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MONDIAUX 2017 - Objectifs trop ambitieux, faillite des leaders et JO : Les Bleus ont eu tout faux

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 20/02/2017 à 12:18 GMT+1

A l’issue d’un slalom où les Français ont encore coulé, les Mondiaux de ski alpin viennent de se refermer à Saint-Moritz. Et le bilan de l’équipe de France masculine est bien loin des attentes fixées en début d’épreuve. La faute notamment à des cadres pas au niveau.

Alexis Pinturault, déçu de sa 7e place lors du géant des Mondiaux 2017 de Saint-Moritz

Crédit: Panoramic

La France s’est-elle vu trop belle avant coup ?

Si l’on regarde la performance globale de l’équipe de France, ces Mondiaux sont moyens avec seulement 2 médailles, toutes deux d’or. Mais cela suffit à placer les Tricolores au 3e rang du tableau des médailles, loin derrière l’Autriche (9 médailles dont 3 d'or) et la Suisse (7 médailles dont 3 d'or). Alors pourquoi a-t-on ce sentiment de gâchis ? Sans doute parce que l’on est bien loin des espoirs du DTN Fabien Saguez qui avait fixé un objectif de cinq médailles, hommes et femmes confondues. Avec l’or de Worley en géant, ces dernières ont fait le job. Avec le sacre dans l’épreuve par équipes, cela laissait trois breloques demandées aux messieurs. Mais n’était-ce pas trop ambitieux ?
Si l’on s’intéresse aux résultats des Bleus cette saison en Coupe du monde, on remarque qu’ils sont montés à douze reprises sur le podium, pour six victoires. Mais, à huit reprises, c’est en géant que cela s’est passé. Alors, oui, les Français pouvaient rêver d’un sacre voir de deux médailles sur le géant. Cela aurait fait deux breloques. Mais où aller chercher la troisième ? En vitesse ? En slalom ? Il aurait fallu une énorme surprise.

Les surprises n’étaient pas françaises

Et c’est justement l’une des grandes différences par rapport aux précédentes éditions des championnats du monde. Depuis une quinzaine d’années, l’équipe de France masculine avait presque toujours su aller décrocher une médaille sur une épreuve où elle ne faisait pas partie des favorites. Cela avait notamment été le cas en 2015 avec Théaux (Super-G) en 2015, Poisson (descente) et de Tessières (Super-G) en 2013, Lizeroux (combiné) en 2009 ou encore Grange (slalom) en 2007. Mais, à Saint-Moritz, les seconds couteaux tricolores n’ont pas réussi d’exploit.
Sans grand résultat en vitesse depuis le début de la saison, les Bleus n’ont malheureusement pas créé de surprise, ni en Super-G (6e avec Alexis Pinturault), ni en descente (10e avec Brice Roger), malgré des résultats loin d’être déshonorants. La blessure de Valentin Giraud-Moine, juste avant les Mondiaux, n’a pas non plus aidé : "On a eu du mal à l’admettre mais l’accident de Valentin a clairement pesé dans l’esprit des coureurs et de l’encadrement en première, s’est exprimé le président de la Fédération Française de ski alpin Michel Vion après le slalom. Il y aura bien eu la belle place en Super-G d’Alexis (Pinturault, 6e) mais ensuite, on a été un peu en dedans". Et, en slalom, les Français n’ont plus le vivier qu’ils pouvaient avoir ces dernières années. Abonnés aux exploits pour rentrer dans le top 10, les Bleus sont passés à côté ce dimanche, aucun n’étant dans le top 15.

Les pires Mondiaux depuis 2005

Avec ses deux médailles ramenées de Suisse, l’équipe de France réussit son pire bilan depuis plus de dix ans. Il faut remonter aux Mondiaux de 2007 à Are en Suède pour retrouver un pire bilan, avec l'unique médaille de bronze de Jean-Baptiste Grange en slalom. Mais, même alors, elle avait pu compter sur les skieurs masculins pour se sauver du zéro pointé constaté en 2003, déjà à Saint-Moritz.
Cette année, ce sont justement les messieurs qui sont passés à côté et c’est beaucoup plus rare. Zéro médaille pour l’équipe de France masculine, cela faisait tout simplement douze ans que cela n’était pas arrivé. Pour voir un tel bilan, il faut en effet remonter à 2005, à Bormio, lors de Mondiaux marqués par le show Benjamin Raich (4 médailles dont d’or). Mais, à l’époque, le ski alpin français était bien loin du niveau auquel il est aujourd’hui. Du moins, du niveau auquel il l’est lors de la Coupe du monde.

La faillite des cadres

Car, en Coupe du monde, si le bilan français est intéressant, il montre clairement que ce sont surtout les stars françaises du géant, Pinturault et Faivre, qui performent. A eux deux, ils cumulent huit des douze podiums tricolores de la saison. Si on leur ajoute Adrien Théaux, 5e de la Coupe du monde de descente, et Victor Muffat-Jeandet, 5e de la Coupe du monde de géant en 2015-2016, ces quatre-là représentaient les meilleures chances françaises de médaille à Saint-Moritz. Et tous se sont raté, à différents niveaux. On pourrait bien sûr revenir sur Alexis Pinturault, le plus attendu ces deux semaines après une saison de très haut niveau et surtout régulière. Mais les trois autres aussi ont clairement déçu.
Son compagnon de podium à Val d’Isère Mathieu Faivre est passé à côté de sa course lors du géant, ne mettant pas les ingrédients qu’il fallait, devant finalement se contenter d’une 9e place. Un constat également valable pour Théaux (9e en combiné, 27e en descente et 16e en Super-G) et Muffat-Jeandet (20e en combiné, 13e en géant et 17e en slalom). " On pensait faire des médailles en combiné et en géant et on n’a pas su transformer ça, a déclaré ce dimanche Michel Vion. Alexis (Pinturault) est resté en retrait, on l’a senti un peu tendu et, du coup, on passe à côté. Après, ce n'est pas le tout d’être favori en géant mais faut assumer derrière… " Aucun Français dans le top 5 d’une course, c’est quand même un vrai raté…
picture

Adrien Théaux

Crédit: Panoramic

Un an avant les JO, est-ce un mal pour un bien ?

A douze mois des Jeux Olympiques d’hiver 2018, qui auront lieu à Pyeongchang en Corée du Sud, la claque est énorme pour le ski alpin français. Bien sûr, la thèse de l’accident est recevable. Se manquer dans un grand évènement, cela peut arriver à tout le monde. Bien sûr, ces Mondiaux n’auront sans doute rien à voir avec les prochains JO, que ce soit dans la préparation ou dans l’état d’esprit. Mais il reste des questions dont les réponses devront être trouvées d’ici février prochain.
A l’image des problèmes d’organisation de l’entraînement au sein de l’équipe de France, avec un Alexis Pinturault qui travaille dans une structure particulière, aux côtés par exemple de Marcel Hircher. De quoi bien sûr le faire progresser mais également faire grincer quelques dents chez les Bleus. Mais tout cela n’explique pas ces deux semaines compliquées vécues par les Bleus. Si le président de la Fédération Michel Vion tend la thèse de la pression mal supportée (" Tessa (Worley) est une des meilleures géantistes du monde et a parfaitement tenu la pression. Contrairement à d’autres…"), il vaudrait mieux que cela ne soit pas le cas. Car, dans un an, elle sera sûrement encore là. Et, cette fois, la thèse de l’accident ne sera définitivement plus valable.
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