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Top 100: Et la lumière fut...

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 10/06/2013 à 11:39 GMT+2

A l'occasion du 30e anniversaire de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, nous vous propos de découvrir notre Top 100 des grands moments du sport français de 1983 à 2013. On continue de remonter le classement avec, lundi, les moments classés de la 80e à la 76e place.

Top 100 Laurent Blanc 1998 Paraguay

Crédit: Imago

80. LA LUMIERE EST VENUE DE LAURENT BLANC
C'était quoi? Un but libérateur. Un énorme cri, de ceux qui permettent de dégager la peur et l'angoisse accumulées pendant près de deux heures.
L'histoire: C'est fou comme certaines séquences sont étroitement associées à un élément dont elle devient inséparable. Pour tous ceux qui ont vécu ce France-Paraguay devant le petit écran, difficile de ne pas voir claquer à la mémoire, spontanément le fameux "la lumière est venue de Laurent Blanc" lâché par le regretté Thierry Gilardi. Phrase parfaite, tant elle résume en sept mots une sensation commune: celle d'avoir été dans un interminable tunnel dont personne ne voyait la sortie. Ce huitième de finale de Bollaert, c'est la grosse peur bleue de l'équipe d'Aimé Jacquet dans son Mondial 1998. Bien sûr, il y aura ensuite les tirs au but contre l'Italie en quart de finale et le but de Suker en demie.
Mais le Paraguay a fait passer un frisson plus durable encore. Après son premier tour convaincant, l'équipe de France n'a aucune raison de trembler a priori face aux Guarani. Mais au fil des minutes, ce huitième de finale devient crispant, pesant. Quand, après 90 minutes, le score est toujours vierge, on sent venir le mauvais film. Chilavert, excentrique mais charismatique gardien paraguayen, communique alors à ses troupes cet espoir qu'il paraissait seul à porter. Spécialiste des tirs au but, il attend la séance finale avec délectation. Puis, à la 114e minute, un petit centre de Pirès, une remise de la tête de Trézéguet. Et Blanc, monté aux avant-postes, qui fusille Chilavert. Pas franchement du bonheur, mais un immense soulagement collectif et l'envie de lui gueuler un énorme "merci".
Quelle portée? En faisant exploser un trouillomètre qui n'en pouvait plus, Laurent Blanc a gagné ses galons de grande figure du football français. Suspendu, il ne jouera pas la finale mais, sans son but, rien ne dit qu'il y aurait même eu un quart. Tout aurait pu s'arrêter à Bollaert. En réalité, tout commença là, quand Blanc a appuyé sur l'interrupteur, pour le premier but en or de l'histoire de la Coupe du monde.
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Top 100 Laurent Blanc 1998 Paraguay

