Federer tient sa finale

C'était une anomalie. Elle est réparée. Bercy était le seul tournoi majeur du circuit (Grand Chelem, Masters et Masters 1000) où Roger Federer n'avait jamais atteint la finale. C'est désormais chose faite. Sa collection est complète. Sortant son meilleur match de la semaine au meilleur moment, le Suisse a survolé sa demi-finale face à Tomas Berdych samedi après-midi. Le Tchèque, sans doute un peu fatigué par son combat de trois heures la veille contre Andy Murray, n'a rien pu faire pour contrarier un Federer des très bons jours, flirtant avec son meilleur niveau.

De match, il n'y en a pas eu lors de cette première demi-finale. Breaké à chaque fois d'entrée de set, Tomas Berdych n'a pas mené une seule fois au cours de la partie. Il n'a fallu que quelques points pour comprendre que Federer était un cran au-dessus. Son jeu, fluide et fin, fleurait bon l'eau de Cologne, quand celui de Berdych suintait l'huile de vidange. Un peu émoussé physiquement, et gêné tactiquement par le slice de revers de Federer à l'échange, il a constamment subi le jeu. Par séquences, particulièrement lors de la première moitié de la première manche, Federer a vraiment régalé le public, tout acquis à sa cause.

Si l'ancien numéro un mondial s'était montré un peu plus opportuniste sur certains jeux de service du Tchèque, l'addition aurait pu être plus salée encore. Mais il faudrait vraiment chipoter pour trouver quelque chose à redire sur la performance de Roger Federer samedi. Solide dans tous les compartiments du jeu, il a même été franchement époustouflant au service, où il a remporté 29 points sur 32 derrière sa première balle (soit 91% de réussite). Comme il a passé 69% de premières sur l'ensemble de la partie, c'était vraiment mission impossible pour Berdych. "Je n'ai jamais eu la moindre opportunité aujourd'hui, constate le Tchèque. Je me suis accroché, j'ai attendu d'avoir une chance, mais elle n'est jamais venue."

S'il s'impose dimanche, Roger Federer rejoindra Andre Agassi, seul joueur à ce jour à avoir inscrit son nom au palmarès de Roland-Garros et de Bercy. Fort de sa neuvième victoire consécutive en moins de deux semaines, frais physiquement puisqu'il n'a pas eu trop à s'employer, il arrive en tout cas en finale (sa 30e dans un Masters 1000) dans d'excellentes dispositions. Que son adversaire soit John Isner ou Jo-Wilfried Tsonga, il en sera l'incontestable favori. Lui a déjà fait son choix, en déclarant sur le court, juste après sa victoire, qu'il espérait affronter Tsonga. Fort, très fort, Rodgeur, qui n'a de toute façon pas besoin de ça pour se mettre le public dans la poche. Mais l'effet était garanti, et la foule a apprécié...