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Coupe Davis, Finale France - Suisse : Le choix de la terre ? Ni bon ni mauvais, bien au contraire...

Laurent Vergne

Mis à jour 19/11/2014 à 15:10 GMT+1

Comme lors de trois de leurs quatre dernières finales à domicile, les Français ont choisi la terre battue comme surface. Un choix qui n'a jamais été payant. Mais qui devrait s'avérer assez neutre cette fois contre la Suisse.

Le stade Pierre-Mauroy de Lille, version Coupe Davis.

Crédit: Panoramic

Disputer une finale de Coupe Davis, c'est un privilège. La jouer à domicile, c'est un double avantage. En théorie, au moins. Il y a le poids du public, évidemment. Cela peut inhiber certains mais, globalement, jouer à la maison transcende le plus généralement les acteurs. Reste l'autre atout. Celui du choix de la surface. A l'épreuve des faits, c'est nettement moins évident. On ne sait souvent qu'a posteriori si on a opté (ou non) pour le bon terrain de jeu. La France est bien placée pour le savoir. Par le passé, elle a parfois payé pour savoir que choisir la surface n'était pas garantie de succès.

La bande à Clément ne doit pas être superstitieuse

Pour affronter la Suisse ce week-end à Lille, le clan tricolore a opté pour la terre battue. Un choix classique. Depuis 1982, la France a organisé quatre finales de Coupe Davis. Trois fois, elle a opté pour la terre battue. En 1982 à Grenoble contre les Etats-Unis, à Nice en 1999 face aux Australiens puis en 2002 à Bercy, devant la Russie. A chaque fois, une défaite à la clé. La seule fois où les Français ont opté pour une finale sur dur en indoor, ils ont gagné. C'était l'inoubliable victoire de Lyon, en 1991, contre les Etats-Unis. Seule certitude, la bande à Clément n'est pas superstitieuse. Sans quoi elle n'aurait jamais fait débarquer 5500 tonnes de brique pilée au stade Pierre-Mauroy.
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Arnaud Clément au stade Pierre Mauroy de Lille avant la finale de Fed Cup

Crédit: AFP

Evidemment, il serait réducteur de résumer ce triple échec final à la décision d'évoluer sur terre battue. En 1982, les Etats-Unis de McEnroe étaient trop forts. Vingt ans plus tard à Bercy, jusqu'à l'effondrement de Paul-Henri Mathieu, personne ne se plaignait. Seul le cas de Nice en 1999 semble relever de l'erreur de casting. Nous l'évoquons par ailleurs. Cette année-là, l'équipe de France avait commis une faute classique et fréquente, parce que très tentante : s'appuyer sur les prétendus points faibles de l'adversaire plutôt que sur ses propres forces. C'est une option rarement payante en Coupe Davis, sauf dans des cas extrêmes. Si vous affrontez une équipe dont les joueurs sont manifestement incapables de poser un pied devant l'autre sur herbe, par exemple. Ou si vous croisez des allergiques absolus à la terre.

Wawrinka-Federer, c'était la finale à Monte-Carlo

Globalement, c'est rarement un bon calcul de prendre en premier lieu en considération les caractéristiques des joueurs adverses plutôt que les vôtres. Tom Gorman, l'ancien capitaine de l'équipe des Etats-Unis de Coupe Davis, l'avait parfaitement expliqué : "Mettre vos joueurs dans une position de relative faiblesse parce que vous estimez que cela affaiblira encore davantage l'adversaire, vous savez ce que c'est? Un aveu... de faiblesse." Sans parler de finales, récemment, les Français avaient coché cette option. C'était en 2012, à l'heure de recevoir les Américains, justement, à Monte-Carlo. La terre était le supposé maillon faible du leader U.S., John Isner. Il avait durement châtié les Français pour la der en eau de boudin de Guy Forget. Même sanction, même punition, que contre l'Australie en 1999, ou l'Inde en 1993.
Alors, faut-il s'inquiéter de voir Jo-Wilfried Tsonga et cie évoluer sur terre ce week-end dans le Nord ? Pas forcément. La finale 2014 a ceci de particulier qu'elle met aux prises des acteurs à la polyvalence avérée et à peu près égale. Oui, Federer est probablement un client plus sérieux en indoor que sur dur. Mais c'est relatif. Et de la terre en indoor, il ne va pas détester ça. Wawrinka non plus. Wawrinka-Federer, au passage, c'était la finale, au printemps dernier, du Masters 1000 de Monte-Carlo. Ce ne sont pas exactement des bras cassés terriens qui se pointent à Lille. Chez les Français aussi, un Tsonga, un Monfils ou un Gasquet sont aptes à évoluer à un haut niveau sur ocre comme sur dur.

Tsonga, l'ombre d'un doute ?

L'avantage, si avantage il y a, réside peut-être dans le fait que les deux Suisses étaient encore à Londres pour en découdre le week-end dernier. Pendant que les Bleus auront passé deux semaines sur terre à se préparer, à se ré-acclimater à l'ocre, "Rodger" et "Stan" avaient d'autres priorités. Encore que. Comme le répétait Wawrinka la semaine passée, "Roger est probablement le joueur capable de s'adapter le plus vite à la transition d'une surface à l'autre". Il le faudra car, s'il joue, il jouera probablement sans s'être entraîné du tout sur terre, à cause de son dos. Les lombaires de Federer, voilà l'épine dans le pied suisse, bien plus que la terre battue.
Après la victoire (sur terre) contre les Tchèques en septembre, Tsonga avait d'ailleurs émis des doutes sur l'option terrienne. "Nous pouvons battre les Suisses sur toutes les surfaces, avait-il rappelé. Nous l’avons déjà fait. Je ne suis pas sûr que la terre battue soit la meilleure option." Il est vrai qu'en ce qui le concerne, il a battu Federer à Roland-Garros, à Wimbledon ou encore en finale de Masters 1000 sur dur. Si la terre a finalement été retenue, c'est qu'il s'agissait du choix globalement le plus confortable pour l'ensemble de l'équipe, sans constituer une arme fatale pour l'adversaire. Le plus probable, c'est que la surface, au final, restera une actrice mineure de ce duel. Un second rôle, tout au plus. La véritable clé se trouve ailleurs. Dans le corps d'un Monfils. Le bras d'un Tsonga ou d'un Wawrinka. La tête d'un Gasquet, peut-être. Le dos d'un Federer, sûrement. Vendredi, le décor s'effacera derrière les acteurs pour dessiner le scenario du film.
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