Crédit: Imago

79. LA SONATE DE DIAGANA
C'était quoi? Un titre mondial, un record d'Europe, une première française. Une bonne journée, quoi. Après tant de mauvaises.
L'histoire: La carrière de Stéphane Diagana n'a pas été un long fleuve tranquille. Plus que d'autres, il a eu sa part de galères et de frustrations. Son corps a toujours été friand de blessures. Problèmes musculaires, fractures de fatigue à gogo, sciatalgies… Diag' n'avait pas le corps à s'infliger de telles charges de travail. Ce sont pourtant elles qui l'ont mené au sommet. Mais au prix de souffrances qui l'ont notamment contraint à rater les Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996 et de Sydney quatre ans plus tard. Et quand le physique tient, les résultats ne suivent pas toujours. Lorsqu'il débarque au plus haut niveau mondial, le spécialiste français du 400m haies tombe sur une génération d'exception. A Barcelone, en 1992, il sort une course de mammouth dans la course la plus rapide de l'histoire, celle où Kevin Young abat le record du monde. Diagana doit se contenter de la quatrième place. Un an plus tard, aux Mondiaux de Stuttgart, il pulvérise encore son record de France mais là encore, il est à la "place du con", au pied de la boite. Et quand il se plante dans les grandes largeurs aux Championnat d'Europe en 1994, en terminant seulement troisième, on commence à douter sérieusement de sa faculté à mettre dans le mille.
"Fragile", c'est alors l'étiquette qui colle à Diagana. Dans son corps. Dans sa tête. Avant les Championnats du monde d'Athènes, en 1997, ils sont de moins en moins nombreux à croire en lui. Il a 28 ans et n'a pas gagné une seule course de la saison. Mais le 400 haies est aussi une course qui se gagne avec le cœur et la tête, au moins autant qu'avec les jambes. Elle était donc faite pour Diagana. En finale, Diagana décide de s'appuyer sur les deux premiers éléments pour faire la différence. Il surprend ses adversaires tactiquement en démarrant très vite. Puis il tient. Chaque attaque de haie dénote une rage qu'on ne lui avait jamais connue. C'est sa course. Son chef d'œuvre. Fernand Urtebise, son entraineur, comparait souvent un 400m haies à une sonate, où tout doit être juste, d'un bout à l'autre. A Athènes, Diagana a joué du Mozart. Quand il coupe la ligne, il laisse Llewellyn Herbert et Bryan Bronson à près de deux dixièmes. L'or, enfin. Avec le record d'Europe en prime. Oubliés les galères et les échecs, les critiques et les frustrations. Allongé sur le sol, regard vers les étoiles, mesure-t-il dans sa fatigue la place qu'il vient de prendre?
Quelle portée? Stéphane Diagana a été un des chefs de file de l'athlétisme français pendant plus d'une décennie. Mais cette seule soirée athénienne a suffi à l'installer dans le gotha du sport hexagonal. Jamais, avant lui, un athlète masculin français n'avait été sacré champion du monde. Jusqu'alors, seule Marie-José Pérec avait goûté cet honneur. D'autre part, son chrono établi ce soir-là constitue toujours le record européen de la discipline, plus de 15 ans après. Reste que la plus grande victoire de Diagana, son principal leg, c'est peut-être l'image qu'il a véhiculée. Pendant et après sa carrière. Celle d'un superbe athlète certes, mais aussi d'un homme simple et équilibré, bien dans ses pointes et dans sa tête. Un épanouissement qu'il doit évidemment à lui-même mais aussi à Fernand Urtebise, son coach de toujours, attaché aussi bien au développement personnel qu'athlétique. "Ça ne sert à rien d'être champion du monde si c'est pour rester con toute sa vie", aimait-il à dire. Il n'a cessé de marteler que l'important ce n'est "pas le sport, pas la compétition, mais le bien être". Certains ont moqué cette approche. Le tandem, unique par la nature de sa relation, a parfois fait grincer des dents. Mais "DiagaBise" a été au bout de sa logique. Ce sacre athénien a légitimé la démarche de deux hommes en permanence sur la même longueur d'ondes. "On se comprenait dans la non-parole", a soufflé un jour Urtebise.
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78. FOURCADE, LA PERFECTION AU MASCULIN
C’était quoi ?  Une saison parfaite avec un grand P. Le parcours sans la moindre anicroche d’un champion exemplaire de seulement 24 ans. Pour résumer ? Un chef d’œuvre maîtrisé de bout en bout.
L’histoire : La saison de Martin Fourcade a débuté sans sa carabine sur le dos. Le Français se lance un défi pour lancer son hiver. Toujours avide de découverte, le Perpignanais veut se tester sur du fond. Après une première sortie convaincante à Beitostolen, le frère de Simon passe à côté de son 15km style libre de Gällivare (47e). Il n’y aura pas d’autre tentative. C’est donc à Östersund que Fourcade débute son festival en Coupe du monde. En Suède, le Français glane deux premiers succès et s’empare de la tête du classement général de la Coupe du monde. Rien ni personne ne viendra l’y déloger. Au-dessus du lot, il ajoutera huit autres victoires sur le circuit. Pour un total de 10, son record en carrière.
Triple champion du monde en 2011, Fourcade ne connaît pas la même réussite à Nove Mesto en 2013. Quadruple médaillé d’argent, battu d’une spatule sur le relais mixte par son rival norvégien, Emil Svendsen, il s’offre tout de même l’or sur le 20km, son cinquième titre planétaire en carrière. Il aurait été injuste qu’il quitte la République tchèque sans la moindre récompense dorée. Sa fin de saison est un doux rêve. A Sotchi, à trois épreuves de la fin de la Coupe du monde, Fourcade s’adjuge le gros globe de cristal. A celui-ci, il y ajoute les quatre petits (sprint, poursuite, 20km et mass-start). Une performance qui lui permet de devenir le deuxième biathlète de l’histoire, après Raphaël Poirée en 2004, à signer ce fameux Grand Chelem sur une saison.
Quelle portée ? Avec un peu plus de réussite, le bilan 2012-2013 de Martin Fourcade aurait été encore plus impressionnant. 2014 doit lui permettre de compléter un palmarès aussi long que le bras. Le rendez-vous est pris : A Sotchi, le Français visera un titre olympique. Le premier. Après ça,  le Perpignanais pourra se vanter d’avoir tout gagné. A seulement 25 ans…
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77. TOURNANT, UN TRIPLE POUR LA LEGENDE
C'était quoi? Un triomphe doublement historique. Une performance individuelle dantesque et unique, dans le sillage d'un collectif au sommet de son expression.
L'histoire: Si la piste française subit aujourd'hui le joug des Britanniques, si elle est en pleine crise après le départ de ses principaux entraîneurs nationaux, Florian Rousseau en tête, cela ne fait que raviver plus fortement encore l'époque pas si lointaine où elle raflait tout. C'est plus vrai que jamais en ce début de XXIe siècle. Pourtant, après les départs à la retraite de Frédéric Magné, Philippe Ermenault, Marion Clignet et surtout Félicia Ballanger, l'équipe de France s'attend à souffrir lors de ces Championnats du monde 2001, à Anvers. Mais elle va pourtant réussir une nouvelle razzia. Le héros parmi les héros s'appelle Arnaud Tournant. A 23 ans, il est en train d'exploser définitivement. Triple champion du monde en titre du kilomètre, sa grande spécialité, il ajoute un quatrième sacre en Belgique. Mais Tournant va aller encore plus loin. Dans la foulée, il ajoute la vitesse par équipes, avec ses compères Laurent Gané et Florian Rousseau.
Reste la vitesse, dans laquelle il est moins expérimenté. Mais Tournant, sur son nuage, sort d'abord le double champion olympique Jens Fiedler puis parvient à dominer Gané en finale. Après la perte de la première manche, il tente un fabuleux coup de poker dans les deux suivantes. En accord avec son coach Gérard Quintyn, il change son braquet (50x14 au lieu de 49x14) afin de pouvoir déployer toute sa puissance. Talent, malice, bluff, audace, Tournant tente tout ce qu'il réussit. Il n'avait pourtant encore jamais battu Gané en homme à homme. Tournant signe un triplé jamais vu. Un triplé individuel doublé d'un autre, collectif celui-là puisque Florian Rousseau arrache le bronze à Fiedler. Le podium de l'épreuve reine est donc 100% tricolore. Il fallait remonter à 1967 pour trouver trace d'une finale entre deux Français. C'était Morelon et Quintyn à l'époque. Tournant, Gané et Rousseau ont fait plus fort encore. Euphorique, Arnaud Tournant battra le record du monde du kilomètre deux semaines plus tard. Il y a des périodes, comme ça…
Quelle portée? Derrière son automne de rêve, Tournant aura du mal à se maintenir au sommet de la hiérarchie mondiale. Il ne remportera d'ailleurs plus le moindre titre en individuel, ni aux Mondiaux ni aux Jeux. Il n'en reste pas moins vrai que son exceptionnelle performance anversoise reste aujourd'hui encore historique. Personne n'a jamais réussi depuis (ni avant d'ailleurs) à enlever le kilomètre et la vitesse simultanément. Ce doublé-là était déjà monumental. Avec la vitesse par équipes en prime, Tournant, par ailleurs recordman du nombre de titres aux Mondiaux (14, devant Chris Hoy, 11), a écrit une des plus belles pages de l'histoire de son sport.
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Top 100 1997 Stephane Diagana

