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MOTOGP - Phillip Island et le paradoxe Marc Marquez (Honda HRC)

Julien Pereira

Publié 20/10/2017 à 15:32 GMT+2

GRAND PRIX D'AUSTRALIE - A Phillip Island, l'ensemble du paddock l'a clamé haut et fort : le tracé australien est particulièrement favorable à Marc Marquez (Honda HRC). D'un point de vue global, difficile de le contredire. Mais le circuit de l'île regorge de particularités qui en font un paradoxe pour l'Espagnol.

Marc Marquez (Honda HRC) lors des essais libres du Grand Prix d'Australie 2017

Crédit: Getty Images

C'est une idée unanime, crachée aux quatre coins du paddock, à tel point qu'on en oublierait presque d'en examiner la véracité. Par sa nature, le circuit de Phillip Island, hôte de la seizième manche du Mondial, est favorable comme peu d'autres à Marc Marquez (Honda HRC). Le tracé australien pourrait donc inverser, de nouveau, la tendance en faveur du champion du monde en titre, une semaine après la victoire à la régulière d'Andrea Dovizioso (Ducati Team) à Motegi. Pour autant, le Grand Prix d'Australie est-il réellement dévolu au surdoué de Cervera ? Dans les faits, absolument pas. Dans l'analyse, beaucoup plus. Dans l'absolu, c'est un paradoxe.
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5 virages à droite, 7 longues courbes à gauche : Phillip Island, un "circuit Marquez" ?

Parce qu'il est aussi redoutable sur les pistes de Dirt Track, compétitions organisées sur des circuits ovales, Marquez a fait du passage de courbes à gauche une arme destructrice. Les ingénieurs Honda, eux, ont organisé le développement de la RCV autour de l'agilité de leur leader pour rendre la machine plus docile lors des changements de direction rapides. Autant dire qu'avec ses sept longs virages à gauche, cinq à droite et la vitesse moyenne la plus élevée du championnat derrière celle de Spielberg, le tracé de la baie de Western Port a tous les airs du terrain de jeu fétiche du champion du monde en titre.

Le tracé correspond au "style" Marquez, mais...

"Ces pistes qui tournent à gauche et qui ont de longues courbes sont sa spécialité et ne sont pas la nôtre", disait justement Dovizioso en conférence de presse. Inquiet, l'Italien ? Peut-être. Statistiquement parlant, le Grand Prix d'Australie est pourtant une tâche noire sur le curriculum vitae de son rival. En quatre saisons, l'Espagnol y a cumulé un drapeau noir et deux abandons pour un seul succès. Mais Dovi n'a pas limité sa conclusion à ce simple constat. D'abord parce que l'exclusion du Catalan, en 2013, est devenue inimaginable pour le pilote qu'il est aujourd'hui. Ensuite parce qu'en 2014 et 2016, il avait chuté alors qu'il s'était déjà assuré la couronne mondiale auparavant.
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Des pointes à plus de 300km/h et des virages à pleine vitesse : Phillip Island, circuit à sensations

Pire, le triple champion du monde avait laissé échapper une impression peu commune lors de sa seule victoire sur le tracé australien, en 2015. En gobant successivement Rossi, Iannone puis Lorenzo alors qu'il occupait le quatrième rang à deux tours du drapeau à damier, Marquez avait démontré, volontairement ou non, qu'il était capable d'y faire ce qu'il voulait, quand il voulait. La semaine suivante, VR46 avait même alimenté la thèse complotiste, chiffres et détails des chronos à l'appui, pour démontrer que le leader du HRC avait cherché à favoriser Lorenzo dans la course au titre. A l'époque, sa sortie avait suscité la polémique. Elle en avait, aussi, dit long sur les dispositions de Marquez en Australie.

...l'Espagnol devra forcer sa nature

Voilà pour les bras et les jambes. Reste l'esprit. Celui du champion du monde est complexe. Dans son jugement, la part du risque est restée gigantesque. En 2015, il avait fini par admettre qu'un podium valait mieux qu'une chute, et il a appris à chercher la limite aux essais plutôt qu'en course. Cette saison, le leader de la HRC a subi 23 chutes (!) mais "seulement" trois en course. Malgré cela, Marquez a beau chasser le naturel, il revient souvent au galop. Pas plus tard que la semaine dernière, dans le dernier virage du Grand Prix du Japon, il avait tenté un dépassement à l'intérieur "en réalisant [qu'il] allait peut-être heurter" Dovizioso. A Phillip Island, une telle approche peut avoir de sérieuses conséquences. Jeudi, l'Espagnol en était conscient.
"C'est un circuit qu'il faut appréhender avec un peu plus de calme, parce que les chutes sont un peu plus douloureuses", disait-il. A raison : à la fin des années 1990, la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM) avait dévoilé que le ratio opposant le nombre de blessures à celui des chutes était plus important à Phillip Island qu'ailleurs. Et Marquez d'ajouter : "La vitesse y est beaucoup plus élevée et constante, et il faut toujours se laisser un peu plus de marge". Une particularité qui ne figure vraiment pas dans ses habitudes.
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Marc Marquez (Honda HRC) sur l'angle lors des essais libres du Grand Prix d'Australie 2017

Crédit: Getty Images

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