Théaux en avait rêvé

Les plus ronchons avanceront un bon dossard, des conditions météorologiques avantageuses, une excellente visibilité ou encore une meilleure qualité de neige lors de son passage. Ils n'ont probablement pas tort, mais la performance d'Adrien Théaux, mercredi lors de la descente de Lenzerheide, ne doit pas se résumer à ces faits de course. Pas uniquement en tout cas. Ça serait trop facile et surtout très injuste.

Ce mercredi, tout était réuni pour que le dossard n°8 sorte du lot. La piste Silvano Beltrametti, effectivement ensoleillée dans ses grandes largeurs lorsqu'il a quitté la cabane de départ, a parfaitement collé à son style. "Patrice (NDLR : Morisod, le coach suisse qui entraîne les Français en vitesse) m'a dit : "cette piste est taillée pour toi. Ils l'ont faite pour toi. Ben, c'est sympa, merci !", s'est amusé le skieur de Val Thorens. Pour y briller, il fallait de l'engagement, de la vitesse. Il fallait aussi maîtriser les nombreux mouvements de terrain. Tout ce qu'il aime. Sur le gymkhana suisse, le Français a donc laissé filer les skis, s'est montré agressif et a parfaitement conduit son ski extérieur, notamment lors de la grande traverse en bas du tracé. Après un peu plus de 80 secondes d'effort, le Pyrénéen de 26 ans, qui n'avait jamais skié à Lenzerheide, est allé capturer une première victoire en Coupe du monde.

Cela faisait quatre ans que cela n'était plus arrivé à un skieur de l'équipe de France en vitesse. Le dernier se nommait Pierre-Emmanuel Dalcin. Le 20 janvier 2007, à Val d'Isère, le costaud de Val-Cenis, qui a raccroché en octobre, avait dompté la piste "Oreiller-Killy". Depuis plus rien pour le camp tricolore. Ou presque. En décembre dernier, Théaux avait déjà fait parler de lui. Mais c'était en Super-G, à Beaver Creek. Sur la Birds of Prey, il avait succédé (déjà) à Dalcin, dernier Tricolore (février 2004 à Garmisch) à figurer sur un podium dans la spécialité. A Lenzerheide, il est passé dans une autre dimension. Celle des vainqueurs. Celle qui vous permet de viser encore plus haut. Théaux a attendu la dernière descente de l'hiver pour marquer les esprits. Il a gardé le meilleur pour la fin. Pour ouvrir son appétit sûrement aussi, en vue du prochain exercice.

"Je pense que je ne pouvais rêver beaucoup mieux pour finir. C'est une super saison tout court, une super saison en descente", a-t-il commenté. Sixième au classement de la spécialité, Théaux aspirait depuis toujours à cette première victoire. Comme il avait rêvé de son podium (3e) à Kitzbühel fin janvier. Sur les neiges helvètes, après avoir pris la tête d'un bout de spatule à l'Autrichien Joachim Puchner, le Français a dû attendre que le combat des chefs ait lieu, celui qui opposait Didier Cuche à Michael Walchhofer : "En franchissant la ligne avec un centième d'avance, je pensais que cela ne suffirait pas. Et si !".Et de conclure : "Je n'aurais pas cru faire trois podiums dans la saison, surtout dans deux disciplines différentes. Je prouve que la polyvalence paie, et moi, je cherche cela." Quelque chose à redire ?