Rocca fortissimo

Un air de déjà vu. Quand Benjamin Raich s'est élancé peu avant 20h, sous la neige et dans la nuit, l'Autrichien était alors le seul à pouvoir priver Giorgio Rocca de la victoire, exactement comme à Beaver Creek, huit jours plus tôt. Et comme dans le Colorado, Raich n'a pas tenu. Cette fois, au moins a-t-il rallié l'aire d'arrivée. Mais alors qu'il possédait une marge confortable à mi-pente (57 centièmes), il a complètement coincé sur le bas, échouant finalement pour 25 centièmes.

Après avoir signé à chaque fois le meilleur temps sur le premier tracé, Raich pouvait espérer mieux qu'une deuxième place en deux courses. Vainqueur du globe de cristal de la spécialité l'an dernier, il se trouve sous la menace directe de Giorgio Rocca, l'homme en forme de ce début de saison. Raisonnablement prudent en première manche (3e à 27 centièmes de Raich, à égalité avec Grandi et un centième derrière Palander), le skieur de Livigno s'est montré impérial sur le second tracé, signant d'ailleurs le meilleur chrono.

A 30 ans, Rocca n'a sans doute jamais été aussi fort. Explosif, il est capable de mettre une intensité incomparable dans son ski. Il semble également gagner en régularité. L'hiver dernier, il avait décroché trois succès, en collectionnant parallèlement les sorties de pistes. Il parait à l'abri de ce genre d'écueil désormais. C'est la huitième victoire de sa carrière, mais la première à domicile. Un message clair à deux mois des Jeux de Turin.

Les deux autres héros de Beaver Creek ont connu des fortunes diverses. Troisième à la maison, l'Américain Ted Ligety a confirmé en prenant la sixième place sur la Canalone Miramonti. En revanche, Stéphane Tissot, dauphin de Rocca à Vail, n'a effectué qu'une brève apparition à Madonna. Le skieur de Megève s'est laissé piéger dès le début de la première manche par la banane placée après une dizaine de portes. Dommage, car il s'était élancé avec un engagement prometteur.

Heureusement, le groupe des slalomeurs tricolores a de la réserve. Tissot out, Jean-Pierre Vidal a retrouvé une partie de ses sensations. Après avoir joué placé lors du premier acte (10e), le champion olympique de Salt Lake City a ensuite lâché les chevaux. Vidal a grignoté tout ce qu'il pouvait, remontant jusqu'au cinquième rang. Le quatuor de tête, qui le devançait de plus d'une seconde, resta logiquement inaccessible. Il aurait fallu de la casse pour que "Jipé" accède au podium, mais il n'y en eut pas.

N'empêche, Vidal égale d'ores et déjà son meilleur résultat de l'hiver dernier, à Schladming. Dans la grisaille actuelle, cette cinquième place, succédant au podium de Tissot, confirme la bonne tenue de cette discipline. Il ne reste plus à Pierrick Bourgeat qu'à se mettre au niveau de ses deux collègues. Qualifié à l'arraché (30e) pour la seconde manche, il échoue à la 24e place, loin de ses espoirs de début de saison. Mais l'hiver est encore long.

C'est vrai aussi pour Miller. En mal de repères en slalom, l'ami Bode connait encore trop de déchets sur les skis courts. Résultat, après sa sixième place lors du premier tracé, il est à nouveau sorti. Mauvaise pioche pour le yankee, qui préserve tout de même sa première place au classement général de la Coupe du monde. Le voilà néanmoins plus que jamais sous la menace du discret mais ultra-régulier Aksel Lund Svindal. Le métronome norvégien a hissé sa grande carcasse jusqu'à la 11e place.