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Après-demain : et si le tennis canadien prenait le pouvoir ?

Laurent Vergne

Publié 14/01/2017 à 21:03 GMT+1

Toujours dans le cadre de notre dossier sur les jeunes pousses du tennis mondial, coup de projecteur cette fois sur après-demain, et non demain. Ils s'appellent Felix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Bianca Andreescu ou Benjamin Sigouin. Leurs points communs ? Ils viennent du Canada et ils ont un talent fou. A 16 ou 17 ans, ils promettent énormément.

Felix Auger Aliassime lors de son titre juniors à l'US Open en 2016.

Crédit: AFP

Et si le Canada devenait la Suisse ou l'Espagne des années 2020 ? Jusqu'alors, il n'a jamais été considéré comme un grand pays de tennis. Environ 25 pays, chez les hommes, ont remporté au moins un titre du Grand Chelem dans l'histoire du tennis. Le Canada, jamais. Là-bas, même les places de finaliste sont historiques. Lorsqu'il a battu Roger Federer à Wimbledon l'an passé, Milos Raonic est même devenu le premier joueur canadien à atteindre une finale majeure.
A l'échelle historique, le tennis à la feuille d'érable ne pèse donc rien. Mais cela pourrait bien changer. Dans des proportions très significatives. La génération actuelle, celle de Raonic, donc, mais aussi à un degré moindre de Vasek Pospisil, et d'Eugénie Bouchard (numéro 5 mondiale WTA en 2014) chez les filles, a déjà donné une place significative au Canada. Raonic, qui n'a encore que 26 ans, est aujourd'hui numéro 3 mondial. Il semble le plus à même à ce jour de cueillir un grand titre. Ce sont eux qui ont sorti le tennis d'une certaine confidentialité dans ce pays où la passion brûlante pour le hockey sur glace dévore tout.
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Raonic et Federer à Wimbledon

Crédit: AFP

Une décennie pour structurer le tennis canadien

Le tennis canadien recueille aujourd'hui les fruits d'un travail de fond mené depuis plusieurs années. Le coup de booster est venu en 2007, avec la création d'une Centre de formation national dédié au tennis, à Montréal. Derrière ce projet, un entraîneur... français, Louis Borfiga. L'ancien de l'INSEP, qui a notamment contribué à former Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils dans les années 90, a mis son savoir-faire au service de la jeunesse canadienne, à l'image de Raonic (qu'il a repéré lui-même) et Bouchard. "Quand je suis arrivé, il n'y avait pas de structure, mais il y avait une volonté", explique Borfiga.
Les résultats, eux, sont arrivés plus vite encore qu'espérés, et dans des proportions importantes. Pourtant, Patrick Mouratoglou, lui, n'est pas surpris. "Le Canada ne cesse de produire de très bons joueurs depuis que leur Fédération s’est mieux structurée, notamment en allant chercher des cadres chez nous en France", souligne l'entraîneur de Serena Williams. Outre Borfiga, Guillaume Marx l'a en effet suivi, tout comme, plus tard, Frédéric Fontang. Et le pire (pour la concurrence), c'est que le meilleur est sans doute à venir.
"Apres la génération Raonic, Pospisil et Bouchard, avance encore Mouratoglou, la nouvelle garde donne encore plus d’espoirs." La nouvelle garde, si elle confirme ses belles promesses, a en effet le potentiel pour porter le tennis canadien vers les sommets. Il est certes toujours complexe de prédire si un super junior fera un super champion. Le Canada en sait quelque chose : Filip Peliwo, vainqueur de Wimbledon et de l'US Open juniors en 2012, n'a jamais percé chez les pros, même si dans son cas, des pépins physiques expliquent en partie cette pénible transition. Reste que le vivier canadien est aujourd'hui impressionnant.

Razzia chez les juniors

En 2016, le Canada possédait trois des cinq meilleurs joueurs dans cette catégorie d'âge chez les garçons, Denis Shapovalov, Felix Auger-Aliassime et Benjamin Sigouin. Sans oublier la numéro 3 mondiale chez les juniors filles, Bianca Andreescu. Les deux plus prometteurs sont probablement Shapovalov et Auger-Aliassime. Le premier a triomphé à Wimbledon l'été dernier, le second à l'US Open, après avoir frôlé le sacre à Roland-Garros. Malgré trois balles de match, Auger-Aliassime avait laissé filer la victoire au profit de Geoffrey Blancaneaux, de deux ans son aîné. Ce qui avait pourtant frappé ce jour-là, sur le court N.1 de la Porte d'Auteuil, c'est que le Québécois, dans son physique comme dans son jeu, semblait plus avancé, plus mature que son rival français.
Né le jour des 19 ans d'un certain Roger Federer (né en 2000, il est du 8 août, comme l'illustre champion suisse), Felix Auger-Aliassime est un véritable diamant brut. Passé pro après son titre à Flushing, il va tenter de s'aguerrir cette saison. Mais il n'a encore que 16 ans. Shapovalov, lui, a 15 mois de plus. Et il a commencé à faire du grabuge sur le grand circuit. En août dernier, invité à disputer le Masters 1000 de Toronto, il avait fait sensation en battant Nick Kyrgios au 1er tour. Battre un Top 20. Dans un Masters 1000, à 17 ans, ce n'est pas rien. Désormais rompu à écumer les Challengers, Denis Shapovalov a intégré le Top 250 à l'ATP. Il est le seul joueur de moins de 18 ans dans les 300 premiers mondiaux.
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Denis Shapovalov l'an dernier à Toronto

Crédit: Imago

Shapovalov : "Raonic est un modèle, une inspiration"

"Auger-Alliassime et Shapovalov ont des qualités bien différentes mais tous deux démontrent un très gros potentiel, estime Patrick Mouratoglou. Le premier est très mature, très complet, très solide. Il est désormais grand et son potentiel athlétique est énorme. Shapovalov est gaucher et très explosif et agressif. Il n’a pas peur de grand-chose." Bien sûr, le chemin est encore long pour eux. Mais cette scintillante génération témoigne a minima que le Canada sait désormais sortir de très bons jeunes, et en nombre.
Et si Milos Raonic avait quelque chose d'un pionnier, d'un explorateur, les juniors d'aujourd'hui ont trouvé en lui un point de repère. "Il est mon modèle et une inspiration, souligne Shapovalov, lui aussi originaire de l'Ontario. Il nous montre que c'est possible d'aller très haut, que ce n'est pas réservé aux autres." Amoureux du jeu sur gazon, Shapovalov rêve de suivre les traces de son ainé, finaliste à Wimbledon l'an dernier. Et même, pourquoi pas, de franchir la dernière marche.
Raonic, lui apprécie son rôle de grand frère. "Il y a vraiment beaucoup de raisons d'être optimiste pour le futur du tennis canadien. Son avenir s'annonce brillant", juge le numéro 3 mondial. Il aura été celui qui a fait entrer le tennis canadien dans la grande arène. Mais dans dix ans, qui sait si une finale de Grand Chelem comme la sienne à Londres l'an passé, ne perdra pas tout caractère historique pour devenir une forme de banalité...
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