Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Cyprien Richard : "Je vois bien Faivre gagner samedi, je le sens très fort"

François-Xavier Rallet

Publié 06/01/2017 à 08:29 GMT+1

GEANT ADELBODEN - Retraité depuis mars 2016, Cyprien Richard reste le dernier vainqueur français à Adelboden. Avant le géant de samedi, "Priou" revient pour nous sur cette folle journée de janvier 2011 qui l’avait vu décrocher, sur cette piste mythique, sa première et seule victoire en Coupe du monde.

Cyprien Richard à Adelboden

Crédit: AFP

CYPRIEN RICHARD, en 2011, vous vous imposez pour la première et seule fois en Coupe du monde à Adelboden. Comment aviez-vous vécu cette journée ?
C.R. : C’était assez incroyable de gagner cette course malgré une grosse faute en première manche. J’étais relégué 21e à 1"40 de la gagne, c’était très serré. En seconde manche, j’ai pu lâcher mon ski. Ça reste un sacré souvenir. D’autant, que la course d’avant, à Alta Badia, je devais la gagner celle-là. J’étais en tête à tous les intermédiaires, mais je mets un bras dans la porte avant l’arrivée et c’est Ligety qui gagne pour 14 centièmes. Avec cette victoire à Adelboden, qui est la référence pour un géantiste, l’enchaînement des deux courses avait été quelque chose de fabuleux pour moi.
picture

2011 Adelboden Cyprien Richard Thomas Fanara

Crédit: AFP

Après votre seconde manche, vous prenez les commandes et vous ne quitterez plus la 1re place jusqu’à la fin. Mais vous avez dû partager la victoire avec Aksel Lund Svindal, premier ex aequo. Quel souvenir gardez-vous de votre échange avec lui sur le podium ?
C.R. : Aksel Lund, c’est un grand champion. Pour lui, ce n’était pas sa première victoire, ni sa dernière non plus. Moi, cet hiver-là, je skiais très fort, donc il m’a dit qu’il était très heureux d’être sur le podium avec moi. En plus, il avait été malade la veille.
Il avait été aussi chevaleresque avec la grosse cloche…
C.R. : C’est vrai (rires). Pour le vainqueur, il y avait donc une grosse cloche. Il me l’avait laissée et lui avait reçu la sienne plus tard. En Suisse, les vainqueurs laissent aussi leur empreinte de pieds sur la place du village d’Adelboden. Cette fois-ci, Aksel a laissé l’empreinte d’un pied, et moi aussi. C’était marrant. C’était un vrai honneur d’avoir partagé ça avec lui.
Quarante ans après Patrick Russel, vous êtes le dernier Français à avoir levé les bras à Adelboden en géant. Pourquoi est-ce si difficile de gagner là-bas ?
C.R. : Je ne pense pas que ça soit plus difficile qu’ailleurs. C’est partout un vrai challenge. Malgré tout, en géant, cette course-là, tout le monde en rêve et a un peu plus les crocs qu’ailleurs. Car il y a 40 000 personnes en bas dans l’aire d’arrivée, un mur qui est un véritable challenge. Et puis il y a cette aura autour de la course. Tous les vainqueurs là-bas sont des grands noms du ski. On a tous envie d’écrire notre nom sur le palmarès.
On présente toujours Adelboden et Alta Badia comme temples du géant. Mais qu’a cette piste du Chuenisbärgli de différent de la Gran Risa ?
C.R. : Moi, j’adore les deux. Je les trouve complémentaires. A chaque fois, c’est un challenge. La Gran Risa, c’est des pentes raides, des murs, des bosses. Adelboden, c’est ce mur d’arrivée qui est fabuleux. J’ai des images de cette course depuis tout gamin. Tomba, Zürbriggen, Girardelli et puis ensuite Von Grünigen. Je voyais ces mouvements de terrain et je rêvais de les imiter. Même si je voulais être champion du monde de descente tout petit, je rêvais d’Adelboden aussi.
picture

La mythique piste d'Adelboden

Crédit: Panoramic

Votre première fois à Adelboden, c’était en 2000…
C.R. : Oui, c’est ça. A l’époque, il n’y avait pas le premier mur. Pour rallier la cabane de départ, qui était une vieille ferme, on devait prendre un téléski. Cette montée était énorme car il y avait plein d’enfants du coin qui faisaient une haie d’honneur tout le long de la montée. On leur tapait dans les mains, c’était magique.
Parlons de la jeune génération alors. En 2011, Un certain Mathieu Faivre (31e) et un certain Alexis Pinturault (34e) avaient manqué de peu la qualification pour la seconde manche. Aujourd’hui, ce sont eux qui gagnent en Coupe du monde. Si le géant français en est là, c’est un peu grâce à vous. Vous avez conscience d’avoir joué les guides, les éclaireurs ?
C.R. : J’aime bien me dire que chacun est là car il l’a bien voulu. Après, si la génération d’aujourd’hui est à ce niveau, ce n’est pas le hasard non plus. Ces personnes-là étaient respectueuses dans notre groupe. Comme moi, je l’avais été avant eux. Si j’ai pu m’exprimer, c’est grâce à Jean-Baptiste Grange. En 2006, 2007, JB, c’était la petite perle. Mais au lieu de faire des caprices, chose que j’avais connue avant, lui a été dans le partage. Il a accepté qu’on soit tous égaux par rapport à lui, alors qu’on était moins bons.
Et ce schéma s’est répété avec vous…
C.R. : Quand les jeunes sont arrivés de la Coupe d’Europe, Victor (Muffat-Jeandet), Mathieu (Faivre) et Alexis (Pinturault), ils ont tout de suite été dans ce moule-là. On les a considérés comme nous. Moi, j’étais tout le temps en chambre avec Mathieu. On a partagé des moments forts, on se donnait des conseils sur la technique. Et moi, ça m’a toujours fait plaisir de partager ça. Et puis ça me motivait d’avoir ces jeunes-là pour me tirer vers le haut. Mais ça reste un équilibre fragile. C’est important de le conserver. Et ça, c’est aux coureurs de rester dans cet état d’esprit.
Vous avez pris votre retraite en mars dernier. Vous avez deux jeunes enfants, Marcel et Jeanne. Comment occupez-vous vos journées aujourd’hui ?
C.R. : J’avais besoin d’un nouveau challenge. J’ai gardé un pied dans le ski, car c’est ma passion depuis tout petit et je tenais à rester dans ce milieu-là. Mais je ne voulais pas passer l’année loin de chez moi. C’est pour ça que j’ai refusé les postes d’entraîneur à l’année. Mais j’ai accepté quelques missions. Par exemple, j’entraîne les skieurs d’Andorre. Je les ai accompagnés deux fois à Ushuaïa cet été puis à Sölden. J’irai sûrement avec eux à St-Moritz, aux Mondiaux. Sinon, je suis aussi vice-président de mon ski-club à Morzine et puis, j’ai ouvert un magasin-bio, La Vie Claire. C’est un autre challenge très intéressant.
Un petit prono de podium pour samedi ?
C.R. : Mathieu (Faivre), je le sens très fort. Et puis, Pinturault et Hirscher seront là. Ça va être une belle bagarre. Mais je vois bien Mathieu gagner samedi.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité