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JAP: entrainements mortels

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 04/01/2011 à 12:09 GMT+1

Depuis 1983, 110 judokas sont mort au cours d'un entraînement au Japon, violence excessive, culture militaire de l'enseignement, de nombreuses familles s'inquiètent alors que les arts martiaux pourraient devenir obligatoires au collège dès 2012.

JUDO - 2011 - Tachiyama

Crédit: AFP

Yoshihiro Murakawa est l'un de ceux qui s'inquiètent du projet du gouvernement, car il est convaincu que Koji, son neveu de 12 ans, est mort à cause d'un entraînement violent de judo. L'Association des victimes des accidents de judo du Japon, créée en mars par M. Murakawa avec d'autres familles, a demandé au gouvernement de fixer des règles de sécurité pour les cours de judo à l'école."Beaucoup d'entraîneurs ne savent pas quoi faire en cas d'accident grave", a expliqué M. Murakawa à l'AFP. Il leur reproche aussi de ne pas laisser les enfants récupérer comme il le faudrait. La mère du petit Koji avait pourtant bien spécifié que l'enfant souffrait d'asthme lorsqu'elle l'a inscrit au club de judo de son école dans la préfecture de Shiga (centre).Mais un jour de juillet 2009, Koji a perdu connaissance après avoir dû enchaîner sans relâche des combats avec son entraîneur et des élèves plus âgés, malgré son état de fatigue visible, selon les judokas présents cités par M. Murakawa .L'enfant est tombé dans le coma et est décédé un mois après.
Depuis 1983, au moins 110 jeunes judokas sont ainsi morts au cours d'un entraînement, révèlent les statistiques collectées par Ryo Uchida, professeur à l'Université d'Aichi."Au judo, le nombre de cas où les pratiquants meurent à cause des techniques spécifiques à ce sport comme les projections, est particulièrement élevé", a noté M. Uchida. En 2009 et 2010, 13 enfants sont décédés et le dernier cas, survenu en novembre, concernait un garçonnet de six ans, a rapporté un journal japonais.
"Alors que tant d'enfants sont morts, aucune affaire ne s'est retrouvée devant les tribunaux"
Les familles sont alarmées par ces chiffres car le gouvernement envisage d'imposer les arts martiaux comme matière obligatoire au collège, non seulement pour les garçons mais aussi pour les filles, à partir de 2012. Yasuhiko et Keiko Kobayashi, dont le fils cadet a subi une grave atteinte cérébrale à l'âge de 15 ans, reprochent aux autorités de ne pas avoir ouvert d'enquête sur les accidents à répétition dans le monde du judo."Alors que tant d'enfants sont morts, aucune affaire ne s'est retrouvée devant les tribunaux. Personne n'a assumé la responsabilité", a déploré le père.
Selon M. Uchida, les professeurs de judo considèrent que "les blessures occasionnelles ou les décès sont regrettables mais inévitables".M. Murakawa critique ce qu'il appelle une culture "militaire" du judo qui tolère "les coups de poing et les coups de pieds" au nom d'une discipline inculquée aux jeunes pratiquants."Les enfants, de peur d'être frappés, doivent obéir à l'entraîneur et ne peuvent pas demander à se reposer". Le président de la Fédération française de judo, Jean-Luc Rougé, déclare n'avoir pas entendu parler de cas mortels dans les clubs de judo en France, qui rassemble pourtant le plus grand nombre de pratiquants au monde, avec 600.000 inscrits, dont 75% sont des enfants âgés de moins de 14 ans."Il y a quelques blessures, bien sûr, parce que c'est un sport. Mais en France, tout le monde peut faire du judo", a-t-il dit à l'AFP par téléphone. Il a reconnu que certains judokas japonais ressemblaient à "des commandos de l'armée". La Fédération japonaise de judo, qui ne reconnait que 56 accidents graves dont des morts entre 2003 et 2009, a publié des règles de sécurité et affirme étudier les risques de blessures à la tête avec des experts médicaux.
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