Privé de finale, le sprint français a de quoi être "déçu", mais pas de dramatiser

"Ça fait chier." L'entraîneur en chef de l'équipe de France, Romain Barnier, n'a pas caché l'ampleur de sa contrariété après les éliminations de Fabien Gilot et de Jérémy Stravius dès les demi-finales du 100m. Pour la première fois depuis les Mondiaux de 2007 et la non-qualification d'Alain Bernard pour la finale, la France n'aura pas de représentant dans une finale majeure de la compétition-reine. Si la contre-performance est réelle, les Bleus, eux, ne s'affolent pas.

 "C'est dommage, lâchait Fabien Gilot à la sortie du bassin de Kazan. Moi j'ai vécu les deux dernières finales des Championnats du monde en individuel, je suis déçu, vraiment déçu de ne pas y être. Je suis déçu de ne pas voir un drapeau bleu-blanc-rouge." Pour celui qui a été de toutes les campagnes de l'équipe de France (en relais ou en individuel) depuis des années, voir une finale de 100m sans représentant tricolore relève presque de l'anomalie. La preuve, si l'on jette un œil sur les finales de l'épreuve-reine depuis huit ans, on s'aperçoit que les Français n'en ont pas raté une miette.

La belle série est désormais terminée. Mais Romain Barnier a aussi tenu à souligner que la fin du cycle ne s’est pas jouée à grand-chose : "Ça ne passe pas pour sept centièmes (ce qui sépare le chrono de Fabien Gilot d'une place en finale, ndlr), c'est un crève-coeur de ne voir aucun Français en finale du 100m." Derrière cet échec momentané, il y a cette certitude, celle de pouvoir rebondir. "C'est un test pour l'équipe, ça fait partie de ces huit jours d'une compétition, on va le transformer en quelque chose de fort pour la suite", a ainsi expliqué Barnier.

Elimination acceptée, Stravius, lui, pensait déjà aux échéances à venir. Et vue la concurrence à laquelle sont soumis les sprinteurs français sur le territoire national, ils seront obligés de se tirer vers le haut lors de l'année olympique. "On ne désespère pas et avec la densité qu'il y a maintenant en France, avec Mehdy Metella, on peut se tirer la bourre tous ensemble et ça peut nous aider dès l'an prochain", analysait ainsi le nageur d’Amiens mercredi.

Fabien Gilot ne voyait pas dans cette absence un affaiblissement de la qualité du sprint français. Il n'y a "rien d'inquiétant pour le sprint français", expliquait le capitaine de l'équipe de France de relais, qui voyait dans ce 100m relativement lent de manière générale, le syndrome d’une année bien particulière, celle "d’une année pré-olympique". Et la vraie raison de ne pas (encore) s’affoler pour le sprint français réside aussi dans une breloque, ou plutôt quatre breloques. En étant sacrés sur le relais 4x100m, les Français ont rappelé leur valeur sur le sprint. Florent Manaudou, qui n’attend que ça sur 50m nage libre, risque de la prouver un peu plus samedi.