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Ophélie David : "En ski cross, tout se joue dans la tête, dans le rapport de force"

Laurent Vergne

Publié 17/03/2017 à 10:45 GMT+1

Ophélie David a tout gagné en ski cross. Tout, sauf les Jeux Olympiques, le grand manque de sa carrière. A 40 ans, la Française, qui dispute les Championnats du monde ce week-end en Espagne, a déjà dans un coin de la tête le rendez-vous olympique de 2018. Elle parle avec nous de sa discipline, si spectaculaire, où les Français ont pris la bonne habitude de briller.

Ophélie David à la lutte en Coupe du monde.

Crédit: Panoramic

Comment s'est passée votre saison ?
Ophélie DAVID : Il y a eu des hauts et des bas. Honnêtement, depuis le début de l'hiver, je dis que mon objectif, ce sont les Championnats du monde. Mais j'espérais quand même faire une saison plus dense en Coupe du monde. Là, il y a eu des résultats qui m'ont vraiment déplu. Après, sans vouloir me trouver d'excuses, j'ai attrapé une sale bronchite au mois de décembre. Ça m'a mis complètement K.O. Il y a longtemps que je n'avais pas été "HS" comme ça et j'ai mis un mois et demi à m'en remettre. Ça n'explique pas tout, j'ai eu des vraies absences, mais je reviens bien.
Au bon moment, donc...
O.D. : Depuis 2-3 courses, je sens que ça monte. J'ai eu des sensations qui me réconfortent, qui solidifient ma confiance. Ça ne s'est pas vu tout de suite parce que je n'arrivais pas à concrétiser par des résultats mais je suis montée en puissance. J'ai enclenché une bonne dynamique en Russie (NDLR : fin février, où elle a signé un podium) et j'espère arriver dans une spirale forte aux Mondiaux.
Concrètement, à quoi mesurez-vous que vous êtes de retour ?
O.D. : C'est presque imperceptible. Ça va être tout simplement un état d'esprit, une gestuelle plus juste dans le rythme, plus franche. Un retour à des appuis, je sens que j'y vais plus franchement sur des modules un peu techniques. Dans l'intention, je suis plus entière, plus impliquée. Ce sont des tout petits détails mais moi je les sens, et les autres aussi. D'ailleurs, c'est drôle, sur les deux dernières Coupes du monde, les filles qui sont devant eu classement m'ont demandé de s'entrainer avec moi, ce qui n'était pas le cas en début de saison. Elles sentent que je revienne.
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Ophélie David, à droite, sur le podium de la manche de Coupe du monde de Sunny Valley, en Russie, au mois de février.

Crédit: Panoramic

En ski cross, la part mentale est décisive dans le résultat ?
O.D. : Oui. C'est énorme. Le mental est monstrueux. Je pense même qu'on s'entraine physiquement… plus pour la tête que pour le corps. Pour avoir un esprit plus gladiateur. Tout se joue dans la tête, dans le rapport de force. L'aura que tu dégages dans l'aire de départ, avant même de prendre les poignées... Tout se joue là.
Sans confiance, vous n'êtes rien...
O.D. : Sans confiance, on est trop fragile. Le ski cross, c'est une confrontation directe et la facture, à la moindre hésitation, se paie cash. Il ne faut pas céder un pouce de terrain. Quand tu es en confiance, sur les options de ligne, tu vas tenter quelque chose que tu ne tenteras jamais si tu n'es pas bien dans ta tête.
Miser à fond sur les Mondiaux plutôt que sur la Coupe du monde, est-ce une première pour vous ?
O.D. : Non, j'avais eu exactement la même démarche il y a deux ans et ça m'avait plutôt souri puisque j'avais fait médaille d'argent, à la photo-finish. C'est marrant parce que, d'une manière générale, les courses d'un jour comme ça, ça m'a souvent réussi aux Championnats du monde (une médaille d'or, une d'argent, deux de bronze en six participations), et jamais aux Jeux Olympiques...
Comment l'expliquez-vous, si tant est qu'il existe une explication ?
O.D. : Vancouver et Sotchi, ce sont deux cas différents. Vancouver, je pense que j'ai pris les Jeux à l'envers. J'étais ultra-favorite. J'avais essayé de me protégé de ça justement, en me disant que c'était une course comme les autres, qu'il y avait un départ et une arrivée. Alors que non, les Jeux, ce n'est pas une course comme les autres. Il a fallu que je me casse la gueule pour le comprendre...
Et Sotchi ?
O.D. : Sotchi, j'étais prête, sereine. J'étais bien. Mais j'ai eu une énorme absence, au pire moment.
C'est-à-dire ?
O.D. : Pendant la finale, je me vois arriver sur ce saut et là, je pense à la courbe d'après. Je sais que j'ai une ligne un peu différente, qui peut me faire gagner, parce que j'avais toujours le meilleur chrono sur la dernière portion. Je suis troisième à cet instant. Je suis en train de penser à tout ça. Dans ma tête, je suis 10 secondes plus tard. Du coup, sur ce saut, je ne fais rien. A Sotchi, j'ai "juste" oublié un saut de 30 mètres de long. C'est une énorme faute de concentration, au mauvais endroit, au mauvais moment. Et l'addition a été vachement salée.
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2014 JO Sotchi Ophélie David

Crédit: Panoramic

Vous avez 40 ans, et pourtant, vous serez encore là à Pyeongchang en 2018. Pousser jusqu'aux prochains Jeux, cela a été une évidence dès Sotchi ?
O.D. : Non, pas du tout. Ce qui était sûr, c'est que je ne voulais pas arrêter après Sotchi. J'avais prévu de continuer au moins jusqu'aux Mondiaux 2015. Après, la saison 2015-2016 a été très difficile mais paradoxalement, c'est là que j'ai décidé de pousser jusqu'aux Jeux de 2018. Depuis, les Jeux sont dans un coin de ma tête.
Pour quelle raison ?
O.D. Je venais de me séparer de mon entraîneur. On était ensemble depuis cinq ans. La saison a été très dure, sportivement et humainement. Mais les seuls moments où j'étais heureuse, c'est quand j'étais sur les skis. Alors je me suis dit que si la seule bouffée d'air était là, il fallait continuer. Puis j'ai eu comme un flash, un souvenir de Sotchi qui m'a poussé à continuer. Je me suis revue dans l'aire de départ avant la finale. Je me souviens de ce que j'ai ressenti au moment de prendre les poignées. Là, j'ai mesuré la chance que j'avais d'être aux Jeux. C'est peut-être la sensation la plus forte de ma carrière. Je veux revivre ça. Je me fais un énorme cadeau avec les J.O. 2018.
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