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La descente au paradis

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ParEurosport

Publié 12/02/2006 à 22:30 GMT+1

Installé sur le toit de l'Olympe après sa tonitruante victoire en descente dimanche, Antoine Dénériaz a écrit une superbe page de l'histoire du ski français. Auteur d'une course en tous points parfaite, le skieur de Morillon n'est toujours pas redescendu

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Crédit: Eurosport

"T'es le plus fort Tonio." Larmes aux yeux et mâchoires serrées, Gilles Brénier, alias "Billou", hurle son bonheur et son admiration à son Antoine. A cet instant, celui-ci trône sur la plus haute marche du podium installé dans l'aire d'arrivée de la Banchetta. La Marseillaise vient de s'achever. Les deux hommes, séparés par une trentaine de mètres, n'ont pourtant jamais été aussi proches. Le patron de l'équipe de France savoure le triomphe de son poulain dans la plus grande des courses. Antoine Dénériaz est champion olympique. C'est mérité, c'est tout sauf scandaleux et pourtant, c'est à peine croyable au regard des 13 derniers mois.
Médaille d'or autour du cou, le héros du jour ne semble d'ailleurs pas mesurer lui-même l'impact exact de sa performance. " Franchement, je ne réalise pas. Peut-être ai-je gagné précisément parce que je ne réalisais pas que nous étions aux Jeux Olympiques ", confie le skieur de Morillon. Sur les skis, en revanche, il a tout de suite senti que c'était son jour. "J'étais à l'attaque tout le temps, sur chaque mouvement de terrain, raconte-t-il. Dans le portillon de départ, je me disais: fais-le, fais-le. J'ai fait tout ce que je sais faire, en étant constamment à la limite. Je sentais que j'allais vite. Je n'ai pas lâché une seule courbe jusqu'à la fin."
"J'étais sur mon nuage"
Résultat, une victoire dont la largesse témoigne du caractère exceptionnel. Personne, absolument personne n'a pu rivaliser avec le chrono du Français. "L'écart important? Je ne l'explique pas à chaud, mais un centième aurait suffi ", sourit Antoine. "La dernière fois qu'il avait gagné à Val Gardena, il avait le dossard 30 et il avait déjà mis huit dixièmes à tout le monde ", rappelle Pierre-Emmanuel Dalcin, excellent 11e dimanche. Preuve que quand il est au top, Antoine peut vraiment évoluer sur une autre planète. C'était bien le cas à Sestrières. "Je n'étais plus aux Jeux, j'étais sur mon nuage", résume l'intéressé.
Dire qu'il y a de cela un an, Dénériaz sortait tout juste de l'hôpital, avec un plâtre et des béquilles. En janvier 2005, pour la première fois de sa carrière, il s'est "fait un genou" comme on dit dans le jargon des kamikazes. Une chute dans le Goulet, à Chamonix, presque chez lui. Il ne résiste pas à raconter une anecdote à ce sujet: "On était en train de m'évacuer par hélicoptère. Gilles (Brenier) était avec moi. Je lui ai dit: 't'en fais pas, je ne serai pas champion du monde, mais dans un an, je suis champion olympique'. Je n'avais pas le droit de lâcher."
L'histoire est belle. Elle témoigne surtout de l'impressionnante force de caractère du bonhomme, qui savait à cet instant qu'il s'engouffrait dans un long tunnel. Fauché en pleine ascension, Antoine a connu des moments difficiles, pendant sa rééducation bien sûr, mais peut-être plus encore depuis son retour sur les pistes, quand il lui a fallu admettre que ses sensations ne revenaient pas. "Je suis vraiment heureux pour lui et cette récompense qu'il a aujourd'hui, parce qu'il a connu quelques calvaires", rappelle Gilles Brenier.
Le message à Marielle Goitschel...
Pendant cette période, la critique ne l'a pas épargné. Pas tant lui en particulier que l'ensemble de l'équipe de France, d'ailleurs. Antoine n'a pas oublié. Et pas digéré. "Les critiques, je m'en fous complètement. Au passage, je voudrais passer un message à Marielle Goitschel. Qu'elle arrête de venir nous faire ch... tous les quatre ans", lâche-t-il histoire de régler un vieux compte. "On critique beaucoup les Français, mais ce que je constate moi, c'est que depuis Nagano, on a toujours ramené au moins une médaille d'or. Tout le monde ne peut en dire autant. Nous ne sommes pas si nuls que ça. J'avais dit que depuis le début du mois de janvier, on montait en puissance", souligne Brenier.
C'était tout particulièrement le cas d'Antoine Dénériaz, dont la compétitivité ne cessait de croitre de puis un mois. Malheureusement pour lui, l'annulation de la descente de Chamonix, une semaine avant les Jeux, l'avait privé d'une occasion de le démontrer. "Je me sentais vraiment très fort là-bas et j'aurais fait un truc, j'en suis sûr , confie le Haut-Savoyard. J'étais frustré que la course n'ait pas eu lieu, mais je suis resté focalisé sur mon ski et sur ma course. Cette victoire, je l'ai construite jour après jour, entrainement après entrainement". "On le sentait venir. C'est vraiment fantastique ", renchérit Bill, le regard toujours aussi humide. Le ski français n'est pas encore redescendu de son nuage. Tant mieux. Qu'il y reste le plus longtemps possible.
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