Coupe du monde - Alta Badia : Hirscher, l'homme qui répond (presque) toujours présent

S'il n'est pas encore le meilleur géantiste de l'histoire, le présent lui appartient clairement et on voit mal l'avenir lui échapper. Depuis 2010, date de la première victoire de sa carrière à Val d'Isère, Marcel Hirscher s'est très vite transformé en glouton de la Coupe de monde de ski alpin. L'Autrichien détient les cinq derniers gros globes du général, trois globes de géant (2012, 2015, 2016) et trois globes de slalom (2013, 2014, 2015). Une domination écrasante, devenue record depuis l'hiver dernier puisque personne avant lui n'avait remporté le général cinq années de suite.

Il faut dire que, sur la période, personne n'a gagné autant que lui. Entre les saisons 2009-2010 et 2015-2016, Marcel Hirscher s'est imposé à 39 reprises. Soit 5,6 succès par saison en moyenne ! Une moyenne époustouflante qu'aucun autre géant du cirque blanc actuel ne parvient à suivre, si ce n'est de très (très) loin. A titre de comparaison, sur la même période, Ted Ligety n'est qu'à trois succès de moyenne et Aksel Lund Svindal à 2,8. Même si on se ne s'intéressait qu’aux derniers hivers, depuis 2011-2012, permettant ainsi à Kjetil Jansrud de tourner à 3,5 victoires (Alexis Pinturault à 3), ce serait bien loin d'un Hirscher qui carburerait alors à 7,2 victoires (!).

Pourtant, ce n'est pas en raison du nombre de ses succès qu'il s'est imposé au général de la Coupe du monde ces cinq dernières années, Après tout, ils sont nombreux à avoir déjà sorti une grosse année, à l'image de Pinturault (6) ou Svindal (7) l'an passé ou encore de Jansrud (7), en 2015. Ce qui impressionne le plus chez Hirscher, c'est son incroyable capacité à marquer quasi systématiquement des points. Et souvent de gros points. En 2015-2016, l'Autrichien est monté à onze reprises sur le podium, en plus de ses huit victoires. Et, même lorsqu'il rate la boîte, il n'en n'est jamais bien loin. Un constat surtout vrai en géant. Sur les dix épreuves de la saison dernière (sans compter le format particulier du slalom parrallèle d'Alta Badia), il a terminé sur le podium à huit reprises (quatre victoires), pour une 5e place et une 6e.

Malgré deux abandons (Wengen et Naeba), le bilan est presque aussi exceptionnel en slalom avec neuf podiums (deux succès) en onze épreuves. Une régularité hallucinante qui contraste avec pas mal de skieurs - à commencer par un Alexis Pinturault adepte du "quitte ou double" - et que Marcel Hirscher a même réussi au fil du temps à exporter sur trois disciplines, quatre si l'on veut se montrer pointilleux.

D'abord en slalom (9e de la spécialité en 2009), puis du géant (6e en 2010), du combiné (8e en 2014) et même du Super-G, depuis sa 6e place l'an dernier au classement de la spécialité. De la polyvalence, de la régularité, voilà les qualités qui font d'Hirscher le grand favori à sa propre succession pour le gros globe du général et le petit du géant, cette saison encore. Mais ne les a-t-il pas remporté d'ores et déjà ? Dauphin de l'Autrichien en géant, Pinturault compte déjà 80 points de retard, malgré deux succès et une 3e place (!). Et il ne reste déjà plus que cinq géants à disputer. Et, au général, ce sont 180 points qui séparent Hirscher du Français...

Indiscutablement au-dessus en Coupe du monde et sur une saison, Marcel Hirscher n'est, pour autant, pas impossible à battre. De temps en temps. Après tout, il ne remporte pas chaque course comme Martin Fourcade peut le faire en biathlon. C'est d'autant plus vrai lors des grands évènements. A 27 ans, l'Autrichien a participé à deux Jeux Olympiques d'hiver et à trois Mondiaux pour deux petits titres (slalom des Mondiaux 2013 et combiné des Mondiaux 2015) sur huit possibles. Une broutille pour un champion de sa trempe.

Pourtant, même dans ces courses d'un jour, Hirscher se montre régulier : 5e et 2e aux slaloms et 4e aux géants des JO ainsi que 4e et deux fois 2e aux géants des Mondiaux. Des performances qui lui offriraient sans nul doute le gros globe des Mondiaux/JO si celui-ci existait. Mais, dans ces courses, seule la première place compte vraiment. Et, à l'image des conditions impossibles de la seconde manche du slalom des Mondiaux 2015 à Beaver Creek remporté par Jean-Baptiste Grange, cela favorise rarement l'Autrichien. Un adage dit : "on ne peut pas toujours gagner". Ce n'est pas l'avis de Marcel Hirscher et il est bien décidé à le prouver encore cet hiver.