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Thorpe, Gascoigne, Cécillon : la difficile retraite des champions

ParAFP

Mis à jour 05/02/2014 à 15:41 GMT+1

L'après-carrière est une période difficile à gérer pour tous sportifs. Les champions n'y échappent pas. Beaucoup souffrent d'addictions. Les cas de Ian Thorpe, de Marc Cécillon et Paul Gascoigne sont les plus marquants.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Les sportifs de haut niveau dédient souvent leur vie à la seule performance. Et, à l'image du nageur Ian Thorpe ou du rugbyman français Marc Cécillon, la fin de leur carrière sportive, aux antipodes du star-system, est parfois un traumatisme. L'Australien, quintuple champion olympique, a été hospitalisé lundi après avoir été retrouvé en état d'hébétude dans une rue de Sydney, assommé par un mélange d'analgésiques et d'antidépresseurs. La "Thorpille", qui avait pris sa retraite en 2006 à l'âge de 24 ans, au bout d'une carrière exceptionnelle, n'a jamais vraiment fait le deuil des bassins, de la compétition et des podiums.
Un phénomène malheureusement fréquent chez les sportifs de haut niveau comme chez les amateurs, affirme l'ancien nageur Kieren Perkins. "Il y a des centaines, voire des milliers d'athlètes qui n'ont pas sa notoriété et qui néanmoins vivent la même chose", estime-t-il. Andrew Hughes, spécialiste de marketing du sport à l'Australian National University, évoque lui aussi l'abîme devant lequel se retrouvent les sportifs dès qu'ils raccrochent. "Il n'y a plus le régime des entraînements, la célébrité, la vénération, l'adrénaline. Tout cela disparaît. Beaucoup d'athlètes se retrouvent désemparés, ce qui conduit certains à tenter un retour en rêvant de redevenir le meilleur", analyse-t-il.
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Ian Thorpe ist wegen Depressionen in Behandlung

Crédit: SID

Le cas Thorpe est à cet égard exemplaire: son come-back prévu aux jeux Olympiques de Londres en 2012 fut un échec retentissant, l'ancienne gloire de Sydney et d'Athènes ne parvenant même pas à se qualifier. "Rien, dans la vie civile, ne remplace" le grand frisson de la compétition pour laquelle les athlètes sacrifient tant depuis leur plus jeune âge et qui constitue pour beaucoup le seul horizon visible, insiste Andrew Hughes. Selon lui, c'est aux instances sportives qu'il revient d'accompagner les athlètes dans leur reconversion, et de les guider sur la voie d'un accomplissement différent.

Gérer l'après en trouvant un nouveau projet de vie qui passionne

La plupart des fédérations proposent aujourd'hui un plan de suivi de la carrière et de l'éducation de leurs athlètes, mais cela ne suffit pas toujours. Certains, minés par la consommation d'alcool ou de stupéfiants, finissent par défrayer la chronique judiciaire, comme l'ex-rugbyman international français Marc Cécillon, dépressif depuis sa retraite et condamné en 2008 à 14 ans de prison pour le meurtre de son épouse en 2004 alors qu'il était fortement alcoolisé.
Autre cas emblématique, l'ex-footballeur Paul Gascoigne, 45 ans, 57 fois international avec l'équipe d'Angleterre, qu'il a conduite en demi-finale du Mondial-1990. Il souffre d'alcoolisme et de dépression depuis des années. L'ancien skipper australien John Bertrand, qui a mis fin en 1983 à 132 ans de suprématie américaine dans la Coupe de l'America, se souvient d'avoir "vécu une expérience proche" de celle de Ian Thorpe. "C'est le principal défi pour quiconque a connu les sommets: trouver un nouveau projet de vie qui passionne, aimer ce que l'on fait", dit-il.
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2013, Paul Gascoigne (AP/LaPresse)

Crédit: LaPresse

Pourtant, selon Renee Appaneal, psychologue à l'Institut australien du sport, le passage à la vie "civile" n'est pas plus difficile à franchir, sur le papier, que certaines étapes de la carrière sportive. "La transition pour les sportifs qui prennent leur retraite n'est qu'une transition supplémentaire dans leur vie", explique-t-elle. "Nous les encourageons à se pencher sur la façon dont ils ont vécu d'autres transitions, comme de passer du sport amateur à l'élite, partir de chez eux pour aller dans les centres de formation".
L'entourage et le réseau sont également cruciaux pour gérer le vertige de "l'après", mais les sportifs de très haut niveau sont souvent isolés, "comme tous ceux qui se retrouvent sous les feux de la rampe". "Il leur est plus difficile de trouver des personnes de confiance et du soutien", assure la psychologue.
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