Rétro JO: Innsbruck 1964

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/01/2006 à 09:15 GMT+1

Avant l'ouverture des XXIe Jeux Olympiques d'hiver, le 12 février à Vancouver, nous vous proposons de revivre quotidiennement les 20 éditions précédentes. Première escale en Autriche, à Innsbruck en 1964. L'édition voit triompher les soeurs Goitschel.

OLYMPIC GAMES 1960 Innsbruck Goitschel rétro

Crédit: AFP

AU COEUR DES JEUX
Place forte du ski alpin, l'Autriche aura donc dû attendre 1964 pour avoir l'honneur d'accueillir les Jeux d'hiver. Candidate face à la Canadienne Calgary et à la finlandaise Lahti, la ville d'Innsbruck a été choisie à une majorité écrasante par les membres du C.I.O. Désireux de réussir leurs premiers Jeux, les Autrichiens vont pourtant se heurter à un problème dramatique: le manque de neige.
Le responsable de cette pénurie de poudreuse est le foehn, vent chaud venu du Sud, qui avait déjà fait des siennes lors des deux éditions organisées à Saint-Moritz, en 1928 et 1948. Il faut d'ailleurs mobiliser l'armée autrichienne pour transporter plusieurs dizaines de milliers de tonnes de neige sur les sites de compétition pour rétablir en catastrophe une situation un moment compromise.
Malgré ces caprices météorologiques, ces Jeux d'Innsbruck laissent le souvenir d'une grande réussite sportive et populaire. Pour la première fois, le chiffre symbolique des 1000 athlètes participants est franchi. Malheureusement, ces IXe Jeux sont endeuillés par deux drames, tous deux survenus lors des sessions d'entraînement, avant le début des épreuves. Le premier, en ski alpin, frappe le jeune Australien Ross Milne, 19 ans, qui décède après avoir heurté un arbre. Quelques jours plus tard, c'est le lugeur britannique Kazimierz Skrzypecki qui perd la vie lors d'une violente sortie de piste.
Grâce à des championnes de la trempe de Lidiya Skoblikova, l'URSS survole le tableau des médailles. Les Soviétiques quittent le Tyrol avec 25 podiums, dont 11 titres, terminant très loin devant l'Autriche et la Norvège. Le clan tricolore n'est pas à plaindre, avec ses sept breloques, dont quatre sont remportées par les seules soeurs Goitschel ! Mais c'est tout le ski alpin français qui triomphe, avec la médaille d'or de François Bonlieu en géant, et l'argent obtenu par Leo Lacroix en descente. Une grande cuvée, également marquée par les débuts olympiques d'un certain Jean-Claude Killy, dont on reparlera quatre ans plus tard...
A SAVOIR
Nombre de nations :36
Nombre de participants : 1091 (199 femmes et 892)
Dates: Du 29 janvier au 9 février 1964
Pays le plus médaillé : URSS (25)
Nombre de médailles françaises : 7 (dont 3 en or)
Ouverture officielle : Adolf Schärf
Serment : Paul Aste
LA PETITE HISTOIRE
68 ans après la renaissance des Jeux Olympiques modernes, la flamme olympique est allumée à Olympie avant de prendre le chemin du Tyrol. Depuis, cette tradition a été conservée.
A l'instar de l'athlétisme, le chronométrage se modernise en ski alpin. Désormais, c'est au centième de seconde que les concurrents sont départagés. L'innovation est mise en place à Innsbruck.
Autre nouveauté, le saut à ski se dote d'une deuxième épreuve individuelle. Désormais, on parlera de tremplin normal et de grand tremplin.
La délégation iranienne compte un représentant prestigieux dans ses rangs: le prince Karim Aga Khan, qui participe au géant et à la descente. Il se classe 53e et 59e.
LES HEROS
Christine et Marielle Goitschel (France, ski alpin)
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Lidiya Skoblikova (URSS, Patinage de vitesse)
Un des grands noms de l'histoire des Jeux d'hiver. Déjà sacrée à deux reprises en 1960, à Squaw Valley, Skoblikova débarque à Innsbruck avec une folle ambition: ajouter quatre médailles d'or à sa collection. Un an plus tôt, elle a réussi cet exploit lors des championnats du monde et va à nouveau gagner son pari. La jeune institutrice russe s'adjuge d'abord le 500m, distance sur laquelle on la disait vulnérable, devant deux de ses compatriotes.
Puis elle continue sa razzia en dominant, dans l'ordre, le 1500, le 1000 et le 3000m, avec deux records du monde en prime. Lidiya Skoblikova devient ainsi la première athlète à remporter quatre titres olympiques dans une même édition des Jeux Olympiques d'hiver. A quelques semaines de son 25e anniversaire, elle entre de plain pied dans l'histoire. Il faudra attendre trente ans pour que la fondeuse russe Lioubov Egorova enlève à son tour 6 couronnes olympiques, réparties entre Albertville et Lillehammer.
