Joubert a le sourire

Brian Joubert a remporté, samedi à Orléans, le Master's, une victoire qu'il a savourée comme un gamin de 17 ans alors qu'il se reconstruit après avoir vécu un échec cuisant aux jeux Olympiques 2010 de Vancouver. "J'ai l'impression de repartir de zéro. J'ai 26 ans mais j'ai l'impression d'être un jeune de 17, 18 ans qui apprend les choses. Cela me fait du bien. La routine n'est pas là", a apprécié en toute sincérité le champion du monde 2007. Pour le premier rendez-vous de la saison des Bleus où chacun dévoile ses nouveaux programmes, Joubert a renoué avec la victoire qui lui faisait défaut depuis le Trophée NHK de Nagano en novembre 2009, sous la nouvelle direction de l'entraîneur de ses débuts, Véronique Guyon, qui l'avait guidé vers sa première grande médaille (le bronze européen) alors qu'il avait... 17 ans.

En tête à l'issue du programme court, il s'est imposé avec un total de 218,68 points devant la relève Florent Amodio (216,09) après avoir remporté le libre (150,64). Lors de ce dernier programme, le sextuple médaillé mondial a évolué pour la première fois sur une musique classique, la 9e symphonie de Beethoven, un choix du chorégraphe canadien David Wilson avec qui il a travaillé cet été. "La première fois qu'il me l'a présenté, je ne supportais pas. Je lui ai dit: "moi, j'adore la musique!" Maintenant, c'est un programme que j'aime et qui ne demande qu'à mûrir", a expliqué le Poitevin, qui a passé un quadruple saut et chuté à la fin sur le triple salchow.

Ce classicisme devrait permettre au patineur de se réconcilier avec son sport. "J'ai toujours du mal avec le nouveau système de jugement. Là, ça m'apprend à prendre du plaisir avec les transitions", a reconnu le triple champion d'Europe qui quitte Orléans avec de bonnes sensations et de la motivation pour aller à l'entraînement dès lundi. A seulement 20 ans, Amodio, annoncé comme la future star du patinage tricolore, a lui aussi confié qu'il apprenait de nouveau après avoir terminé 12e pour sa première participation aux Jeux, en février.

"Je retrouve le plaisir de patiner devant tout le monde. Après les Jeux, ça déraillait. J'ai eu l'impression d'avoir tout vécu très vite. J'avais perdu le goût de retourner sur la glace. Là, j'ai oublié la plaisanterie. Je voulais être sérieux et repartir du bon pied", a raconté Amodio, désormais sous la coupe de l'entraîneur russe Nikolai Morozov. Joubert et Amodio s'affronteront à nouveau sur la glace les 26 et 28 novembre lors du Trophée Bompard, à Paris-Bercy.