Riner croit en Legrand

Il était une fois l’histoire d’un vieux couple. "A Londres, on sera ensemble. C’est obligé. C’est comme ça à chaque fois qu’on part en stage ou sur une compétition". Il y a quelques semaines, à l’INSEP, Teddy Riner l'avait appelé de ses vœux. Il souhaitait être logé dans la même chambre que son ami, Ugo Legrand. Il a finalement changé d’avis et dormira seul pendant la quinzaine. Un choix dont ne lui a pas tenu rigueur le principal intéressé. A quelques heures du début des épreuves, le plus grand judoka de l’histoire nous a dévoilé la relation qu’il entretient avec le représentant tricolore chez les moins de 73 kilos.

"Avec Ugo, on s’est rencontré en équipe de France cadets", confirme le quintuple champion du monde. Tout de suite, le géant des Abymes et l’Orléanais d’adoption se rapprochent. "Ugo est un garçon très attachant, très simple. Il est poli, respectueux. C’est un mec bien. Plus on apprend à le connaître, plus on a envie de rester avec lui". Trublions tous les deux, Legrand et Riner ont fait les 400 coups ensemble. Mais aucun des deux n’a voulu dévoiler la nature de leurs (petites) bêtises. "C’est vrai qu’on adore déconner tous les deux. On n’aime pas se prendre la tête. D’ailleurs, je ne me souviens même pas la dernière fois qu’on s’est engueulé", reconnaît Riner.

Ami de l’homme, le poids lourd français est également le premier supporter du judoka Legrand : "L’avoir dans l’équipe est un plus énorme. Parce qu’il tire, autant que moi, les autres vers le haut. Et puis il a surtout cette envie, cette détermination qui fait que ça coïncide avec mon caractère". Disposant d’une palette technique remarquable, Legrand sait tout faire aux yeux de son ami : "C’est un régal de le voir combattre. Il a un super judo". Ses principales qualités ? "Ugo a un gros kumi kata (la prise de garde). Il est au-dessus du lot en corps à corps. C'est l'un de ses points forts, mais il n'a pas que ça. Il a un judo qui lui permet d'évoluer où il veut. Il possède un uchi mata du feu de dieu, mais peut aussi sortir un o soto gari (balayage) quand il le souhaite". Pour synthétiser la pensée de Riner, son compère est "un judoka complet, qui peut gagner un combat serré mais peut aussi s’imposer avec la manière".

A Londres, Riner attend de voir Legrand au sommet de sa catégorie. L’Orléanais entre en lice lundi à ExCel. Le Guadeloupéen y croit dur comme fer. Mais il reconnaît que, même s’il est encore jeune (23 ans), "Ugo ne doit pas perdre de temps" pour étoffer sa collection de médailles. Ce fameux palmarès, le duo en discute souvent, à bâtons rompus : "Là, c’est les Jeux. D’accord, il aurait pu faire mieux jusqu’à maintenant, mais ce qu’il a fait est déjà énorme. Là, c’est à lui d’aller au bout. Il a tout pour réussir. Il ne doit rien lâcher et doit croire en lui. Moi, j’y crois". Tout cela, Legrand le sait déjà. Mais nul doute que Riner ne se privera pas de lui rappeler chaque soir à Londres. Avant d’aller se coucher. Seul. Pour une fois.