Pranger inverse les rôles

Ils sont, à coup sûr, les deux slalomeurs les plus en forme de ce début d'année. Manfred Pranger et Reinfried Herbst, déjà à la fête lors du slalom d'Adelboden, ont de nouveau dominé les débats lors de celui de Wengen. Or, cette fois-ci, le premier nommé, dauphin de l'épreuve suisse, s'est imposé devant celui qui l'avait devancé le week-end passé. Comme à Adelboden, Manfred Pranger avait signé le meilleur temps de la première manche. Mais contrairement à la semaine dernière, le fougueux Autrichien, qui possédait 34 centièmes d'avance au moment de s'élancer, a tenu bon jusqu'en bas du second run très tournant.

Sur la "Jungfrau", le solide gaillard (1,84m pour 90 kg) n'a même rien perdu l'après-midi. A l'arrivée et sous la neige, le trentenaire s'est adjugé la troisième victoire de sa carrière en Coupe du monde, lui qui n'avait plus gagné depuis quatre longues années et le slalom de Schladming. Un bail... Vainqueur à Alta Badia cet hiver, le Croate Ivica Kostelic a complété un podium de très haut niveau. Hors du coup lors de la descente de samedi, l'Autriche a redressé la tête et a pu bomber le torse entre les piquets serrés helvètes. Outre Manfred Pranger et Reinfried Herbst, pointé à 34 centièmes à l'issue des deux passages, la Wunderteam a placé deux autres de ses soldats dans le top 5.

A seulement 20 ans, Marcel Hirscher a confirmé qu'il n'avait rien à envier aux meilleurs techniciens du circuit en prenant la 4e place. Le double champion du monde junior (géant - slalom) a signé le deuxième chrono du second tracé. Quant au leader du classement général de la Coupe du monde, Benjamin Raich, il a terminé au 5e rang de l'épreuve et a, ainsi, conforté son leadership en tête de "l'overall". Quatrième à mi-parcours, Jean-Baptiste Grange a finalement rétrogradé à la 6e place. Pour le Mauriennais, qui conserve le dossard rouge de la spécialité (44 points d'avance sur Kostelic), la casse est limitée. Les mauvais langues diront qu'il a raté sa course. Mais, dans un mois de janvier crucial pour les slalomeurs, "Jibé" s'est montré encore solide, même si son second run aurait pu être meilleur. Et puis, n'est-ce pas à la fin du bal qu'on paie les musiciens ?

Car, pour s'en sortir sur le tracé dessiné par l'entraîneur autrichien, il fallait être costaud sur les skis et dans la tête. Sur les trente qualifiés, neuf d'entre eux (sept abandons et deux skieurs arrivés avec plus de neuf secondes de retard) sont retournés à leurs études. Parmi eux, Aksel Lund Svindal, Jens Byggmark, Felix Neureuther, Andre Myhrer ou encore Bode Miller, toujours aussi à la peine dès que les piquets se rapprochent. Septième le matin, Julien Lizeroux a souffert pour finir 13e. Promis à jouer les premiers rôles dans les années à venir, Mattias Hargin a lui tiré son épingle du jeu en signant le meilleur chrono de la manche finale. Vingt-cinquième à l'issue de la première manche, le Suédois de 23 ans a finalement terminé juste derrière Jean-Baptiste Grange, toujours en lice pour succéder à l'Italien Manfred Moelgg au palmarès de la spécialité. Et c'est bien ça, l'essentiel, non ?