ATP - Bilan Top 10 2014 : Marin Cilic, l'homme qui (re)venait de nulle part

Il est sans aucun doute l'invité surprise de ce Top 10. Il n'y avait mis les pieds que furtivement en pointant quelques semaines à la 9e place au printemps 2010. Depuis, Marin Cilic l'avait parfois approché, sans plus. Et sa suspension pour dopage en 2013 l'avait éloigné des radars du top niveau. Mais sa collaboration avec Goran Ivanisevic (depuis septembre 2013) a selon ses propres dires totalement changé son approche de la compétition et de son propre potentiel. Néanmoins, le voir revenir sur les cimes du classement a constitué une petite surprise.

Mais que ce retour s'accompagne d'un titre en Grand Chelem relève du tremblement de terre. La victoire de Marin Cilic à l'US Open constitue probablement le sacre le plus inattendu de ces 20 dernières années à ce niveau avec ceux de Gustavo Kuerten (1997) et Gaston Gaudio (2004) et celui de Thomas Johansson en Australie (2002). Personne ne l'a vraiment vu venir. A son crédit, il faut souligner que le Croate a réalisé une saison pleine, forte de quatre titres dont un chez lui, à Zagreb, qui l'a remis sur les rails dès le mois de février. Même en ôtant sa victoire à Flushing, il aurait fini l'année au 14e rang.

0. Le nombre de quarts de finales atteints par Cilic en Masters 1000 cette saison. Il n'a même pas atteint les huitièmes de finale une fois sur deux (4 sur 9).

0. Cilic n'a pas perdu un seul set lors de ses trois derniers matches sur la route du titre à New York, contre Berdych, Federer et Nishikori. Personne n'avait accompli pareille performance depuis près de quatre ans (Novak Djokovic, Open d'Australie 2011).

28. Parmi les 10 membres du Top 10 cette saison, il est le seul à avoir effectué un bond de géant au classement. 37e fin 2013, le Croate a gagné 28 places en une année.

Le match du titre, le match de la gloire, c'est évidemment celui face à Kei Nishikori en finale. Mais de cet US Open presque surnaturel, on retiendra peut-être davantage encore sa victoire sur Roger Federer (6-3, 6-4, 6-4) en demi-finale. Ce jour-là, Cilic a vraiment tutoyé la perfection. Un match hors du temps. Si l'état de grâce existe, le Croate l'a connu contre Federer.

Marin Clic n'était déjà pas passé loin d'un énorme coup à Wimbledon. Arrivé en quarts de finale, il a mené deux sets à un face au futur vainqueur, Novak Djokovic. Malheureusement pour lui, il a coincé physiquement dans les deux derniers sets. Mais Cilic annonçait clairement sa montée en puissance.

Il est parfois tout aussi difficile de digérer une terrible défaite qu'une immense victoire. Personne n'attendait vraiment Marin Cilic dans la peau d'un vainqueur en Grand Chelem. Pas sûr que lui-même y était préparé. A 26 ans, il a changé de dimension et son avenir à moyen terme dépendra de sa faculté à se remobiliser durablement. "Cela semble irréel de me dire que je suis un vainqueur de Grand Chelem", admettait-il à New York. Il devra s'y faire. C'est parfois plus compliqué qu'il n'y parait.