Monfils dans le viseur

"Cette statistique ne va pas durer très longtemps." L'air déterminé et les bras croisés, David Nalbandian semble sûr de son fait. L'Argentin, à qui l'on vient de demander si son déficit dans les confrontations avec Gaël Monfils (1-2) lui pose un problème, ne laisse planer aucun doute sur sa détermination à mener la vie dure au Français. "Je me sens très bien physiquement, dans la même forme que cet étélors de la tournée en Amérique du Nord." Washington fut notamment le lieu où il décrocha le 11e titre ATP de sa carrière. Et s'il ne joua qu'un quart de finale sur les trois tournois qui suivirent, c'est en raison de trois des dix meilleurs joueurs mondiaux qui lui ont barré la route : Murray en quarts de finale de Toronto, Djokovic au 3e tour de Cincinnati et Verdasco au 3e tour de l'US Open.

Il faudra que Monfils ait des vertus de joueur du Top 10 pour le dominer. En tout cas, plus de volonté. Car si les Argentins, finalistes en 2006 et 2008, sont en demi-finales pour la 5e fois depuis 2002, c'est en grande partie à la détermination de "Nalby" qu'ils le doivent. A lui seul, c'est 31 victoires en 40 matches de Coupe Davis, là où Monfils ne compte que trois rencontres à son actif (deux victoires pour une défaite). En l'absence de Juan Martin Del Potro, c'est lui qui a porté à bout de bras cette équipe d'Argentine cette saison. Les deux dernières épopées cette saison en Suède et en Russie en témoignent, avec à chaque fois deux points en moyenne rapportés sur chaque déplacement. Sa plus belle démonstration fut à Moscou où l'actuel 28e mondial a d'abord battu Nikolay Davydenko, avant de donner le point qualificatif lors du 5e match face à Mikhail Youzhny, récent demi-finaliste à l'US Open depuis. Pas de doute : l'ancien N.3 mondial, tombé à la 153e place au début de l'été à la suite d'une série de blessures, est en pleine résurrection et compte bien le faire savoir.

En face, Monfils n'a pas l'air de se faire plus de mouron que ça. Après un été américain, le Parisien revient doucement à la réalité de la Coupe Davis. "Je ne suis pas encore plongé totalement dans ma rencontre face à Nalbandian", reconnaît Gaël arrivé il y a peu des Etats-Unis et encore sous le coup du décalage horaire. "Cela va être un match beaucoup plus dur. Je sais que David joue encore mieux pour son pays. Ce sera une belle expérience, mais je suis prêt, je suis chez moi." N.15 au classement ATP après un US Open qui l'a mené jusqu'en quarts de finale, il a assis un peu plus son statut de N.1 français à Lyon (en l'absence de Tsonga). "Il n'y a aucune pression supplémentaire pour moi. Mika a la même pression que moi, en double aussi. En Coupe Davis, le tee-shirt est lourd, il y a la France derrière. J'ai beau avoir de pseudo-bons résultats à l'US Open, cela ne va pas trop m'aider. Mais j'ai bien joué sous la pression à Clermont-Ferrand (contre l'Espagne en quarts) et c'est avec cet état d'esprit que je vais essayer d'aborder le match vendredi."

"C'est un match important, tout le monde me le répète, insiste-t-il. C'est le match-clé qui peut lancer vraiment la rencontre. Je suis tendu, mais j'essaie de rester calme, de me dire que je ne joue pas trop mal en ce moment et que je suis présent physiquement..." Monfils a l'avantage d'être le seul Français présent à Lyon à avoir un bilan positif face à l'Argentin. Sur les trois rencontres qu'ils ont jouées l'un face à l'autre, Nalbandian a remporté la première à Roland-Garros en 2007, avant que Monfils ne s'adjuge les deux suivantes en 2008 lors des jeux Olympiques de Pékin et à l'US Open. Soit deux rencontres sur dur. Et Monfils de terminer : "Je l'attends de pied ferme. Ce sont des moments dont on rêve depuis qu'on est gamin : jouer des gros matches à des moments importants." Le Français va être gâté.