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Yohan Goutt, 2000e au classement olympique, représentant le Timor oriental à Sotchi 2014

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 22/02/2014 à 09:21 GMT+1

Le Timor Oriental, petit bout d’Asie du Sud, collé à l’Indonésie, n’avait jamais participé aux JO d’Hiver. A Sotchi, Yohan Goutt Gonçalves, skieur âgé de 19 ans représentera le pays de sa mère dans l’épreuve du slalom. Ce jeune étudiant… Parisien est même devenu un véritable ambassadeur. Nous l’avons rencontré dans les Alpes, en pleine préparation.

Yohan Goutt

Crédit: Eurosport

Il passerait presque inaperçu, ce skieur félin qui se joue des piquets dressés en travers de la piste de slalom de Crest-Voland (Savoie). Il passerait inaperçu sans ce drapeau intriguant cousu sur sa combinaison : une dominante rouge, du jaune du noir et l’étoile blanche du Timor Oriental. Une étoile à faire briller, des couleurs à montrer : voilà pour l’explication d’une trajectoire de vie qui emprunte davantage aux virages du slalom qu’aux lignes droites de la descente. Celle d’un gamin parisien, décidé à représenter aux Jeux d’Hiver, en ski alpin, un pays sans neige.
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Timor, logo

Crédit: Eurosport

Un projet fou, imaginé à huit ans et qui va trouver une décennie plus tard, dans les montagnes russes, l’écho espéré : “Je vais réaliser mon rêve : participer aux Jeux Olympiques, et, en même temps, je vais présenter le pays de mes racines, le Timor, au monde entier, souffle, presque timidement, ce grand gaillard au teint halé. C’est incroyable de pouvoir combiner les deux” . Il poursuit : “Il y a beaucoup de regards tournés vers moi alors que je ne suis que 2000e au classement olympique, mais quand je suis sur les skis, que je prends un départ, c’est tout un pays qui prend le départ. Je sens que ça me soulève”. Soulevé par cette Terre qui ne l’a pas vu grandir, Yohan l’étudiant parisien devient Yohan l’ambassadeur. Un ambassadeur très sollicité : “Je reçois tous les jours des messages d’encouragements du Timor. Parfois, ça vient d’ailleurs dans le monde : on me pose des questions sur le pays, on me demande si c’est possible d’y passer des vacances”.
Quand je suis sur les skis, que je prends un départ, c’est tout un pays qui prend le départ. Je sens que ça me soulève.
Reçu l’an dernier par le Président du Timor Oriental, le jeune skieur est devenu un exemple pour les 3 millions d’habitants de ce pays pauvre, longtemps déchiré par la guerre. La guerre, justement, c’est ce qui a poussé sa mère, Carolina, alors âgée de huit ans, à fuir pour l’Australie, avant de rencontrer le père de Yohan, un Français, et de s’installer à Paris. Aujourd’hui, la maman et la citoyenne sont fières : “Grâce à ce qu’il a fait, le monde va enfin entendre parler de ce pays pour des raisons positives, confie-t-elle, très émue. Et cela va permettre aux jeunes qui vivent là-bas de croire en l’avenir”.
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Yohan Goutt, Timor, Sotchi 2014

Crédit: Eurosport

Comme le père du jeune homme, fou de ski, Carolina a très vite soutenu l’ambition de son fils. Elle l’a d’ailleurs aidé à fonder la Fédération de ski du Timor et organise ses déplacements. En l’absence de sponsor, c’est aussi la famille qui a un charge une bonne partie des coûts de matériel et d’hébergement. Pour Yohan aussi, l’objectif Sotchi ne s’est pas fait pas sans sacrifice. Jusqu’à ses premières compétitions internationales, il y a un an, le ski occupait surtout les vacances. Depuis, scolarité (il est étudiant en échanges internationaux) et vie sociale ont été mises entre parenthèses pour disputer un maximum d’épreuves. Une course aux points olympiques qui l’a emmené de Turquie en Iran, en passant par la Serbie, où le Franco-Timorais décroche en décembre son graal, la qualification pour les Jeux.
Quand il m’a dit qu’il venait du Timor, je lui ai demandé : mais où est la neige chez toi !?
La chance, ou peut-être le destin, a aussi mis en travers de sa piste un entraineur pas comme les autres. Regard bleu acier, voix posée, le Macédonien Alexandre Vitanov est l’un des deux coachs du Team Motion, une équipe basée à Crest-Voland, composée de skieurs de petites nations du cirque blanc : Irlande, Israel, Bosnie, Australie et, depuis quelques mois… Timor. Ensemble, ils occupent un chalet au pied des pistes. Au programme : entraînements, exercices physiques et parties de Playstation intensives. L’ambiance est bon enfant : on revient volontiers sur les premiers passages du plus jeune de l’équipe à la télévision, entre taquineries et admiration mal dissimulée. Duane, l’Australien de la bande est l’un de ses premier supporters: “Quand il m’a dit qu’il venait du Timor, je lui ai demandé : mais où est la neige chez toi !? Maintenant, il fait parti de l’histoire, c’est comme dans Rasta Rockett. Certains trouveront ça génial, d’autres non, mais moi je le soutiens à fond !”
Adopté, Yohan a aussi trouvé dans cette équipe un environnement sportif idéal pour sa progression. Avec de vrais résultats : “Au début, quand il est arrivé, c’était difficile d’imaginer une qualification pour les Jeux, explique son entraîneur Macédonien dans un Français impeccable. Mais grâce au travail qu’il a fourni, on s’est très vite rapproché de cet objectif”. De quoi revoir ses objectifs à la hausse ? Pas vraiment : “Mon seul véritable objectif sera de finir la course. Mais pour le petit challenge, j’aimerais battre mon pote Marocain Samir Azzimani. Il y a quatre ans, aux Jeux de Vancouver, il avait fini 44e du slalom. Ce serait bien de montrer au monde que le Timor peut battre le Maroc qui a de la neige (rires)”. L’autre ambition de Yohan, c’est de susciter des vocations. Et c’est bien parti : Alexis, son petit frère, vise déjà les Jeux de 2018, avec, promet-il, une médaille en vue.
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Yohan Goutt, Timor, Sotchi 2014

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