Coupe Davis : Le destin des Bleus est dans la raquette de Gasquet

La Coupe Davis est terminée pour Jo-Wilfried Tsonga. Elle se résumera donc à un match, le tout premier de cette finale. Match frustrant, raté et perdu, contre Stanislas Wawrinka. Puis rideau, pour Jo. Tsonga rêvait de se relancer dès le double samedi avant de propulser l'équipe de France dans le Saladier d'argent en apportant le point décisif dimanche après-midi. Rien ne s'est passé comme prévu. Comme souhaité, en tout cas. Blessé au coude et/ou touché au moral (Arnaud Clément et son staff ayant choisi l'option du mensonge, actif ou par omission, il faut se contenter de supputer), le Manceau n'aura joué ni le double samedi, où il a été suppléé par Julien Benneteau, ni le troisième simple dimanche. Cette fois, c'est Richard Gasquet qui va s'y coller.

Le camp tricolore se voulait encore rassurant samedi soir. "Il n'y aura aucun problème pour demain (dimanche)", assurait même Clément au sujet de Jo-Wilfried Tsonga. Il semble pourtant que problème il y avait. Dimanche matin, c'est Richard Gasquet qui s'est retrouvé à l'entraînement sur les coups de 10 heures sur le court du stade Pierre-Mauroy. Le Biterrois a tapé la balle pendant une demi-heure avec son capitaine. C'est donc logiquement qu'à midi la titularisation de Gasquet a été officialisée pour affronter Roger Federer à 13 heures.

La survie de l'équipe de France et les espoirs d'une génération dépendent donc maintenant de son élément le plus emblématique. A 28 ans, Gasquet va disputer ce qui peut être considéré comme le match le plus important de sa carrière à ce jour. Depuis le début du stage à Bordeaux, il se murmurait que le Biterrois volait sur le court. Il "joue le feu", avait-on entendu. Mais cet état de forme ne s'est pas transposé sur le court samedi lors d'un double où Gasquet, tendu, n'a jamais semblé en mesure de donner le meilleur de lui-même. C'est peu dire qu'il devra hausser le ton pour avoir une chance de battre Roger Federer.

Certes, le Suisse est apparu loin de son meilleur niveau vendredi face à Gaël Monfils, mais il a beaucoup plus convaincu samedi en double, même si ce n'était que sur demi-court. Si Federer, dont le mal de dos semble si loin aujourd'hui, monte encore en puissance dimanche, l'affaire s'annonce mal pour les Français. Richard Gasquet n'a d'autre choix que de se draper d'une âme de champion. Etre bon ne suffira pas. Il faudra une forme de transcendance. Livrer sur le court quelque chose d'insoupçonné, bien au-delà d'une technique aiguisée. Les plus optimistes voudront se souvenir que "Richie" a déjà battu Federer deux fois, et les deux fois sur terre battue. Les plus réalistes souligneront que c'était en deux sets gagnants, pas en trois, qu'il a perdu 12 fois contre le Bâlois et que l'aspect "indoor" comme le contexte de ce grand évènement favorisent évidemment celui-ci.

La raison mène plus que jamais au premier triomphe suisse en Coupe Davis. Richard Gasquet, seul espoir bleu à cette heure, a-t-il le cœur et la tête pour être plus fort que la raison ?