Tamura dans l'histoire

Pékin a provoqué un véritable séisme au Japon en offrant une image impensable, samedi : celle de la star Ryoko Tamura-Tani battue par plus forte qu'elle dans une compétition internationale. Double championne du olympique, septuple championne du monde, la judokate nipponne a rencontré en Chine la défaite pour la première fois en voyage depuis les Jeux d'Atlanta 1966, où elle avait cédé en finale. C'est la Roumaine Alina Dumitru, quadruple championne d'Europe, qui est devenue la quatrième étrangère à la dominer, en finale de tableau, après la Britannique Karen Briggs (finale du Mondial 1991), la Française Cécile Nowak (finale des Jeux 1992) et la Nord-coréenne Kye Sun-Hui (finale des Jeux 1996).

Rien à redire : trop proche d'une place en finale, trop sûre de son statut d'intouchable, Tamura-Tani a tout simplement oublié de combattre, entreprenant très vite une stérile bagarre pour la prise de garde. Elle en fût punie et ne s'en est jamais remise malgré un tardif sursaut de frénésie. "Je ne peux rien faire sur la décision de l'arbitre. Nous faisions toutes les deux la même chose. Il faut que je l'accepte", a-t-elle déclaré. "J'ai un énorme respect pour Ryoko et je ne m'attendais vraiment pas à la battre. Ce fût une sensation géniale", a commenté l'Européenne.

Tamura-Tani s'est ensuite débarrassée de la Russe Lyudmila Bogdanova sur une technique de projection. Argent à Barcelone (1992) et Atlanta (1996), or à Sydney (2000) et Athènes (2004), et bronze à Pékin (2008), donc. A presque 34 ans, elle a peut-être quitté la scène sur cette cinquième décoration olympique record.

Sa rivale victorieuse, Alina Alexandra Dumitru, est allée au bout en combattant 80 secondes supplémentaire la Cubaine Yanet Bermoy, championne du monde 2005, expédiée sur un classique mais efficace o soto gari. "Battre Tamura-Tani et devenir championne olympique était mon rêve! Je connaissait bien ma rivale en finale, j'ai été très prudente et j'ai su être très patiente aussi pour la défaire" , s'est-elle exclamée.