2009, les scandales (III)

LES SCANDALES DE L'ANNEETroisième partie : LES PROBLEMES EXTRA-SPORTIFS

Les faits : Tiger Woods, plongé au coeur d'un scandale médiatique depuis un accident de voiture fin novembre en Floride, a reconnu avoir été infidèle et a décidé de mettre sa carrière en suspens pour une durée indéterminée afin de se consacrer à sa famille. Comme pour Thierry Henry, le traitement médiatique est intense et ironique.

Notre point de vue : En tant que sportif, Woods n'a théoriquement pas de compte à rendre au public. Le sportif professionnel n'a pas pour vocation d'être un modèle civique. Il faudrait encore distinguer dopage, tricherie et problèmes de couple. Touché par le décès de son père ou diminué par une blessure au genou, Tiger a su relancer sa carrière à chaque fois. Rien ne l'oblige à revenir sur le circuit sinon pour battre le record de titres détenu par Jack Niklaus (18, Woods en est à 14). En tant que sportif américain, soumis comme nous l'avons dit à la loi économique et cinématographique du « happy-end », il doit revenir après avoir traversé une épreuve douloureuse, pour sauver le golf et ses fans de la « déchéance ». En tant qu'individu, Tiger Woods a pris une décision cruciale, en assumant finalement ses responsabilités

Les faits : La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a demandé à la Fédération sud-africaine de lui fournir des informations sur Caster Semenya, une jeune femme au visage masculin et à la voix grave, soupçonnée d'être un hermaphrodite et de présenter des attributs féminins et masculins. Semanya devient un sujet fétiche pour les médias du monde entier, et un symbole du sport sud-africain. Finalement l'athlète a subi des tests qui doivent déterminer son taux de testostérone et donner ainsi les éléments de décision à l'IAAF pour la suite du dossier.

Notre point de vue : On peut comprendre l'emballement médiatique autour de Caster Semenya de plusieurs façons : la curiosité ou la fascination pour cette exception que représente un être hermaphrodite (même si cela ne se joue qu'en termes de pourcentages de testostérone), le doute permanent quant à l'intégrité des athlètes, et la volonté de soumettre ce doute à l'expertise scientifique. Le 19 août 2009, Mokgadi Caster Semenya , née le 7 janvier 1991 à Pietersburg, a remporté la médaille d'or des Championnats du monde de Berlin sur 800 m en 1'55"45. C'est la meilleure performance mondiale de l'année. Quelques heures avant cette course, l'IAAF avait réclamé le fameux "test de féminité". Caster était en larmes après sa victoire. On a appris plus tard qu'elle avait déjà subi des tests, mais que sa fédération avait décidé de ne pas en tenir compte. Le sport vaut-il qu'une jeune femme présentant un "syndrome rare d’insensibilité aux androgènes" (selon les termes médicaux) soit exposée au monde comme certains l'avaient fait avec la Venus Hottentote.

. Natation : les records et les combinaisons

Les faits : En 2008, l'apparition des combinaisons en polyuréthane dans les bassins du monde entier fait sensation. On ne parle plus que du duel entre la Speedo et la Jaked. On bat 108 records cette année là. En 2009, la natation se noie dans ses propres records : 240 sans parler des chronos non-homologués. Au mois de juillet, la FINA décide d'en finir avec ces combinaisons qui brisent la hiérarchie établie. Dès le 1er janvier 2010, retour au tissu et au short.

Notre point de vue : La Fédération internationale (FINA), dépassée par les événements et incapable d'imposer des solutions cohérentes, a finalement décidé de mettre, au 1er janvier, un terme à sa révolution technologique, qui a propulsé sa discipline sur le devant de la scène. Grâce à la combinaison, une multitude de jeunes nageurs, encore inexpérimentés, a pu rivaliser avec les meilleurs. En 2010, les nageurs massifs seront en difficulté et ceux aux qualités aquatiques devraient mieux s'en sortir, selon les spécialistes. Il faudra également revenir à un travail de récupération, compensé ces dernières années par le gainage de la combinaison. A l'arrivée d'une course, les nageurs en combinaisons sont moins fatigués. En 2010, il faudra prendre du plaisir à nager moins vite... "