Crédit: Eurosport

76. ABSALON, UN HEROS TRES DISCRET
C'était quoi? La double consécration trop discrète d'un des plus grands champions français du XXIe siècle.
L'histoire: En 2004, à Athènes, la France avait découvert Julien Absalon. Dans la lignée de Miguel Martinez, sacré à Sydney quatre ans plus tôt, Absalon, petit format mais gros talent, s'était paré d'or à son tour. Une victoire forgée dans une détermination hors normes. Absalon voulait ce titre pour son père, décédé deux années auparavant. C'est cette douleur qui l'a porté au sommet. Quand il débarque à Pékin quatre ans plus tard, il est doté d'un des plus extraordinaires palmarès de l'histoire du sport français. A son titre olympique, il faut en effet ajouter six titres de champion du monde, dont quatre consécutifs. Absalon est le roi incontesté du VTT. Difficile d'être plus attendu que lui en Chine, malgré la perte de son titre mondial deux mois avant les Jeux. A la pression qu'il s'était infligée lui-même en Grèce pour rendre hommage à ce père disparu succède donc le poids inhérent au favori. Il va admirablement l'assumer. Absalon ne gagne pas la course, il l'écrase, attaquant dès le départ, et s'envolant définitivement dès le deuxième tour. Une véritable démonstration. Jean-Christophe Péraud, son dauphin, arrive plus d'une minute après lui. En réalité, Julien Absalon en a bavé. Son offensive précoce avait tout d'un coup de poker. Titillé par les crampes après la mi-course, il lui a fallu serrer les dents. A son talent, il a ajouté l'audace et le courage.
Quelle portée? Remporter un titre olympique, c'est extraordinaire. La consécration d'une carrière. L'accomplissement d'une vie. A l'échelle d'un pays comme la France, ils ne sont qu'une poignée (plus ou moins grosse) à décrocher le Graal tous les quatre ans. Mais remporter deux titres suprêmes, c'est entrer dans une catégorie extrêmement rare. Au XXIe siècle, seuls les handballeurs (certains), Tony Estanguet et Julien Absalon ont obtenu plus d'une médaille d'or. Un double sacre qui n'a pas réellement permis au Vosgien de sortir d'un certain anonymat. Pourtant, derrière le garçon, poli et discret, se cache un champion d'une rare détermination. Qui savait ce qu'il voulait. Et qui l'a obtenu.
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Top 100 2008 Julien Absalon VTT JO Pekin

Crédit: Imago

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