Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Référendum : Comment l'indépendance de l'Ecosse pourrait modifier le paysage du sport britannique

Loïc Tanzi

Mis à jour 18/09/2014 à 10:04 GMT+2

Jeudi, l’Ecosse va décider de son avenir lors d'un réferendum pour son indépendance. Un vote qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour les sportifs... si le "oui" l’emportait. Voici quelques questions qui se poseraient sérieusement. Ou plus...

Andy Murray avec sa médaille d'or à Londres en 2012

Crédit: Panoramic

Une nouvelle délégation olympique pour l'Ecosse

Si elle devenait effective, l'indépendance de l'Ecosse par rapport au Royaume-Uni aurait des conséquences dans le monde du sport. Parmi les dossiers "urgents" et difficiles à traiter : la constitution d'une équipe olympique. Shona Robison, ministre des sports écossaise, a d’ores et déjà annoncé qu’en cas de victoire du "oui", une délégation du pays serait présente à Rio pour les prochains Jeux Olympiques en 2016. Une grosse perte pour le "Team GB" qui a décroché 13 de ses 65 médailles à Londres en 2012 grâce à des Ecossais. 7 étaient en or, grâce à Chris Hoy (cyclisme sur piste) et Andy Murray (tennis) notamment.
Dans ce contexte, se pose la question de la compétitivité d’une Ecosse indépendante, qui a envoyé 55 athlètes à Londres en 2012 (près de 10% du contingent du "Team GB"). UK Sport, l’organisme qui finance le sport britannique, verse douze millions de livres par an aux sportifs venant d’Ecosse. Un détachement de la région engendrerait automatiquement cette perte de ressources, mais surtout une modification des bases d’entraînement. Une perspective réfutée par Shona Robison à la BBC : "Nous avons investi beaucoup d’argent sur un superbe vélodrome, une magnifique salle multisports à Glasgow dans le cadre des Jeux du Commonwealth, et sur un centre de performance à Edimbourg que pourront utiliser nos athlètes."
Ecossais et Britannique, nous pouvons être les deux
Le choix d’un vélodrome est loin d’être anodin. L'Ecossais Chris Hoy, pistard et sportif britannique le plus titré aux J.O. avec six médailles d’or entre 2004 et 2012, est un défenseur du "non". Dans la quête de ses titres, le natif d’Edimbourg a pu bénéficier d’un vélodrome ultra-moderne à Manchester. Après son triomphe à Londres, le cycliste avait, déjà, évoqué le sujet : "Je suis britannique. Ecossais et britannique. Nous pouvons être les deux, il n’y a pas d’exclusivité."
picture

Chris Hoy après sa victoire aux JO de Londres 2012

Crédit: Panoramic

Aujourd’hui retraité, il est convaincu que l’Ecosse ne sera pas aussi compétitive en étant séparée du reste du Royaume. Une idée que rejoint la majorité des sportifs comme Imogen Bankier, joueuse de badminton. "La situation actuelle est une chance pour l'Écosse a-t-elle déclaré à la BBC. Nous profitons du système anglais, nous pouvons faire partieduTeam GB et l'utiliser à notre avantage. L'indépendance nous ferait perdre tout ça. Le sport ne ferait qu'en souffrir."
Pour les frondeurs, le Royaume-Uni a annoncé qu’ils pourraient continuer à concourir sous le drapeau de l’Union Jack lors des compétitions internationales. Mais malgré leurs réticences et leurs désaccords, la majorité des sportifs restera solidaire de leur patrie natale.

Pour Murray, "presque" rien ne changerait

En 2013, Andy Murray a mis fin à une interminable attente de 77 ans du peuple britannique grâce à sa victoire à Wimbledon. Un paradoxe pour celui qui n’est jamais autant considéré comme Ecossais... que lorsqu’il perd.
Le tennisman est sorti de sa réserve, jeudi, en prenant clairement position sur son compte Twitter. "Jour immense pour l'Ecosse. La campagne négative du non ces derniers jours a totalement influencé mon point de vue. Excité de voir le résultat. Faison- le !" Avant cela, il avait déjà prévenu qu'en cas d’indépendance, il disputerait ses tournois en tant qu’Ecossais. "Je jouerais pour mon pays si jamais le oui l’emportait" avait-il lâché dans le Daily Mail.
picture

