Federer : "La place de N.1 ? Je n'ai pas de regrets car j'ai totalement surpassé mes attentes"

Roger Federer ne regrette rien, non il ne regrette rien. Toujours invaincu dans ce Masters après son difficile succès face à Marin Cilic, jeudi à Londres, et par conséquent toujours en lice pour un potentiel succès final à 1500 points, le N.2 mondial a balayé d'un grand revers à une main d'éventuels regrets quant à la conquête de la place de N.1 mondial, propriété définitive de Rafael Nadal depuis Bercy. Dominer la hiérarchie mondiale ressemble désormais plus à un bonus qu'à un objectif à 36 ans bien fêtés pour le doyen du Masters.

Le Suisse l'a une nouvelle fois martelé après son succès face à Cilic : le trône ne fait pas partie intégrante de ses objectifs à court terme, ni même à moyen terme. "J'ai 2000 points à défendre en Australie, lui non (l'Espagnol devra défendre les 1200 points de sa finale à Melboune et 45 points de son quart de finale joué à Brisbane disputé début janvier 2016, ndlr). Ceci est déjà un problème", a expliqué le Suisse. "Je sais bien qu'il a beaucoup de points à défendre aussi en Australie, mais pas autant que moi. C'est pour cela que je me suis toujours dit : Redevenir N.1 mondial, ce n'est pas un objectif réaliste dans un certain sens."

Cette place de patron, Federer l'a aimé et l'aime toujours, mais elle n'envahit pas son quotidien. "C'est juste quelque chose d'intéressant. C'est l'accomplissement ultime dans le tennis dans un certain sens. Cela l'a toujours été pour moi en tous cas. Mais à mon âge, c'est juste impossible d'y penser", a argumenté le Bâlois. "Je ferai sûrement des erreurs en cours de route si je commençais à me mettre en chasse. Et je ne suis pas sûr que mon corps me permette de me lancer dans des objectifs comme celui-là. C'est simplement irréaliste."

Même un succès à Londres, qui lui permettrait un rapproché à 140 points de Rafael Nadal pour attaquer la saison suivante, ne semble pas le motiver plus que ça. Eternel prudent, le Bâlois semble plus réglé pour bien terminer sa fabuleuse campagne 2017 avant de préparer au mieux celle de 2018, qui sera forcément différente. Avant d'attaquer la conquête d'un septième Masters, il avait d'ailleurs prévenu qu'il lui serait difficile de retrouver son niveau du début d'année dès janvier prochain. Forcément s'accrocher à un chiffre, paraît limite dérisoire. Federer aura besoin d'une pré-saison complète et bien pensée pour rester compétitif. "Des regrets, je n’en ai aucun à ce niveau", a-t-il soutenu. "Mais peut-être qu’à la fin, mes défaites contre Tommy Haas à Halle et Evgeny Donskoy à Dubaï, deux rencontres durant lesquelles j’ai eu des balles de match, me font mal. Mais bon, ce n’est pas comme si j’avais tout donné (…)Je n'ai pas de regrets car j'ai totalement surpassé mes attentes. Je suis juste heureux d'être libéré des blessures, d'être en pleine forme en ce moment et prendre du plaisir."

Federer, qui a connu quelques hauts et bas durant ces rencontres face à Alexander Zverev et Marin Cilic, contre lequel il a reconnu avoir été en grand danger lors du deuxième acte, en a rajouté une couche soulignant l'énorme débauche d'énergie au niveau mental que pouvait représenter une telle quête. Une chose qu'il se refuse donc après avoir connu une nouvelle blessure au dos lors de sa finale à Toronto face à Alexander Zverev. Une blessure qui l'avait privé d'une préparation optimale pour l'US Open et qui lui avait rappelé qu'il n'était pas plus à l'abri que les autres d'un nouveau pépin physique. "Il est vrai que j’étais en position de devenir N.1 mondial si je gagnais le titre, qui plus est avec Cincinnati derrière, mais je ne sais pas pourquoi mon dos s’est bloqué là-bas. D’autant plus que j’avais connu mes meilleures sensations de la semaine en demi-finale, justement. Cela a été une surprise négative de me blesser ainsi."

Federer relance : "Peut-être que si je commence à y penser trop souvent, peut-être que je ne jouerai pas le tennis que je suis censé jouer. Peut-être que je ferai face à des moments de tension, peut-être que je deviendrai nerveux et peut-être que cela ne serait pas bon pour mon dos. Qui sait ce qu'il peut se passer? "

La suite Federer l'envisage pas à pas. Ce ne sera pas bien difficile pour lui : il lui reste deux marches à gravir avant de reconquérir la coupe des maîtres pour la première fois depuis 2011. L'opportunité de récupérer à nouveau un Masters paraît trop forte pour être reléguée au second plan aujourd'hui. La place de N.1 mondial, elle, ne sera éventuellement une réalité que dans plus de deux mois. De l'eau aura coulé sous les ponts d'ici janvier. "Je suis toujours très loin de réussir à réduire l'écart de points que j'ai avec Rafa", a argumenté l'Helvète. "Je dois encore gagner le tournoi avant de me rapprocher suffisamment près. Je suis seulement en demi-finale. Les gros points arrivent maintenant. Donc je vais me concentrer sur la demi-finale (...)"

Plutôt que chasser Rafael Nadal qu'il a dominé sur le court à quatre reprises cette saison – en finales de l'Open d'Australie, des Masters 1000 de Miami et de Shanghai et en huitième de finale du Masters 1000 d'Indian Wells – Federer a préféré rendre hommage à l'Espagnol qui a incontestablement été l'autre homme de la saison 2017. "La saison s'est passée comme elle s'est passée et Rafa a été tout simplement meilleur. Il mérite d'être à cette place. Je suis très heureux pour lui car il a eu une saison 2016 tout aussi difficile."

A deux succès de terminer de la meilleure des façons sa campagne 2017, Federer a surtout une nouvelle fois savouré ce retour accompli dans tous les domaines. "Je suis juste content d'avoir joué une grande saison. J'ai été très heureux d'atteindre ce niveau de jeu et de l'avoir encore en cette fin de saison. Cela n'a pas été l'histoire d'un tournoi gagné au début, puis plus rien. C'est tout au long de la saison que j'ai eu une belle année."