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Sotchi 2014, Douches Froides : lettre ouverte de Patrick Lafayette à Dimitri Kozak

Patrick LAFAYETTE

Mis à jour 09/02/2014 à 22:22 GMT+1

Dans sa chronique quotidienne, Patrick Lafayette, bloqué dans sa salle de bains, relève que la Russie a mis du temps à ouvrir son compteur, surtout pour obtenir l'or. Mais moins que la France, cela dit...

russia flag

Crédit: Eurosport

Monsieur le vice-Premier Ministre, cher Monsieur Kozak, cher Dimitri. Nous avons bien lu ce que vous avez affirmé il y a quelques jours : "Les critiques des journalistes étrangers sur leur conditions de logement relèvent du 'sabotage délibéré'." Et bien compris que vous n’acceptiez aucune forme de "Sotchi bashing" - souffrez qu’on préfère, pour notre part, le mot "dénigrement", même si le français, langue officielle du CIO, est quasiment absent de ces Jeux russo-coca colesques.
Nous n’allons donc pas vous offusquer et énerver un peu plus en souscrivant à cette campagne manifestement initiée et orchestrée par les "anti-Poutine". Nous vous invitons simplement, Dimitri, à nous rejoindre pour en discuter dans notre salle de bains, celle où l’eau a longtemps été tiédasse. Celle où le plombier dépêché sur les lieux nous a conseillé la patience… "Ça va venir", a-t-il promis. Oui, c’est venu. Maintenant elle est froide. Et jaune. Elle sent le pétrole et elle en a le goût.
Rassurez-vous, cher Dimitri : le Canada n’avait pu décrocher de métal - et bien plus encore pour le transformer en or - avant le deuxième jour, en 2010, chez lui à Vancouver.
Nous n’allons pas indisposer plus longtemps Monsieur Kozak et les internautes avec nos petites affaires de toilette, nous entendons déjà les réactions railleuses ou outrées. Nous voulons simplement revenir aux autres douches froides de ce début de Jeux, celles à caractère plus sportif. Et là, Monsieur Kozak et cher Dimitri, je dois reconnaître que vous avez eu votre part… Voir Vylegzhanin (on écrirait bien Vilegzanine, comme on écrivait Lénine, Staline ou Yachine, mais l’anglicisation est la chose la mieux partagée par notre planète) venir échouer au pied du podium, au sprint, dans le skiathlon du ski de fond, tout comme Shipulin (Chipouline ? On ne va pas chipoter…) au biathlon la veille, a dû vous glacer l’échine. Que la Grande Russie doive attendre le milieu du deuxième jour pour débloquer son compteur, avant de conclure sur l’or programmé au patinage artistique par équipes, discipline qu’elle écrase, aurait même quelque chose de vexant… D’autant que la petite Norvège, conquérante, caracole déjà en tête du tableau.
Mais rassurez-vous, cher Dimitri : le Canada n’avait pu décrocher de métal - et bien plus encore pour le transformer en or - avant le deuxième jour, en 2010, chez lui à Vancouver ; la feuille d’érable était alors piétinée par le coq gaulois, déjà trois fois vociférant par la grâce de Marie Dorin, Jason Lamy-Chappuis et Vincent Jay ; mais cela n’avait pas empêché le pays hôte de l’emporter, deux semaines plus tard, au classement des nations.
A propos des Français, et on ne parle pas des journalistes, l’enthousiasme semble pour l’instant également bien douché : zéro breloque après deux jours, il faut remonter à Nagano 1998 pour trouver si faible entame. Avec un bilan final somme toute assez correct, à l’époque, de huit médailles dont deux en or. En rappelant que celle de Jean-Luc Crétier aurait pu alors intervenir d’emblée si la météo n’avait conduit à plusieurs fois repousser la descente.
Cher Monsieur le vice-Premier Ministre, cher Dimitri, si vous voulez évoquer les perspectives comptables de nos délégations respectives ou le souvenir des douillettes chambres d’hôtes impeccablement tenues par les mamies norvégiennes, à Lillehammer en 1994, un monde révolu, rejoignez-nous à l’hôtel Gorki Panorama. Vous y serez le bienvenu.
Ah ! Merci de penser à apporter quelques outils… La poignée de la porte du placard nous est restée dans la main ce matin.
picture

Dmitry Kozak the wall street journal

Crédit: Other Agency

Trois chiffres pour comprendre

  • 3 : Martin Fourcade n’a pas réussi à briser une mauvaise habitude : depuis les Jeux de Grenoble, le premier favori français n’a décroché l’or dès son entrée en lice qu’à trois reprises. Seuls Jean-Claude Killy (alpin) en 1968, Fabrice Guy (combiné nordique) en 1992 et Jason Lamy-Chappuis (combiné nordique) en 2010 y sont parvenus.
  • 6 : avec sept médailles après deux jours (2 en or, 1 en argent, 4 en bronze), la Norvège prend son meilleur départ dans les Jeux d’hiver depuis… 1994 et ses JO à domicile (5 médailles dont 2 en or et 3 en argent au même stade). Mais cette année-là, elle avait été devancée, au classement final des nations, par… la Russie !
  • 26 : La Russie et sa devancière, l’URSS, ont remporté 26 des 53 médailles d’or distribuées dans les épreuves de patinage artistique depuis son introduction au programme (1908) des Jeux Olympiques.
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