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Coupe Davis - France-Suisse : Tsonga-Wawrinka, ce sera plus que du tennis

Laurent Vergne

Mis à jour 21/11/2014 à 00:36 GMT+1

Jo-Wilfried Tsonga et Stanislas Wawrinka auront le redoutable honneur de lancer les débats vendredi. Un premier match dans une finale de Coupe Davis, ça ne ressemble à rien d'autre. Pour le Manceau comme pour le Vaudois, c'est une expérience nouvelle. D'abord un combat psychologique. Contre soi-même.

Jo-Wilfried Tsonga face à Stan Wawrinka, l'acte I de cette finale 2014.

Crédit: Imago

Lors de la conférence de presse d'après-tirage au sort, jeudi, beaucoup de questions ont tourné autour du deuxième match de vendredi, celui qui opposera Gaël Monfils à Roger Federer. Signe que tout semble tourner autour du numéro deux mondial dans cette finale. Jo-Wilfried Tsonga a attendu de longues minutes avant qu'un journaliste daigne l'interroger sur son match à lui. Et pourtant, ce match, face à Stanislas Wawrinka, ouvrira les débats à Lille. Et un premier match dans une finale de Coupe Davis, c'est quelque chose. A part une finale de Grand Chelem et… un cinquième match décisif en Coupe Davis, il n'a pas d'équivalents en termes de tension. Et cette pression-là ne ressemble à rien d'autre. "Quoiqu'il arrive, ce sera différent de tout ce que j'ai connu avant", a tranché Wawrinka.
Gaël Monfils a confié de son côté qu'il aurait préféré jouer le premier vendredi. Parce qu'il aime cette tension. "J'aurais préféré jouer en premier car il y a plus de pression dans cette rencontre, a-t-il expliqué. Puis quand je regarde mes potes jouer, cela m'enlève beaucoup d'énergie. C'était mieux pour moi de jouer en premier." Ce sera donc Tsonga. Et la gestion d'un tel moment, ça ne s'apprend pas dans les livres. Monfils, lui, l'avait parfaitement géré en 2010 à Belgrade, apportant le premier point aux Bleus en battant nettement Janko Tipsarevic en trois sets.
"Ce n'est pas seulement un des grands moments de ma carrière, c'est LE plus grand moment de ma carrière"
Le moment est compliqué. Peut-être plus encore pour celui qui évolue à domicile. Depuis plusieurs jours, la pression monte. Tous la ressentent, collectivement. Mais vendredi, sur les coups de 14 heures, seul Tsonga devra l'assumer. "Bien sûr, il y a plus de pression, admet le Manceau à l'évocation de l'évènement. Quand les gens demandent si nous avons peur, c'est de cela qu'on parle, on parle de cette pression de plus que l'on sent dans l'air. Par exemple, il y a beaucoup plus de journalistes que d'habitude, le public en attend plus, nos attentes personnelles sont plus élevées. Quand on parle de pression, on parle de tout cela. Notre capacité à jouer dépendra de notre capacité à gérer toute cette tension supplémentaire."
Tsonga va même plus loin : il a conscience de vivre un moment qui définira en grande partie sa carrière. Prenez Henri Leconte. Il a connu des hauts et des bas. Il a dû avaler diverses frustrations tout au long de sa carrière. Mais aujourd'hui, qui dit Leconte dit, d'abord, Lyon 1991. "Ce n'est pas seulement un des grands moments de ma carrière, c'est LE plus grand moment de ma carrière", a lancé Tsonga vendredi sans tourner autour du pot. Surtout pour lui, qui n'a pu vivre sur le court la finale de 2010. Puis, cette fois, c'est à la maison. Et face à Federer. Et ces garçons affichent tous quatre années de plus au compteur. Ça tourne, ça tourne. Les occasions de vivre de tels moments vont s'amenuiser. Se louper vendredi, passer au travers ce week-end, ce serait terrible pour eux. Plus que pour Federer, qui a tout gagné ou presque à côté, ou même pour Wawrinka, déjà auréolé de son titre à l'Open d'Australie.
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Jo-Wilfried Tsonga et Roger Federer, lors de l'Open d'Australie 2014

Crédit: Panoramic

Au-delà du tennis
Le cas de Jo Tsonga se rapproche un peu de celui de Guy Forget en 1991. Comme son ancien capitaine, JWT est le leader de l'équipe. Comme lui, il doit apporter sa contribution. Et comme lui, il va lancer les hostilités vendredi. Forget, totalement inhibé, n'avait jamais réussi à se libérer face à Andre Agassi. Il était passé à côté de son match. Il avait fallu la folie créatrice d'un Leconte en transe pour effacer son échec et le remettre en selle. "Je suis le pilier de l'équipe mais je n'arrive pas à me libérer, se souvient Forget. Les gars comptaient tellement sur moi pour apporter le premier point et moi j'étais tellement persuadé de pouvoir le faire, que ce match, c'est la fin du monde."
Le monde ne s'est pourtant pas arrêté là. Derrière, les Français ont enchainé trois victoires pour terrasser les Etats-Unis et décrocher le premier Saladier d'argent français depuis l'ère des Mousquetaires. Tout ne sera pas fini non plus, ni pour Tsonga ni pour Wawrinka, après leur duel. Mais ce match, compte tenu de son contexte, dépassera le simple aspect tennistique. "Quand j'entrerai sur le court, je saurai que ce qui fera la différence sera la volonté de gagner. C'est ce que je vais faire, je vais être très déterminé", sur Tsonga. Certes. Mais il faudra, aussi, savoir gérer cette détermination. L'envie, la détermination, Forget n'en manquait pas à l'heure de défier Agassi en 1991. Mais une fois sur le court, il n'avait pu transposer tout ça de façon positive.
Alors, bien sûr, le tennis comptera. Le physique, aussi, si la partie dure. Mais entre ces deux joueurs au niveau très proche, dont les duels ont souvent été très accrochés, tout (ou presque) se jouera d'abord dans la tête. C'est un combat psychologique. Contre l'autre et, plus encore, contre soi-même. Jeudi, à 24 heures du combat, l'intox a commencé. N'est-ce pas, Wawrinka ? "Lui aura la pression car il a besoin de ce point. Pour moi, tout va bien, je suis content."
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