Eugenio Monti
Cet espace est habituellement réservé aux vainqueurs, aux multiples médaillés d'or, aux assoiffés de victoires. Eugenio Monti n'a pas remporté de titre olympique à Innsbruck. Le bobeur italien a dû se contenter de deux médailles de bronze, avec son coéquipier. Mais rarement quelqu'un aura assis bien incarné l'esprit olympique. Lors de l'épreuve de bob à deux, Monti donna aux Britanniques Tony Nash et Robin Dixon un écrou pour remplacer celui qu'ils avaient cassé.
Cette attitude d'une extraordinaire sportivité allait permettre au duo britannique de conquérir la médaille d'or. Mais quatre décennies plus tard, c'est surtout le geste d'Eugenio Monti qui est resté dans les annales. Une victoire l'aurait fait entrer dans l'histoire de son sport, mais son fair-play lui a offert une place dans la légende olympique. C'est aussi cela, la magie des Jeux...
LES MEDAILLES FRANÇAISES
Or: 3
Christine Goitschel (Ski alpin, Slalom)
Droit d'ainesse oblige (à Innsbruck, elle avait 19 ans, soit un de plus que Marielle), Christine restera à tout jamais la première championne olympique de la famille Goitschel. Mais il ne s'en est fallu d'un rien. Le 1er février, lors du slalom, elle est pourtant devancée de 76 centièmes par Marielle dans la première manche. Mais sur le second tracé, Christine laisse tout le monde sur place, y compris sa cadette, qui se contente de l'argent, tandis qu'elle décroche l'or.
L'évènement est d'autant plus marquant que jamais une skieuse française n'avait encore été sacrée championne olympique. Le fait que ce sacre s'accompagne d'un inédit doublé familial rend l'exploit encore plus retentissant. Mais le public autrichien n'avait encore rien vu car les deux jeunes femmes de Val d'Isère allaient inventer 72 heures plus tard le "double doublé", marquant à jamais les annales olympiques.
Marielle Goitschel (Ski alpin, Géant)
"Cette fois encore, vous ne connaitrez le nom de la gagnante qu'après l'arrivée du dossard 14". Marielle avait prévenu les journalistes. Lors du slalom, Christine avait gagné avec ce dossard. Dans le géant, c'est Marielle qui en a hérité. Elle va à son tour se couvrir d'or, devant sa soeur aînée. L'incroyable réussite des deux frangines constitue le grand évènement de ces Jeux d'Innsbruck, dont elles deviennent les coqueluches.
Plus encore que leur technique ou leur préparation, c'est sans doute dans leur exceptionnelle force de caractère qu'il faut trouver les clés de ce double triomphe. Le raisonnement vaut tout particulièrement pour Marielle, dont le côté forte en gueule ne fera que s'affirmer au fil des ans. Le grand Toni Sailer résuma le sentiment général en avouant son admiration: " Elles ont été absolument formidables. Marielle et Christine se complètent admirablement". Il n'y en a eu que pour elles...
François Bonlieu (Ski alpin, Géant)
L'Autriche attendait et espérait un triomphe de Karl Schranz dans le géant. Elle eut droit à l'avènement de François Bonlieu, le petit prince des neiges. Véritable surdoué, entré en équipe de France à seulement 15 ans, il a souvent manqué ses grands rendez-vous. Il aurait pu rester un roi sans couronne, d'autant que ces Jeux d'Innsbruck marquaient la dernière grande compétition de sa carrière.
Epris de perfection et d'absolu, Bonlieu était pourtant dépité dans l'aire d'arrivée, persuadé d'être passé à côté de sa course. Mais personne, pas même Schranz, pourtant poussé par 100000 Autrichiens, n'allait améliorer son chrono. A 26 ans, l'ancien mal-aimé tenait enfin sa revanche, et cette consécration tant méritée. "Battu pour battu, je suis heureux que ce soit par toi", lui lança Schranz en guise d'hommage. Le 18 août 1973, pris dans une rixe sur la Croisette, à Cannes, François Bonlieu mourut assassiné.
Argent: 3
Alain Calmat (Patinage artistique, Individuel)
Le premier d'une longue série d'honneurs pour l'un des plus grands patineurs français de l'histoire.
Leo Lacroix (Ski alpin, Descente)
Il a offert une sixième médaille au ski alpin français dans ces Jeux.
Marielle Goitschel (Ski alpin, Slalom)
Sans sa soeur, Marielle aurait fini les Jeux avec deux titres...
Christine Goitschel (Ski alpin, Géant)
Idem...
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