de Saint-Brieuc est pourtant déjà champion du monde en 2015. Surtout, il s'est préparé de longue date pour ces Jeux Olympiques. Le Coq a déjà passé pas moins de 100 jours sur le plan d'eau de Rio ces trois dernières années pour être parfaitement au point, et est déjà au Brésil pour en prendre la température. Et cela semble fonctionner puisqu'il a terminé troisième des préolympiques l'an passé et deuxième en 2014. Dentiste à mi-temps, son rêve de médaille olympique l'attend désormais.

La boxe féminine est encore toute jeune dans la famille olympique, puisqu'elle est apparue au programme en 2012 à Londres. A Rio, la France pourrait décrocher sa première médaille, par l'intermédiaire d'Estelle Mossely. Avec son compagnon Tony Yoka, ils incarnent les deux meilleures chances de podium tricolores. Championne du monde cette année à Astana au mois de mai, la Cristolienne bénéficiera d'un statut de tête de série qui lui permettra de rentrer directement en quarts de finale, soit à… un combat de la médaille. Mais c'est bien d'or dont elle rêve au Brésil. Une ambition légitime, qui pourrait la propulser dans la lumière… et dans l'histoire du sport français, en tant que pionnière.

Parcours atypique que celui de M'Bar N'Diaye. Il a découvert le taekwondo sur le tard, à 18 ans passés. Et disputé ses premiers Championnats de France à 26 ans ! Résultat, le Francilien sera à Rio un débutant olympique de… 33 ans dans la catégorie des +80 kg, assez ouverte. En réalité, N'Diaye a déjà goûté aux J.O., en 2008, mais il n'était alors que le sparring-partner de la star tricolore de la discipline, Pascal Gentil. Vice-champion d'Europe il y a deux ans, il avait aussi remporté une médaille lors du Test-event de Rio. Le revoir sur un podium au Brésil serait tout sauf absurde.

Son nom vous dit peut-être quelque chose. Jordan Pothain a été associé bien malgré lui à "l'imbroglio Yannic Agnel", sur 200m, lors des Championnats de France. Alors qu'il semblait avoir touché en troisième, Pothain avait été annoncé deuxième, devant Agnel. Il a finalement cédé sa place sur la distance au champion olympique en titre, mais le nageur d'Echirolles sera tout de même sur 400 mètres, plus le relais 4x200m, sur lequel il espère contribuer à une médaille. Avec Agnel. Sur le 400m, rentrer en finale serait déjà une belle performance vu la concurrence. A 22 ans, il compte en tout cas sur ces J.O. pour s'affirmer, avant de s'imposer, peut-être, comme un des nouveaux leaders de la natation hexagonale.

Mine de rien, le tir a pris la bonne habitude d'apporter sa contribution à la moisson olympique tricolore. Depuis 1984, les tireurs français ont toujours ramené au minimum une médaille, à l'exception d'Athènes en 2004. A Londres, il y a quatre ans, il y avait eu de l'argent et du bronze. Pour poursuivre cette tradition, l'équipe de France comptera notamment sur Jean Quincampoix. Malgré son jeune âge et son manque de vécu à ce niveau, il ne cache pas qu'il vient à Rio pour faire un truc, pas pour admirer le Pain de Sucre.