Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Coupe du monde : Guillermo Fayed : "En 2013, j’ai dit aux coaches que j’arrêtais ma carrière…"

François-Xavier Rallet

Publié 27/11/2015 à 16:13 GMT+1

Guillermo Fayed, qui lance sa saison à Lake Louise ce week-end, revient de loin. Troisième de la Coupe du monde de descente en mars, le Chamoniard a failli tout arrêter il y a deux ans. Quand tout allait mal…

Guillermo Fayed à Val Gardena

Crédit: Zoom

L’hiver dernier, Guillermo Fayed l’a vécu comme une seconde vie. Comme une nouvelle vie. Troisième du classement général de descente, le Chamoniard n’avait jamais connu de tels honneurs. Et depuis Nicolas Burtin en 1998 (3e), aucun Français n’était parvenu à tutoyer les meilleurs avec une telle régularité. Il faut dire qu'à 29 ans, "Gus" commençait à s’impatienter. "En fait, tout au long de la saison, je n’ai pas trop réalisé ce que j’accomplissais, avoue-t-il. Je ne regardais jamais le classement (de la descente). Et puis lors des finales (à Méribel), tout est tombé en même temps. Et ç’a été une joie immense."
Sur les neiges françaises, il flirte avec le podium. Cinquième des finales, il coiffe sur le fil Matthias Mayer et Dominik Paris. Deux jeunots morts de faim. Une autre génération. Le résultat est inespéré. "Pour moi, ce podium du général, il était perdu, concède-t-il. Il fallait que mes deux adversaires se ratent, sur une piste qui leur convenait en plus. Et puis finalement, ça a tourné en ma faveur." Pour trois petits points, Fayed a devancé le champion olympique de Sotchi et le vice-champion du monde 2013. Point final d’un hiver rondement mené.
LES DESCENDEURS FRANÇAIS EN COUPE DU MONDE DEPUIS 2011
Classement Nombre de pointsSaison
Guillermo Fayed3e3892014-2015
Johan Clarey7e2862013-2014
Adrien Théaux10e2482013-2014
Adrien Théaux7e2322012-2013
Johan Clarey10e2832011-2012
Adrien Théaux6e2652010-2011
On se dit qu’on n’ira pas plus loin, que les autres ont quelque chose qu’on n’a pas
Le point d’orgue ? Ses deux podiums évidemment, à Lake Louise (2e) et à Kitzbühel (3e). "Trois, corrige-t-il, si on compte celui de Méribel.A Kitzbühel, j’ai vécu un moment incroyable. Sur une telle piste, quand on est au mieux, on fait 6e. ça faisait sept ou huit ans que c’était comme ça. On se dit qu’on n’ira pas plus loin, que les autres ont quelque chose qu’on n’a pas. Et puis…"
Cette course sur la Streif, Fayed aurait pu la regarder devant sa télé. Deux ans plus tôt, le skieur vit mal ses mauvais résultats. L’envie est bien là mais les contre-performances s’enchaînent, la dépression le guette. "J’étais dans un état d’esprit qui ressemblait à ça en 2013. Et puis, j’en ai eu marre et j’ai décidé d’arrêter. Jai dit stop. Je l’ai annoncé aux coaches, au chef de groupe. Eux m’ont dit de réfléchir avant de prendre une telle décision, mais pour moi, c’était clair..." A ce moment-là, Fayed n’a qu’une envie : raccrocher. Lui se voit déjà rejoindre son père en Catalogne, se poser sur la plage et jouir de la vie.
Mais t’es débile ou quoi ? T’as encore envie de faire de la descente, t’as ta place en équipe de France. Pourquoi arrêter ?
A l’époque, Fayed ne connaît pas la même notoriété qu’aujourd’hui. L’info d’une possible fin de carrière reste en interne et ne sort donc pas dans la presse, car "ses états d’âme n’avaient pas d’écho particulier à ce moment-là de sa carrière", juge notre confrère Alexandre Pasteur. Fayed décide alors de soigner son dos, continuellement abîmé. Sa réflexion va durer un mois et demi. "J’étais à la maison, je me suis dit : ‘Mais t’es débile ou quoi ? T’as encore envie de faire de la descente, t’as ta place en équipe de France. Pourquoi arrêter alors que tu prends encore du plaisir ?"
picture

Guillermo Fayed, 5e de la descente des Mondiaux.

Crédit: AFP

Quand Fayed a annoncé son retour, "l’équipe m’a souhaité la bienvenue". Comme s’il ne s’était rien passé. "C’était reparti. Mais ça a joué un peu contre moi. Je l’ai payé après car un mec qui a envie d’arrêter, il sait que sa place est mise en danger. On ne le prend plus trop au sérieux." Derrière, la relève pousse. "Et les jeunes, eux, ont vraiment envie", ajoute-t-il. Avec un peu de recul, Fayed sait où le mal résidait. "Je m’enterrais un peu vite. Ça ne marchait pas, donc tout ne marchait pas. Et je restais dans cet état d’esprit très longtemps."
Finalement, ce sont les jeunes qui lui "ont appris à ne pas se morfondre." "Aujourd’hui, j’arrive à me dire après une course ratée, que la suivante sera meilleure. On avance et ce n’est pas la fin du monde." A 29 ans, Fayed vit ses plus belles années. Il fallait simplement qu’il s’en rende compte.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité