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Pour la France, les sports d'hiver sont un sport collectif

Patrick LAFAYETTE

Publié 08/02/2014 à 17:23 GMT+1

Dans sa chronique du jour, Patrick Lafayette relève que l'équipe de France olympique n'a qu'une obsession : la dimension collective de sa recherche de médailles.

Vendredi soir, à la cérémonie d’ouverture, il était fier et beau, son drapeau à la main, devant ses copines et copains du défilé en Lacoste gris seyant : Jason Lamy-Chappuis emmenait, fringant, une délégation française joyeuse et ambitieuse. Et il l’emmenait vraiment : "On aborde les Jeux en équipe, une équipe de France au complet, avec toutes les disciplines d’hiver, des événements plein la vue, le Club France…"
Comme tous ses partenaires, jusqu’aux plus anonymes, et leurs propos nous avaient marqué dans les nombreux points presse d’avant JO, "Jez" avait vanté les émotions décuplées des performances collectives : "Aux derniers Mondiaux, la victoire en relais a été la plus belle, quelque chose d’énorme! Depuis le temps qu’on butait sur la quatrième place..."
Alexis Bœuf,  le biathlète un peu "en dedans" en ce début de saison, en a même fait son credo : "Briller surtout par équipe! J’ai besoin de sentir qu’on compte sur moi, que je ne dois pas décevoir les autres." Les patineurs artistiques, en panne de résultats et de confiance jusque-là cet hiver, se raccrochent à leur nouvelle épreuve par équipes pour se trouver un podium à viser et ressouder les rangs : "J’ai réuni tout le monde autour de cet objectif partagé", soulignait Nathalie Péchalat, promue "capitaine" de commando. Et même s’il ne sera sans doute pas atteint, au vu des premières notes, il aura recollé les morceaux et amorcé un semblant de dynamique.
"Le 'par équipes', c’est le sommet de notre quinzaine. Ne serait-ce que parce qu’il donne l’occasion de récompenser tout le monde, les entraîneurs, le staff, ceux qui travaillent dans l’ombre."
Mais ces "par équipes" ne sont pas pour autant devenus des bouées de sauvetage pour discipline en difficulté, plutôt le signe d’une arrivée à maturité, d’un passage à l’étage supérieur, celui où la force commune prime sur les exploits individuels, que les leaders soient dominants (Martin Fourcade, Jason Lamy-Chappuis) ou au second rang, comme chez les fondeuses : "En relais, tout est ouvert", martèle leur coach, Anaël Huard. "En relais, on arrive à élever notre niveau parce qu’on y croit", explique Anouk Faivre-Picon.
Les Suissesses, loin d’être même parmi les outsiders, profitant simplement des circonstances de course et de leur solidarité, sont bien parvenues à y décrocher le bronze, en 2002 à Salt Lake. Un exemple qui prouve qu’un tel but n’a rien d’irréaliste, c’est un vrai challenge qui nourrit l’envie de se dépasser ensemble pour atteindre à la plus-value qui récompense tout un groupe : "Le 'par équipes', c’est le sommet de notre quinzaine, annonce le combiné Sébastien Lacroix. Ne serait-ce que parce qu’il donne l’occasion de récompenser tout le monde, les entraîneurs, le staff, ceux qui travaillent dans l’ombre."
Puisque la France a largement dépassé l’époque révolue où l’on craignait et endurait même le zéro médaille (à Cortina en 1956), puisqu’elle a su régulièrement sécréter des champions en or, puisqu’elle obtient désormais un bilan d’ensemble qui la situe au niveau des grandes puissances du sport, ces ambitions fédératives relèvent d’un accomplissement nouveau, d’une installation définitive dans le G8 du sport. Elle a su s’en donner, petit à petit, les moyens : "Les 'par équipes', on les a identifiés et on a travaillé pour y réussir", affirme Michel Vion, président de la Fédé de ski.
C’est peut-être dans cette forme d’aboutissement, dans une irruption au sommet des sports co’ aussi qu’il y a aussi matière à puiser de l’espoir pour la probable candidature "Paris 2024". Dont les politiques, et la fierté nationale peut-être, vont se nourrir : "Ce serait si bon, par nos succès à Sotchi, de remonter le moral de nos compatriotes, de renforcer leur sentiment d’appartenance à une France conquérante", confiait vendredi, nature, la ministre des Sports, Valérie Fourneyron.
Jason sait capter la lumière tout seul. Mais il veut surtout qu’elle irradie aussi son équipe et son sport avec, et ce peuple des montagnes, des neiges et de la glace qui avance en suivant son panache blanc.

Trois chiffres pour comprendre

-     : La France se classe première nation européenne en sports collectifs, selon une étude menée par le journal L’Equipe au lendemain du titre mondial de l’équipe nationale de handball, en janvier dernier.
-     : La France est quatrième au classement mondial des nations sportives, établi par Havas en 2012, derrière les trois "géants" (USA, Chine et Russie) mais devant l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, le Canada et l’Australie.
-     : Le biathlon français, habitué des réussites en relais, a conquis 7 de ses 17 médailles mondiales, depuis les JO 2010, dans des épreuves collectives ; cette discipline a également rapporté 7 des 9 médailles olympiques obtenues par la France dans des "par équipes" depuis 1992.
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