Les faits : Tout commence par un visage tuméfié et un retour précipité de Mathieu Bastareaud en France lors de la tournée d'été en Nouvelle-Zélande. Et puis tout s'emballe : Le centre des Bleus a d'abord prétendu avoir été agressé en pleine rue par des inconnus avant de se rétracter quelques jours plus tard, sous la pression de la police néo-zélandaise, et affirmer avoir "heurté la table de nuit" de sa chambre d'hôtel. L'affaire, qui porte son nom désormais, avait provoqué un vif émoi en Nouvelle-Zélande, et même en France puisque le Premier Ministre François Fillon avait présenté des excuses publiques.

Notre point de vue : La gestion de l'"Affaire Bastareaud" a laissé à désirer. Les rumeurs (bagarres, tentatives de suicide et on en passe) ont pris le pas sur la communication de la Fédération, et les positions des responsables sportifs ou politiques ont donné l'impression de ne pas toujours être sur la même longueur d'ondes. C'est finalement le Stade Français qui a permis au joueur de se reconcentrer sur son sujet. Le joueur assumant ses erreurs, l'histoire s'est dégonflée. Reste à évaluer l'impact en Nouvelle-Zélande (le pays qui accueillera la Coupe du monde en 2011 et qui sera son adversaire au premier tour), puisque nous avons atteint des sommets diplomatiques dans ce scandale obscur. Il fut un temps où le XV de France ramenait avec le sourire des anecdotes plus ou moins sulfureuses de ces tournées. Logiquement absent du groupe qui a affronté les Blacks en novembren, le prometteur Bastareaud croit lui même qu'il peut réintégrer les Bleus. Tant qu'il ne postule pas pour un poste d'ambassadeur...

Les faits : 200 matches, dont trois de Ligue des Champions et 12 en Ligue Europa, auraient été truqués. Un réseau de parieurs a été démantelé.

Notre point de vue : pour la deuxième fois en deux ans, le football est-européen est dans le collimateur des brigades anti-corruption. Le développement des paris truqués en provenance d'Asie avait frappé en Belgique l'an passé. Cette année, l'Allemagne et la Suisse ont été touché. Comme pour le dopage, ce genre de révélation accable les organisateurs des compétitions mais elle prouve également que les efforts nécessaires sont faits pour empêcher les fraudes.

Les faits : Demi-finale de l'US Open 2009 contre Kim Clijsters. Serena Williams est sous pression. A 4-6, 5-6, 15/30, elle sert une seconde balle. La juge de ligne annonce une faute de pied. L'Américaine s'avance alors à deux reprises vers la juge de ligne d'un air plutôt menaçant en l'invectivant. Selon l'AP (Associated Press), la joueuse aurait lancé à la juge de ligne : "Si je pouvais, je prendrais cette p.... de balle et je l'enfoncerai dans ta p.... de gorge". L'arbitre de chaise, Louise Engzell, et l'arbitre du tournoi, M. Eeray, décide après consultation de donner un point de pénalité à l'Américaine (pour conduite antisportive). A 15/40, c'était une balle de match.

Notre point de vue : Serena Williams a connu une grande colère dans sa carrière au plus haut niveau : malheureusement pour elle, ce fut lors du dernier point d'une demi-finale de Grand Chelem. En pleine session de nuit du dernier US Open. Soumise au tennis punchy de Kim Clijsters, certainement frustrée de voir la Belge revenir à son meilleur niveau après plus d'un an d'absence, l'Américaine a réagi comme un boxeur dans les cordes en interpellant de manière grossière une juge de ligne surprise. Ce fut une grave erreur, et elle l'a reconnu en s'excusant. Une enquête a permis au Comité du Grand Chelem a donc décidé de sévir et d'infliger une amende plus une mise à l'épreuve pour la joueuse jusqu'en 2011. On estime que la meilleure joueuse de la décennie ne connaîtra plus jamais ce genre de dérapage.