Benneteau-Gasquet prévu dès vendredi soir ? Les Bleus l'assurent mais personne n'y croit

Une étrange affaire. Voilà à quoi pourrait se résumer l'histoire du double français dans cette finale de Coupe Davis. Au-delà de la défaite, très dommageable sur le fond et brutale sur la forme, il flotte samedi soir dans le camp français une impression de malaise. Jusqu'à deux heures du coup d'envoi de ce double, il paraissait presque acquis que Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet seraient associés pour la troisième fois cette saison en Coupe Davis. Au final, c'est Julien Benneteau qui a accompagné le Biterrois. Pour tout le monde, ce revirement est apparu comme une énorme surprise. Sauf que, à en croire les Français, il n'y a pas eu revirement.

Tous en chœur, ils ont affirmé samedi soir après le double que jamais il n'avait été question de faire jouer Tsonga et Gasquet. "C'est ce qui était prévu dès le début", a assuré Benneteau. Factuellement, ce n'est pas absurde, puisque c'est la composition qu'Arnaud Clément avait donnée jeudi lors du tirage au sort. Sauf que chacun sait que celle-ci est purement indicative. On donne une composition de double parce que le règlement l'impose. Il ne contraint pas à rester fixé sur cette indication première. Alors, on insiste un peu, pour éviter tout malentendu. Julien, on parle de vendredi soir, pas jeudi midi… "Oui, je savais hier soir (vendredi, ndlr) que j'allais jouer avec Richard." Théorie confirmée dans la foulée par le capitaine : "Julien et Richard savaient hier soir qu'il allaient jouer ensemble." Tiens donc.

Dans ce cas, pourquoi Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga se sont-ils entrainés ensemble sur le court du stade Pierre-Mauroy, samedi, entre 10 et 11 heures, puis entre 12 et 13 heures? Réponse un peu embarrassée et pas du tout convaincante de Benneteau : "C'est parce qu'on a discuté hier des horaires d'échauffement. On n'était pas forcément calé. Gaël voulait taper avec moi aussi. On a décidé cela ensemble, c’est comme cela que c'est tombé ce matin." Re-tiens, donc. Effectivement, Benneteau s'est échauffé avec Monfils, mais une heure à peine avant le double. Cela sentait l'improvisation, la situation d'urgence. D'ailleurs, au micro de France Télévisions, Antoine Benneteau a confié que son frère avait appris qu'il allait jouer seulement "un peu plus d'une heure avant le match", ajoutant que cela avait été un sacré "ascenseur émotionnel". Quant à Thierry Ascione, un des deux entraîneurs de Tsonga, il a avoué être "surpris" de l'absence de son joueur.

Manifestement, il y a un souci avec Jo-Wilfried Tsonga. Faute d'informations des joueurs concernés, il a longtemps fallu se contenter de rumeurs. L'une d'elle laissait entendre que le Manceau avait finalement décidé de passer la main parce qu'il ne "le sentait pas". On a ensuite évoqué une blessure. Visiblement, c'était la bonne piste. Et c'est Jean Gachassin, président de la FFT en personne qui a fini par vendre la mèche. "Jeannot la Gaffe", incapable de suivre le plan comm' mis en place à la va-vite (à moins qu'il n'ait eu le temps d'être mis dans la confidence…), a expliqué sur la chaîne i-Télé que Jo-Wilfried Tsonga était touché "au coude" mais qu'il "espérait" être en mesure de jouer dimanche.

Selon toute vraisemblance, le numéro un français a donc connu une alerte samedi matin à l'échauffement. On l'a d'ailleurs vu rester longuement assis sur sa chaise à l'issue de son entraînement avec Gasquet, le staff autour de lui, notamment le docteur Montalvan, avec lequel Tsonga s'est entretenu. Clément disposant en Benneteau d'un excellent joueur de double à sa disposition, il n'y avait dès lors pas de raison de prendre de risque avec Tsonga, surtout avec un score de parité avant le double. On peut d'ailleurs interpréter dans cette optique les propos de "la Clé" : "Je sais que tout le monde s'attendait à voir Jo, mais il doit se reposer pour demain (dimanche, NDLR)".

Tout ceci est parfaitement compréhensible. Logique, même. Mais pourquoi diable s'échiner à prétendre le contraire ? A affirmer que le duo Benneteau-Gasquet a toujours été l'option retenue ? Que jamais il n'a été question de mettre Tsonga dans ce double ? Pour ennuyer les Suisses ? Il est vrai qu'ils ont semblé très perturbés par ce changement de paire française au dernier moment… Et on imagine déjà Federer ne pas fermer l'œil de la nuit en se retournant dans son lit toutes les cinq minutes pour savoir qui de Tsonga ou Gasquet sera face à lui dimanche… Il restera de cette séquence malheureuse un parfum de confusion, presque d'amateurisme. Car, même en retournant le problème dans tous les sens, difficile de percevoir l'intérêt de masquer la vérité en la circonstance. Tout ça ne rime pas à grand-chose. Non content d'avoir mal géré leur affaire sur le terrain, les Bleus ont aussi creusé leur tombe en dehors samedi.