MOTOGP - La chicane du Grand Prix de Catalogne, source de colère... sauf pour Marc Marquez (Honda)

Les réformes ne font jamais l'unanimité et le changement du circuit de Montmelo, qui accueille le Grand Prix de Catalogne, ne fait pas office d'exception. La Fédération Internationale de l'Automobile (FIA), la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM) et le circuit de Catalunya se sont accordés, à la fin de la saison dernière, pour opérer plusieurs modifications du tracé catalan, Luis Salom, pilote Moto2, y ayant perdu la vie quelques mois auparavant lors d'un tragique accident survenu dans le dernier secteur. Cette année, la chicane installée au n°14 a été avancée, cassant encore la phase d'accélération des machines entamée à la sortie du virage précédent.

Comme toujours, ce type de changement a déplacé le curseur sur l'échelle allant du spectacle à la sécurité pour soigner le second critère impliquant souvent une altération du premier. D'un point de vue général, celui d'observateur, la sûreté des pilotes doit prévaloir sur le reste et personne ne doit remettre en cause une innovation abondant en ce sens. Le débat éclot lorsque les avis des principaux intéressés divergent. "La nouvelle chicane est juste merdique. C'était la seule partie sur laquelle je prenais du plaisir auparavant. Il y avait certainement autre chose à faire", a confié Loris Baz.

En Catalogne, la controverse est plus intense qu'ailleurs. Par son coefficient de spectacularité et les vitesses qui y sont atteintes, en Formule 1 comme en MotoGP, la boucle de Montmelo s'est historiquement ancrée dans l'histoire des sports mécaniques. Aleix Espargaro (Aprilia), rarement avare en bons mots, a trouvé la bonne formule pour résumer la situation : "Nous faisons des virages stupides avec des angles vraiment stupides. Cette chicane n'a rien de fun sur l'un des circuits les plus funs de la planète". "Globalement, cette chicane n'est pas du niveau MotoGP", murmure-t-on dans le paddock, Valentino Rossi (Yamaha Factory) en tête, dont l'influence devrait relancer les discussions pour revenir à la version "F1" du tracé, et ce dès ce samedi.

Pour la plupart des cadors, cette chicane pose un autre problème. Elle avantagerait considérablement Honda, moto la plus agile compte-tenu de sa longueur contenue (2052mm), et plus particulièrement Marc Marquez, pilote le plus habile du plateau. "Le dernier secteur semble fait pour Honda, parce qu'ils ont une moto beaucoup plus courte. Ils sont trois dixièmes plus rapides, alors que sur le reste de la piste nous sommes très similaires", avait lâché Jorge Lorenzo (Ducati Team) au lendemain des essais menés à Barcelone, à la fin du mois de mai dernier.

Ce vendredi, le leader de la HRC n'a pas tardé à lui donner raison, établissant la référence lors des deux premières séances d'essais libres, et créant des différences dans ce dernier secteur. En 34"941 cet après-midi, MM93 y a repoussé Lorenzo d'un dixième, Rossi de 0"250 et Viñales d'une demi-seconde. "Les pilotes ont beaucoup cherché la limite, j'ai vu beaucoup de marques au sol. Cet endroit est très technique, très difficile, et il est très dur de trouver le point de freinage. C'est assez étrange... Sur tout le circuit, on a une certaine vitesse et un type de virage bien particulier. Et au niveau de la chicane, tout est complètement différent. Franchement, ça me plaît. C'est tellement étrange que ça me plaît", avait-il dit en mai dernier. Fallait-il s'en étonner ?