Mondiaux 2013: Teddy Riner pense déjà aux Jeux de Rio en 2016

L'an dernier, Teddy Riner était allé chercher l'or olympique au bout d'une journée crispante. Seule la victoire comptait. Elle était belle, mais certains grincheux avaient regretté le manque de panache du Français. Rien de tel à Rio. Il a produit du grand judo, enchainant les mouvements de classe et les ippons. A l'exception du premier match remporté suite à 4 pénalités (l'équivalent d'un ippon), Riner a envoyé au tapis tous ses rivaux. Pas un seul n'a été en mesure de l'inquiéter tant ils sont bien en deçà du niveau technique, physique et mental du phénomène des lourds. "C'était une belle journée de judo, a souri Riner. J'ai eu des bonnes sensations, j'étais bien dans mon judo. J'espère que des journées comme ça il y en aura beaucoup d'autres." Au passage, il devient le deuxième poids lourd de l'histoire, après un certain David Douillet, à réussir l'enchainement champion du monde-champion olympique-champion du monde en l'espace de trois saisons.

Avec ce sixième titre mondial, Riner s'ancre un peu plus dans le gotha de son sport. Ceux qui espéraient un relâchement après son sacre olympique en sont pour leurs frais. Physiquement, techniquement et psychologiquement, le Français est trois longueurs au-dessus de ses concurrents les plus proches. "Aujourd'hui, pour tous, Teddy est injouable, juge l'entraîneur national masculin Stéphane Frémont. Ils montent sur le tapis pour ne pas se faire humilier. Ils fuient le contact et c'est là que c'est compliqué pour Teddy. Mais quand il a les mains posées et qu'il fait le taf, c'est expéditif. Et pour nous, c'est un régal !". La force du Français réside effectivement en premier lieu dans son kumikata. Il lui suffit de poser les mains sur l'autre et là, personne ne peut lui résister. A 24 ans, il a atteint une maturité incontestable dans tous les domaines. "Là, il a pris une dimension. Il ne s'affole pas, il prend le temps d'ajuster", estime Frémont.

Si ce titre est un des plus beaux de la fabuleuse collection de Riner, c'est aussi parce que l'ogre des +100 kg a vécu une préparation extrêmement perturbée par des problèmes physiques. "Cette année, j'en ai bavé, a-t-il rappelé samedi. La plus grosse blessure après la pubalgie c'était l'épaule. Mais moi juste après avoir fait les examens médicaux, j'ai appelé les entraîneurs et je leur ai dit: je fais les championnats du monde quoi qu'il arrive." "Il s'est très bien entraîné, malgré la blessure, renchérit Stéphane Frémont. Il n'a pu faire du judo qu'en fin de parcours. Mais il s'est mis dans une dynamique de travail physique pour s'assécher un peu. Et il sait se faire violence. Il s'est entraîné trois fois par jour durant les deux mois qui ont précédé. Et avec la banane !".

Il l'a encore affirmé cette semaine, Riner veut aller jusqu'à Rio, au moins, pour conquérir un deuxième titre olympique. D'ici là, il veut prendre tout ce qu'il peut. "Je sens que cette olympiade va être longue, dit-il. Mais si je prends autant de plaisir que ça chaque année, ce serait bien." Les autres ont en tout cas bien compris le message samedi. Y compris sa dernière victime, en finale, le Brésilien Rafael Silva. Riner, encore: "Ça me fait un peu de peine de choper un titre alors que le Brésilien est à la maison et que ça lui ferait grand bien mais le sport c'est ça. Il s'entraînera plus et s'il veut prétendre à la médaille d'or, il viendra la chercher. Mais pas en 2016. 2016, c'est pour moi! Je vais m'entraîner pour l'avoir encore cette médaille olympique, elle me tient à coeur et Rio, je le sens bien." On comprend qu'il ait de bonnes vibrations dans la cité carioca: il y a conquis son tout premier titre mondial en 2007. Et il vient d'y vivre une de ses plus belles journées, samedi. Vivement 2016…