MOTOGP - On refait le Grand Prix de Grande-Bretagne : Viñales (Suzuki) est enfin devenu "Top Gun"

Il n'y a pas eu de bagarre pour la victoire mais celle pour le podium a été grandiose. L'effroyable collision entre Loris Baz (Ducati Avintia) et Pol Espargaro (Yamaha Tech3) -heureusement sans conséquence grave pour les pilotes -, les dépassements dans tous les sens de Marc Marquez (Honda HRC) ou la résistance de Cal Crutchlow (Honda LCR) ont multiplié les émotions. Comme à Brno.

Le prodige de Figueiras a bien cru que le deuxième départ engendré par le drapeau rouge allait lui coûter la gagne. Mais il l'a aussi bien soigné que le premier. Avant d'appliquer le plan de bataille qu'il avait mis au point lors des essais libres. Les secteurs sinueux de Silverstone lui ont permis d'exposer son spectaculaire style de pilotage, et d'imprimer un rythme insoutenable pour ses poursuivants. Notamment en alignant les 10 premiers tours sous les 2'03". Monstrueux.

Malgré une qualification décevante, le champion du monde en titre avait tout pour retrouver son rang. Un circuit à sa convenance, un ciel clément et du grabuge devant lui. Pourtant, le Majorquin a roulé sans éclat et n'a même pas su contenir Aleix Espargaro (Suzuki Team). "Por Fuera" pourra encore se cacher derrière son mauvais choix de gommes. Le même que celui de Marquez. Mais lui n'a jamais donné l'impression de pouvoir faire mieux. Huitième au passage de la ligne, il a laissé filer ses derniers espoirs de titre. S'il en avait encore.

"The Dog" a bien mérité son surnom. Sans pluie mais avec une machine moins performante que celles de Rossi ou Marquez, le local a joué des coudes pour calmer les ténors. Et assurer une deuxième place largement méritée. Naissance de sa fille, victoire à Brno et podium devant son public... Crutchlow traverse la plus belle période de sa carrière.

1- Maverick Viñales (Suzuki Team), 2- Cal Crutchlow (Honda LCR), 3- Valentino Rossi (Yamaha Factory), 4- Marc Marquez (Honda HRC), 5- Dani Pedrosa (Honda HRC)

Jusqu'à la mi-saison, le phénomène de Cervera avait chassé le naturel. Il est finalement revenu au galop. Le Catalan avait mis de côté son agressivité et son goût du risque pour maximiser ses chances de titre et ne pas réitérer ses erreurs de la saison passée. Ce dimanche, ces deux qualités lui ont permis de compenser son mauvais choix de gommes -il a opté pour le "tendre" à l'avant"- pour rester dans la course au podium. Elles se sont vite retournées contre lui. Après s'être débarrassé de Rossi, il a pêché par excès de gourmandise en tentant de ranger Crutchlow. Jusqu'à l'erreur fatale et une sortie de piste. Il aurait pu récolter trois points supplémentaires sur son dauphin au Championnat. Il les a finalement cédés.

A deux tours du drapeau à damiers, le leader du HRC, alors deuxième, a complètement manqué le point de corde et s'est laissé glisser hors de la piste pour éviter la chute. Le double champion du monde a limité la casse en repartant cinquième, derrière son coéquipier Dani Pedrosa, qu'il a vite écarté pour s'assurer une quatrième position. Injuste, estime Rossi :

L'as de Tavullia se trompe. Marquez a largement payé cette sortie de piste en prenant d'énormes risques pour repasser son voisin de box. Et, de mémoire, VR46 n'avait (logiquement) pas été pénalisé lorsqu'il a coupé la chicane d'Assen, en 2015…

Baz et Espargaro sont sortis indemnes de l'accrochage le plus spectaculaire de la saison. Le Français va devoir se remettre d'une entorse et de quelques brûlures. Plus de peur que de mal.

Rossi et Marquez ont encore livré un duel épique, semblable à celui de Sepang, en 2015. Avec la loyauté en plus. Et l'Italien ne s'est pas gêné pour la commenter… à sa manière :

Marquez s'est chargé de la réponse :

Lorenzo, Rossi, Miller, Marquez, Iannone, Crutchlow, Viñales : 7 vainqueurs différents lors des 7 dernières courses. Une première dans l'histoire de la MotoGP.

Photo finish entre Crivillé et Doohan à Brno en 1996, final à 4 pilotes pour 8 dépassements à Phillip Island en 2015, public sur la piste à Jerez en 1996, etc... : voici les plus beaux derniers tours des 20 dernières années en élite.

Il ne suffisait pas de s'appeler Maverick pour être un véritable Top Gun. Avec cette victoire, Viñales a confirmé qu'il a tout le potentiel pour faire jeu égal avec les ténors du Championnat. En offrant une première victoire à Suzuki depuis Chris Vermeulen en 2007, il a atteint son objectif et s'est libéré d'une bonne dose de pression.

1- Marc Marquez (Honda HRC) ; 210 points, 2- Valentino Rossi (Yamaha Factory) ; 160 pts, 3- Jorge Lorenzo (Yamaha Factory) ; 146 pts, 4- Maverick Viñales (Suzuki Team) ; 125 pts, 5- Dani Pedrosa (Honda HRC) ; 120 pts.

Elle aura lieu les 9, 10 et 11 septembre, sur le circuit de Misano.