Pinturault en avance, Fourcade perfectible et Norvégiens déchaînés: Les enseignements du week-end

Trois victoires, dont le sprint et la poursuite. A Östersund, Martin Fourcade a trusté les honneurs pour décrocher ses 32e et 33e succès individuels sur le circuit et se rapprocher de la tête du général de la Coupe du monde, à 24 unités d’Emil Svendsen. Ça, c’est la conclusion d’une semaine suédoise sur le plan comptable. Vous allez dire qu’on cherche la petite bête – et vous aurez raison - mais tout n’a pas été parfait pour le Catalan. Il y a d’abord eu cette énorme "craquante" sur le 20km et une anecdotique 81e place. Il y a ensuite eu la poursuite dominicale. Oui, Martin l’a remportée. Non, Martin n’a pas écrasé la course. Parti avec un matelas confortable de 30 secondes, le Français a laissé la porte entrouverte. La faute à un tir défaillant. Cette fois-ci, la concurrence n’en a pas profité. Cette fois-ci…

Verra-t-on Petter Northug aux Mondiaux ? Aujourd’hui, rien ni personne ne peut l’affirmer avec certitude, tant la concurrence fait rage dans l’équipe de Norvège. Martin Johnsrud Sundby, Finn Haagen Krogh, Sjur Roethe, Paal Golberg et Didrik Toenseth ont pris les cinq premières places du Mini Tour de Lillehammer. Si le barbu Sundby affiche 30 printemps, le reste de l’escouade est beaucoup plus jeune et représente l’avenir "norge" (Roethe 26 ans, Krogh et Golberg 24 ans, Toenseth 23). Northug va devoir rapidement retrouver les sommets s’il veut être du voyage fin février à Falun.

Jason Lamy-Chappuis tient sa course référence, celle sur laquelle il va construire la suite de son hiver. A Lillehammer, le Français est remonté sur un podium de Coupe du monde. Ça ne lui était plus arrivé depuis 352 jours. On a pourtant eu peur en début de week-end. Lors du premier gundersen, il s’est écroulé à mi-course. Un coup de pompe soudain. Il avait opté pour de nouveaux skis, qui avaient bien fonctionné sur les fondeurs spéciaux en sprint vendredi. Le coup n’est pas passé. Et puis  "Jez" s’est remis dans d’excellentes dispositions en fin de séjour. Au tremplin déjà mais dès Ruka, on avait senti que ce n’était pas là que ça clochait le plus. En fond surtout où ce dimanche, il a skié au contact des meilleurs. Lamy-Chappuis a retrouvé ses jambes. Sa saison, probablement la dernière… ou pas – peut réellement débuter maintenant.

Avec 412 points dans ses valises après sept épreuves, Kjetil Jansrud fait un solide leader et un candidat crédible pour le gros globe. Son premier dauphin, Marcel Hirscher, est déjà repoussé à 172 unités. Rien d’irrémédiable début décembre mais l’avance du Norvégien doit être prise au sérieux. Le colosse nordique est devenu la référence mondiale actuelle de la vitesse, mais il sait aussi que les Super-G et les descentes ne suffiront pas s’il veut briguer la première place du général après les finales de Méribel en mars. Pour y parvenir, Jansrud devra à coup sûr briller dans une troisième discipline, en l’occurrence le géant, ses premières amours. A Beaver, il est passé tout près d’un gros coup. Sixième de la première manche, il a finalement hérité de la 15e place à l’issue de la seconde, soit 16 points de plus.

Cinq courses, trois podiums dont deux en deux jours, une déception et un gros raté. Depuis l’ouverture du cirque blanc, Alexis Pinturault ne déçoit pas. Sur 500 points possibles, le skieur de Courchevel en a compilé 200. L’hiver dernier, à ce même stade de la saison, il en comptait 62 de moins en quatre épreuves (il n’avait pas pris part au Super-G de Lake Louise). Au moment de faire les comptes, en mars dernier, on avait reproché au Français d’avoir raté ses premières sorties (et encore). Difficile de tenir le même discours neuf mois plus tard.

Aussi bien chez les hommes que chez les femmes, le week-end de ski nordique a été marqué par une domination norvégienne de tous les instants. Il suffit de voir les classements finaux du Mini Tour de Lillehammer en ski de fond. Chez les messieurs, Sundby, Krogh, Roethe, Golberg et Toenseth ont trusté les cinq premières places. Chez les dames, Bjoergen, Johaug, Weng et Oestberg ont constitué le quatuor de tête, auquel il faut ajouter les noms de Haga et Falla (6e et 7e). Une véritable razzia à mettre en parallèle avec les performances des combinés : Kokslien a remporté le second Gundersen du week-end pendant que Moan et Klemetsen se classaient 6e et 7. La veille, Schmid avait pris la troisième place, devant Moan (4e) et Kokslien (7e). Si les Allemands Riessle et Frenzel conservent les deux premières places du général, la garde norvégienne se fait de plus en plus menaçante.