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Coupe Davis France-Suisse : Les trois raisons qui expliquent aussi l'échec des Bleus en finale

Sébastien Petit

Mis à jour 25/11/2014 à 10:44 GMT+1

Les Suisses étaient les meilleurs ce week-end à Lille face aux Bleus. Pas de doute possible. Mais lorsqu'Arnaud Clément affirme que "tout a été parfaitement préparé" pour cette finale de Coupe Davis, certains éléments recueillis permettent d'en douter. Retour sur ces erreurs qui ont été commises par les Français et qui auraient pu être évitées.

Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga lors du stage de Coupe Davis à Bordeaux 2014

Crédit: AFP

Un double pas assez travaillé pendant le stage bordelais

Ce que nous avons constaté: Dès le stage de Bordeaux dans le club de la Villa Primrose, les Bleus ont perdu la finale de Coupe Davis. La raison ? Parce qu'ils n'ont pas suffisamment travaillé le double, point précis sur lequel les hommes d'Arnaud Clément auraient dû faire la différence en finale. Pendant cette préparation, les Français n'ont réalisé que deux sets d'entraînement en une semaine, pendant que les Suisses prenaient conseil auprès de David McPherson, coach des frères Bryan en personne.
"J'ai resserré volontairement le groupe à quatre, le temps que Julien arrive, sans intégrer des sparring-partners supplémentaires avec nous", nous avait expliqué Arnaud Clément au moment de dévoiler les cinq joueurs retenus pour la finale le 11 novembre. "Nous ne travaillons pas le double spécifiquement, nous faisons des exercices que mes joueurs n'ont pas l'habitude de faire. Nous privilégions la qualité à la quantité pour pouvoir monter en puissance." Tsonga ne s'est effectivement contenté que d'exercices physiques, officiellement pour peaufiner ses "glissades sur la terre battue". Officieusement, parce qu'il était incapable de serrer sa raquette et de frapper la balle comme il le voulait.
Ce qu'il s'est passé: A coup de rééducation et d'infiltrations, Tsonga s'est entêté à croire qu'il pourrait jouer, et Clément a eu la faiblesse de le croire sans penser à préparer un plan B en cas de catastrophe. Résultat : avec la blessure du Manceau, plus d'association possible avec Gasquet sur laquelle le capitaine avait fondé tous ses espoirs dès le début de saison. Et une défaite sans appel en trois sets face à Federer et Wawrinka le samedi. Pourquoi alors ne pas avoir fait jouer Gasquet et Benneteau davantage ensemble pour pallier un éventuel coup du sort ? Ni Tsonga ni Clément ne pensaient que le leader français ferait défaut. Sa blessure a été minimisée pour éviter au Sarthois de revivre sa désillusion de 2010. Le retour de bâton a été très violent.
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Tsonga et Gasquet à l'échauffement en Coupe Davis

Crédit: Panoramic

Une mauvaise gestion de la crise Tsonga

Ce que nous avons constaté: Dès le samedi midi, la finale a échappé inexorablement aux Français lorsque Tsonga a compris que son bras droit ne le laisserait pas tranquille du week-end. Dès lors, tout a été fait pour le cacher aux adversaires, et donc aux médias, pour étouffer l'affaire et espérer que le doute persiste dans les esprits sur une éventuelle participation le dimanche. Mais en mentant sciemment en conférence de presse sur l'état de santé de Tsonga, l'équipe tricolore s'est elle-même déstabilisée un peu plus. Et ce, d'autant plus que l'entourage, et même le Président de la Fédération Française, évoquaient ouvertement le problème, sans savoir qu'il fallait garder le secret.
Ce qu'il s'est passé: La pression était déjà forte avant le début de matches, celle-ci s'est intensifiée avec la perte de Tsonga et a fini par manger le reste de l'équipe. Avec un niveau de jeu peu enviable, Gasquet s'est liquéfié en double le samedi et, malgré toute sa bonne volonté, n'a jamais réussi à se transcender lors de l'ultime match face à Roger Federer dimanche. De plus, de part leur communication désastreuse, les Bleus ont laissé une mauvaise image dans cette finale, une image d'un groupe trop centré sur lui-même pour faire face aux vrais problèmes. Sifflé durant la cérémonie de remise des prix par un public qui n'a pas eu les clés pour comprendre les raisons de son forfait, Jo-Wilfried Tsonga l'a payé cash.

Un groupe pas si costaud que ça

Ce que nous avons constaté: Pendant leur préparation, Arnaud Clément et les joueurs eux-mêmes ont tous mis en avant leur bon esprit de groupe, leur union sacrée, leur camaraderie sans faille. Le stage était fait d'ailleurs pour qu'ils se rapprochent davantage. Pourtant, certains observateurs proches du groupe ont eu quelques doutes à ce sujet. Certains évoquent un groupe centré autour de Tsonga et de la relation très forte entre Gilles Simon et Gaël Monfils, mais auquel Gasquet et Benneteau semblent encore un peu en retrait. "Je croyais tous les joueurs très potes, soudés, solidaires, a souligné plus ouvertement Arnaud Boetsch à la Dépêche du Midi. Et puis, quand je suis arrivé à Lille, je les ai vus évoluer et je me suis dit : bizarre, il se passe quelque chose."
Ce qu'il s'est passé: Il n'y a eu aucun exploit possible une fois Tsonga sur la touche. Aucun feu sacré n'est ressorti de ce groupe. Gaël Monfils n'a pas décroché un mot en conférence de presse. Enfin si, un seul : "Déçu". Déçu de ne pas avoir pu jouer ce cinquième match que toute la France attendait. Mais sans doute du scénario qu'a pris ce week-end qu'il avait pourtant débuté de la meilleure des façons : une victoire en trois sets sur Federer. Un seul avait (un peu) le sourire : Gilles Simon. Lui, le joker de luxe qui n'a pas joué un match de la saison en Coupe Davis, regrettait-il de ne pas avoir joué ? Réponse : "Cela fait bien longtemps que j'ai arrêté de penser comme cela. C'est une décision qui revenait à Jo. C'est sa décision, après ce qui se passe, on s'en fout un peu." Il est encore trop tôt pour dire qu'ils resteront effectivement unis dans la défaite.
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Tsonga, assis aux côtés de Monfils, durant le dernier simple de Coupe Davis

Crédit: Panoramic

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