Coupe Davis, France - République tchèque: Monfils en tribunes, un choix risqué mais assumé

Il pourrait ne pas jouer du week-end. Et pourtant, c'est le joueur français le plus en vue du moment. Suite au tirage au sort de la demi-finale de Coupe Davis qui a eu lieu jeudi à Roland-Garros, Gaël Monfils n'entrerait en lice qu'en toute fin de week-end. Sur le papier, il a été certes annoncé en double aux côtés de Julien Benneteau, mais il est entendu par tout le monde, surtout par le capitaine tricolore, que ce n'est pas lui qui sera présent samedi sur le court central de Roland-Garros face aux Tchèques. C'est même la seule chose dont Arnaud Clément est sûr. Comme lors des deux premières rencontres de Coupe Davis de cette saison, le Parisien sera cantonné à un rôle de remplaçant de luxe, pour suppléer Tsonga ou Gasquet dans l'une des dernières rencontres de dimanche si le sort de cette demi-finale devait se décider en plus de trois matches.

"Si Gaël est là, c’est pour avoir un rôle. Pas pour samedi, mais pour dimanche, affirme un Clément sûr de lui. S’il était là depuis dix jours à Roland-Garros sans fatigue, ni pépins physiques, je l’aurais fait jouer dès vendredi. Là, il est fatigué, c’est normal vu qu'il est revenu le dernier de New York, et je suis obligé d’en tenir compte. Celui qui a plusieurs jours de préparation en plus part avec un avantage par rapport aux autres. C'est le cas de Richard. Il a envie de tout donner, quitte à se mettre en danger. Il a envie d’y aller. On a beaucoup discuté ensemble et j'écoute les sensations des joueurs. Je ne veux pas prendre de risques."

Ce qu'Arnaud Clément ne dit pas, c'est que Tomas Berdych a été éliminé au même stade de la compétition à l'US Open que Monfils, soit en quart de finale. Et à aucun moment, son capitaine Jaroslav Navratil a essayé de le ménager, à partir du moment où le numéro un tchèque a décidé de jouer cette rencontre. Le conserver pour un éventuel match du dimanche aurait été vu comme de la folie pure, sachant qu'il est leur arme principale pour défendre leur double titre dans cette compétition. Le clan tricolore ne se dit pas la même chose. Gaël Monfils est sans doute le meilleur élément français sur terre battue, mais ce n'est pas le seul à pouvoir bien jouer sur cette surface.

"J'ai la chance d'avoir Richard Gasquet, qui a plus souvent battu Berdych que l'inverse (5/3 dans leur face-à-face, 1/1 sur terre battue), rappelle Clément. Il a une envie débordante, et s'adapte très vite à la terre battue. C'est vrai qu'il a été un petit peu court physiquement sur le match face à Gaëlà Flushing Meadows, mais dans des conditions de chaleur et d'humidité vraiment extraordinaires. Il a de nouveau travaillé une bonne semaine en rentrant, donc je pense qu'il est prêt pour jouer Berdych et pour un long week-end de Coupe Davis."

"La décision de le faire jouer était finalement très naturelle, appuie encore le capitaine. Mettre Richard, c'est plus réaliste, moins risqué. Il est plus mâture, a plus d'expérience. Il a désormais apprivoisé cette compétition." Et Tsonga de confirmer : "Le collectif, c'est notre force ; il faut s'en servir. Richard reste un joueur excellent sur terre." Dans cette décision, il n'a finalement jamais été question d'insérer Gilles Simon dans cette équipe-type. Encore une fois, le Niçois paye le fait d'être le moins en vue des quatre joueurs de simple potentiels. Et de ne pas être une solution de rechange en double.

"Oui, c'est un crève-coeur de ne pas jouer, avoue tout de même Monfils. J'en ai très envie, mais il faut faire passer l'équipe avant. Là, je n'ai pas encore pu faire une nuit complète. J'aurais pu l'avoir entre hier et ce matin si je n'avais pas dû passer un contrôle antidopage à 6 heures aujourd'hui (jeudi, NDLR). On a envie de gagner cette Coupe Davis et on sent qu'on peut le faire. On a un pacte entre nous, on ne veut pas faire n'importe quoi. C'est un choix d'équipe, ce n'est pas personnel. Alors je sais que je peux ne pas jouer du week-end si la rencontre est pliée dès le samedi. Mais je me dis que j'ai encore deux jours pour récupérer. Donc ça ira. Ce sera avec un maximum de stress mais je serai prêt."

Toujours soucieux de ménager ses montures, Arnaud Clément prend le risque de préserver son meilleur cheval dans cette course à la finale. Vu que ça lui a réussi face à l'Australie au premier tour, et contre l'Allemagne en quart de finale, même si la catastrophe a été évitée de peu, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Clément en tout cas a fait un choix : garder un Monfils frais en quatrième homme pour dimanche au lieu d'un Gasquet dans un match-couperet. Le Parisien a fait ses preuves dans cette configuration face à l'Allemagne en quart de finale. Le Biterrois, jamais. A l'heure de rejouer une première finale depuis 2010, Clément ne veut plus laisser de place au hasard. Quitte à prendre des décisions controversées.