Selon Stanislas Wawrinka, les joueurs français manquent de rigueur à l'entraînement

Exemple parfait de persévérance sur le circuit, Stanislas Wawrinka est quelqu'un que l'on écoute quand il parle d'entraînement, d'ambition et de sacrifices. Et le Suisse, qui a obtenu le meilleur résultat de sa carrière en début de saison en s’imposant face à Rafael Nadal en finale de l’Open d’Australie, a quelques idées sur ce qui manque aux joueurs français pour franchir ce cap. Très ami avec beaucoup d'entre eux, avec lesquels il s’entraîne régulièrement, le Suisse les a exprimées avec la franchise qu’on lui connaît dans un entretien publié sur lefigaro.fr. Il n'est pas tout à fait le premier à les exprimer, mais les observations viennent d'un témoin très privilégié.

Stanislas Wawrinka précise : il "ne veut pas critiquer". Mais il laisse entendre que les joueurs français manquent peut-être un peu de régularité dans leur implication lors des entraînements quotidiens. "Quand je vois Tsonga et Gasquet, cela fait des années qu’ils sont dans le Top 15, le Top 10, ils ont déjà fait des demies ou des finales, ont gagné beaucoup de tournois, il ne leur manque pas grand-chose", a constaté le joueur suisse avant de souligner le "travail assidu depuis des années" qui l’a conduit à son premier titre de Grand Chelem. "On ne peut pas se contenter de dire 'Roland-Garros est mon objectif, alors les trois semaines qui précèdent, je vais bien me préparer pour y parvenir.' Pour Roland-Garros, cela commence aujourd’hui. Quand on joue contre Nadal, Djokovic ou Federer, il faut être à 100% tous les jours, sur tous les tournois, sur tous les matches, insiste-t-il. La question n’est plus de gagner ou de perdre, mais de tout donner, tout le temps."

"Tout donner, tout le temps", un véritable mantra qui n’est pas sans rappeler la citation de Samuel Beckett que Stanislas Wawrinka s’est fait graver dans la peau de l’avant-bras : "Ever Try. Ever Failed. No matter. Try again. Fail again. Fail better" ("Essayer. Echouer. Peu importe. Essayer encore. Echouer encore. Echouer mieux"). Une citation que Stanislas Wawrinka aimerait bien voir adoptée par son ami Benoît Paire. A 24 ans, l’Avignonnais, actuellement blessé au genou, pointe à la 28e place mondiale. Un classement honorable dont ne se contente pourtant pas celui qui l’a pris sous son aile depuis son arrivée sur le circuit ATP. "C’est un vrai talent, attention qu’il ne devienne pas un talent gâché, prévient le Suisse. C’est peut-être méchant, mais c’est la réalité. Pour l’instant, il est 28e mondial, c’est énorme, mais c’est sans beaucoup de travail derrière. Il faut qu’il se rende compte que s’il veut viser haut, il faut commencer tôt. Il faut avoir une bonne mentalité tous les jours, et pas uniquement lorsqu’il y a un objectif. S’il prend conscience du travail à effectuer chaque jour, il peut aller assez haut… " Des propos francs et honnêtes qui ne devraient pas surprendre Benoît Paire, régulièrement chambré sur le court ou sur Twitter par celui avec qui il passe le plus clair de son temps libre sur le circuit.

Après quelques semaines de repos, Stanislas Wawrinka, qui n’a plus joué depuis la rencontre de Coupe Davis remportée par la Suisse face à la Serbie (3-2) début février, fait son retour sur le circuit cette semaine à Indian Wells. Le numéro trois mondial affrontera le Croate Ivo Karlovic, qui devrait, comme beaucoup d'autres, faire les frais du travail intensif de Stanislas Wawrinka.