Agnel adoubé par Phelps

Il y a des hommages qui touchent plus que d'autres. En l'espace de deux journées, deux courses et autant de médailles d'or, Yannick Agnel a complètement changé de dimension. Jusqu'à dimanche soir, il était une valeur montante de la natation mondiale. Désormais, il en est une authentique star. Son dernier relais dantesque lors du 4x100m et sans doute plus encore son 200m victorieux 24 heures plus tard ont placé le Niçois en pleine lumière. Le bassin londonien ne parle pas que de lui, mais pas loin. Son nom revient dans toutes les bouches. Y compris celle de Michael Phelps, plus grand nageur de l'histoire et désormais recordman du nombre de médailles aux Jeux avec 19 breloques.

Le nageur de Baltimore et celui de la Côte d'Azur se sont côtoyés dans la piscine puis sur le podium lors du 4x200m. Ils étaient les deux derniers relayeurs de leur équipe. Le Français a mis la pression sur son ainé. En vain. L'écart était trop important après les trois premiers relais. Un peu plus tard, lors de la cérémonie protocolaire, Agnel et Phelps ont discuté un moment. Deux géants, chacun à son échelle. L'un avec ses trois médailles en 48 heures. L'autre avec ses 19 podiums en huit ans. Le premier a d'une certaine façon été adoubé par le second. "Je lui ai dit que j'avais vu beaucoup de grandes courses et de grandes performances, notamment celles de Ian Thorpe, mais que son 200 mètres d'hier était probablement l'une cinq plus belles courses de l'histoire", a confié Phelps.

Yannick Agnel n'avait pas besoin de ça pour savoir qu'il a accompli quelque chose de grand à Londres. Mais l'hommage, si appuyé, et venant d'un tel auteur, ne pouvait que le toucher. "Il m'a félicité pour mon 200m libre d'hier (lundi), confirme-t-il. Il m'a dit qu'il était très impressionné et qu'il était fier." Sur l'appréciation de l'Américain qui classe sa course comme une des plus grandes de l'histoire, Agnel n'est pas loin de rougir: "Bon, si maître Phelps le dit, je veux bien le croire. C'était vraiment super, vraiment très gentil à lui". "Il a nagé de manière absolument incroyable, a ajouté Phelps, toujours à propos de la finale du 200m, pour enfoncer le clou. J'étais content de ne pas être dans cette course, je n'aurais eu aucune chance !" Un discours emprunt d'une grande modestie de sa part, même s'il reflète probablement la réalité.

Si on mesure un compliment à l'importance de celui qui le porte, Yannick Agnel a quelques raisons d'être fier des paroles prononcées mardi soir par Michael Phelps. On n'ose imaginer ce qu'il pourra bien dire si d'aventure le Français va chercher une troisième médaille d'or mercredi lors du 100m nage libre. Personne n'a plus accompli le triplé 100-200-4x100m depuis Mark Spitz en 1972. Même si la tâche s'annonce difficile face à un James Magnussen dominateur et sans doute plus frais, tout le monde se méfie du Français. Et d'un compliment de champion à un autre, Agnel a peut-être entendu, aussi, celui de Cesar Cielo. "Agnel a le profil du médaillé d'or, il a fait un super 200m et un super relais, il est dans le ton et il va être très dur à arrêter", a prévenu le Brésilien. On vous le dit, ils ne parlent plus que de lui...