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Le Parc Olympique, là où se vivent les Jeux d'hiver de Sotchi 2014

Patrick LAFAYETTE

Publié 19/02/2014 à 21:22 GMT+1

Jamais auparavant le public n'avait pu "sentir" les Jeux d'hiver comme au Parc olympique de Sotchi, la vraie trouvaille de ces JO. Reportage au pied de la montagne.

Supportruce russe, Sotchi, 2014

Crédit: AFP

Et la tendresse ? Bordel !” Quand il vous accueille à la Maison Suisse, qu’il dirige élégamment, la ressemblance saute aux yeux : Nicolas Bideau est le fils de Jean-Luc, l’acteur. Et Bideau junior règne justement sur un îlot de tendresse, pile au milieu de la vague qui déferle quotidiennement dans le Parc Olympique d’Adler, à 25 kilomètres au sud-est de Sotchi, là où bat le cœur des Jeux.
Cent dix mille visiteurs quotidiens en moyenne, infiniment plus le week-end, dont de grosses grappes qui s’arrêtent à ce chalet cubique, immanquable à l’entrée des sites des sports de glace, quand on arrive de la gare : il suffit de suivre les vibreurs du futur Grand Prix de F1, qui serpentera dans cet immense Disneyland sportif en octobre, pour y tomber dessus. “Nous avons acheté ce bâtiment transportable à une société d’architectes, explique le maître de céans, qui s’apprête, dans une compréhensible fébrilité, à y recevoir Vladimir Poutine et quelques hockeyeurs renommés. Il nous suivra un peu partout, notamment en août prochain aux Championnats d’Europe d’athlétisme chez nous, à Zurich, et sans doute à Rio pour la Coupe du monde de football.”
Les plaques en l’honneur des nombreux médaillés helvétiques commencent à recouvrir une bonne partie du mur de la cour intérieure. Où tout un chacun peut acheter une part de raclette à emporter pour 300 roubles (un peu moins de 7 euros). Emballé dans l’ambiance soufflante d’un concert de cors des Alpes. C’est ouvert au public et ça lui plaît ! La Suisse s’est donc glissée dans cette marée humaine et en profite pour faire sa promotion : c’est le ministère des Affaires étrangères de Berne qui est à la manœuvre et a intelligemment fait de ce grand refuge sur trois niveaux, pour plus ou moins 2 millions d’euros quand même, un espace promotionnel et diplomatique à la fois.
C’est donc en bas” que l’on sent ces Jeux d’Hiver comme jamais auparavant.
Un peu à l’écart, les grands bâtiments des Etats-Unis et du Canada sont jumeaux, dans la taille, qui se chiffre en centaines de mètres carré, et dans l’esprit, avec une entrée interdite aux simples quidams, réservée aux athlètes, leurs familles et leurs amis et quelques happy few. “On a voulu que ce soit un havre de paix pour les nôtres, explique l’ancienne nageuse Marie-Eve Marleau, Québécoise spécialiste du plongeon, qui assure les RP pour la délégation à la feuille d’érable. On y reçoit nos médaillés, ce qui est pratique puisque nous sommes juste à côté du lieu des cérémonies, et on leur organise une petite fête pour célébrer ça…”
Petite, trop petite et trop courte parfois, puisque Alexandre Bilodeau, le Montréalais roi des bosses, s’est résolu à emmener les siens finir la sienne chez… les Suisses, qui improvisent parfois, sur demande, une soirée discothèque. Ce n’était pas le bon soir, celui où Roch Voisine était venu donner un concert pour trois mille personnes…
C’est donc “en bas” que l’on sent ces Jeux d’Hiver comme jamais auparavant. Au point que, dans les tenues –température oblige – et dans la forme, le gigantisme, on se croirait à des Jeux d’Eté. Sans préjudice pour les compétitions, puisque tout s’y passe à l’abri des grands dômes réfrigérés qui accueillent toutes ces disciplines à patins, du hockey à l’artistique en passant par la vitesse et le short-track, qui font vibrer la fibre atavique et patriotique russe.
C’est la première fois, et peut-être justement grâce à ces températures printanières qui favorisent la fréquentation et la déambulation, jusqu’à cette promenade en bord de mer Noire, que la glace s’offre un cadre aussi ludique et compact. On se croirait à l’Olympic Park de Londres, en 2012, avec la possibilité de passer une journée en famille en allant tranquillement à pied d’un stade à l’autre, dans une zone dédiée (pleinement sécurisée, ce qui est important ici) et en passant devant des boutiques (où les files d’attente sont interminables), des restaurants, des écrans géants. C’est une idée porteuse, stimulante et agréable, qui permet à beaucoup (l’entrée générale est à moins de 4,5 euros) d’en prendre plein les yeux et de se prendre aux Jeux. L’ancien slogan du Comité Olympique français qui, lui, a niché son petit club discret au rez-de-chaussée d’un immeuble à peine terminé, dans la montagne, à Krasnaya Polyana, au pied des pistes où étaient programmées les médailles et où les skieurs et snowboardeurs font moisson.
Là, il n’y a pas de tartiflette à emporter. Et le menu, entrée-plat-dessert unique, y est à 2000 roubles. Soit un petit 45 euros. Sans la boisson. Et sans tendresse, bordel ! La Russie et le monde ne s’y donnent pas rendez-vous…  
Deux chiffres pour comprendre
  • 6 – Le nombre d’enceintes sportives intégrées dans le Parc Olympique côtier, à Adler, près de Sotchi, et où l’on peut passer en quelques minutes à pied de l’une à l’autre : Adler Arena (patinage de vitesse), Ice Cube (curling), Bolchoï (hockey masculin), Shaïba (hockey féminin), Iceberg (patinage artistique et short-track) et Fisht (cérémonies d’ouverture et de clôture). La Place des Médailles”, où ont lieu toutes les cérémonies protocolaires, se trouve en leur centre.
  • 37 – Un peu plus de 37 milliards d’euros : tel est le coût officiellement annoncé pour la réalisation des infrastructures de ces Jeux d’Hiver 2014. Un record, qui bat celui de la facture à 32 milliards d’euros des Jeux d’Eté de Pékin, en 2008.
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