Andy Murray à Wimbledon 2014

Crédit: Panoramic

Mais le résultat n’aura pas d’effet sur sa carrière individuelle. Il pourra simplement devenir le premier joueur à gagner Wimbledon en tant que Britannique puis en tant qu’étranger à partir de 2016. Sa cote de popularité ne baissera pas sur les courts londoniens du All England Club. Niveau financier, la LTA (Lawn Tennis Association, Fédération britannique) ne participe plus la carrière du joueur qui n’aurait donc aucun souci à se faire de ce côté-là.
En revanche, l’équipe de Coupe Davis britannique pourrait s’en mordre les doigts. Montée dans le groupe mondial, en grande partie grâce à Andy Murray, elle pourrait perdre tous les efforts menés avec le numéro 12 mondial. James Ward, 131e à l’ATP deviendrait alors le chef de fil du camp britannique.
picture

James Ward

Crédit: AFP

Les Rangers et le Celtic diraient adieu à leurs rêves de Premier League

Soyons clair, les chances des Rangers et du Celtic de parvenir un jour à jouer en Premier League sont déjà proches de zéro avant même une possible indépendance. En football, l’Ecosse est déjà une nation à part entière possédant sa propre équipe nationale, son propre championnat et sa propre fédération. Le vote du 18 septembre pourrait alors simplement mettre fin aux discussions des deux clubs de Glasgow avec la Ligue anglaise pour tenter de trouver un arrangement. Jusqu’à maintenant, les clubs anglais ont toujours refusé de partager leur très calorique gâteau. Mais des pourparlers existent depuis longtemps et des solutions auraient pu être trouvées à long terme, si le championnat écossais continue sa lente descente aux enfers (24e au classement UEFA).
Les deux clubs ne sont pas seulement rivaux sur le terrain puisque les fans du Celtic sont majoritairement pour le "oui" alors que ceux des Rangers penchent vers le "non".
picture

Les supporters du Celtic contre Maribor en Ligue des champions - 2014

Crédit: Panoramic

Une place à prendre au Board ?

Le plus gros changement pourrait en revanche apparaître au plus haut de la hiérarchie du football, le Board. Cet organe, composé de huit personnes, est chargé de déterminer et de faire évoluer les règles du jeu. Dernièrement, c’est le Board qui a mis en place la technologie sur la ligne de but lors de la dernière Coupe du monde au Brésil.
En tant que nation qui a vu naître ce sport, le Royaume-Uni possède quatre places, une pour chaque région qui le compose (Angleterre, Ecosse, pays de Galles, Irlande du Nord). Mais en cas d’indépendance, la place de l’Ecosse pourrait être remise en question. "Si l’Ecosse sort de la Grande-Bretagne, il n’y a aucun doute que cela ouvrira la porte à un changement", a prévenu le vice-président de la FIFA, Jim Boyce. "Plus rien ne permettrait à l’Ecosse d’avoir un pouvoir de décision aussi important à la table du football mondial", a-t-il conclu. C'est ainsi toute la gouvernance du football mondial qui pourrait être modifiée avec l'arrivée de pays comme l'Espagne ou l'Allemagne. Et peut-être ses décisions.
En attendant, l’Ecosse et l’Angleterre se retrouveront pour un match amical le 18 novembre prochain au Celtic Park, deux mois seulement après le vote, pour une rencontre que Roy Hodgson le sélectionneur anglais a déjà qualifié de "match qui pique".

Quid du British Open ?

Le British Open se déroule sur neuf parcours, qui se partagent l'épreuve année après année. Cinq sont situés en Ecosse, notamment à Saint Andrews. Si le oui l'emportait qu'adviendrait-il du British Open ? Des quatre éditions à venir, trois sont d'ores et déjà programmées au nord du Mur d'Hadrien (2015, 2016 et 2018), à Saint Andrews, au Royal Troon et à Carnoustie. Et après ? La réponse définitive attendra le vote de jeudi.
picture

Martin Kaymer à Muirfield en 2013

Crédit: AP

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité