Et Poisson s'était envolé

Miraculé, David Poisson ? Il y a un an, quasiment jour pour jour, le Français s'était illustré à Val Gardena lors de la descente. De la pire façon qui soit, à vrai dire, pour le sportif qu'il est. Sur le célèbre et redouté saut du Camel, le skieur de Peisey Vallandry s'était envolé. Encore aujourd'hui, les images font toujours aussi froid dans le dos.

Ce samedi 18 décembre 2010, David Poisson est le premier des sept Français en lice. La veille, le tirage au sort lui a réservé un petit dossard : le 4. Juste avant lui, c'est Marco Sullivan qui a poussé le portillon. Juste après lui, c'est Adrien Théaux qui tentera sa chance. Dans les temps du leader provisoire, le Suédois Patrik Jaerbyn, l'Américain ne va pas aller au bout de son effort, victime d'une chute après le quatrième intermédiaire. Sans gravité. Il est 12h23 quand Poisson quitte la cabane de départ et balance son corps sur la Saslong. Après un haut sans folie, le Français est en retard aux trois premiers intermédiaires. Il est 12h24 quand l'improbable se produit.

Sur le Camel, le plus gros saut de la saison pour beaucoup, Poisson s'envole après une minute de course. Au sens littéral du terme. Coupable d'une faute de carre, le Français dérape et perd le contact ski-neige plus tôt que prévu. Le principal intéressé se souvient : "Au moment du saut, je resserre les pieds et ça part en vrille". La chute est monumentale. Effrayante. Poisson voltige, déchausse le ski droit, et retombe près de 70 mètres plus bas. Avec fracas. "Kailloux" est un roc mais il n'est pas inhumain. La hanche gauche, qui a amorti le choc, est meurtrie. Le Français, touché également au pouce gauche, se relève, après quelques minutes au sol, sans grosses blessures apparentes. Ce n'est qu'après un examen complémentaire qu'il apprendra souffrir d'une bonne entorse du genou droit. Un moindre mal. "En l'air, on arrive à savoir où on est, mais on ne sait pas où on va réceptionner. Le but, c'est de retomber sur le dos, car c'est là qu'on a des protections", avait analysé Poisson à l'époque.

Pour la majorité des descendeurs, la Saslong n'est pas la piste la plus difficile du circuit. Comme c'est le cas à Lake Louise ou sur la piste Oreiller-Killy de Val d'Isère, la vitesse y est évidemment présente. Des mouvements de terrain, comme le Ciaslat, la jalonnent aussi. Mais comme le Savoyard l'avait expliqué à nos confrères du Dauphiné l'hiver dernier, "ce sont les sauts qui font la légende de Val Gardena" (*), un endroit qu'il "aime beaucoup", même s'il n'y a jamais brillé (*). Le Camel est celui sur lequel il ne faut pas se louper. "C'est 60m au minimum. Le trou avec la bosse suivante est vraiment énorme. Une fois en l'air, tu n'as plus rien à faire, sinon à te faire plaisir. Quand tu commences à bouger dans tous les sens, c'est que quelque chose ne va pas trop". Et à ce moment-là, et David Poisson peut en témoigner aujourd'hui, seul un miracle peut sauver votre peau...