Coupe Davis : Pour Tsonga, le week-end tourne au vinaigre et le rêve peut finir en cauchemar

C'est un drôle de retournement. Et pas grand monde ne l'avait vu venir. Toute la semaine, cette finale de Coupe Davis a vécu au rythme du dos de Roger Federer. Longtemps, un forfait pur et simple du numéro deux mondial a été envisagé. Vendredi, il est apparu sur le terrain mais surtout assez loin de son meilleur niveau. Samedi, dans le double, il n'a pas semblé le moins du monde gêné. Du coup, le dos du Bâlois n'est plus franchement le sujet le plus en vogue à Lille. Depuis samedi soir, le gyrophare de l'ambulance clignote au contraire du côté français. L'inquiétude médicale a changé de camp. Et ce n'est pas un dos, mais un coude, qui cause souci. Ce coude, c'est celui de Jo-Wilfried Tsonga. Et c'est très probablement lui qui l'a privé du double samedi.

Difficile toutefois de savoir exactement ce qu'il en est. Arnaud Clément, sourire en coin en menant en bateau un auditoire pas vraiment dupe, a refusé de s'épancher sur le sujet. "Imaginez-vous bien que s'il y avait quelque chose, je ne vous dirais rien", a lancé le capitaine tricolore samedi soir. D'autres s'en sont chargés pour lui. Jean Gachassin, le président de la Fédération, a évoqué "une blessure au coude", torpillant le désir de secret de son capitaine. Il se murmure même dans les couloirs du stade Pierre-Mauroy que le Manceau est en délicatesse avec son avant-bras droit depuis le début de la semaine. Il n'a jamais été question qu'il renonce au match face à Stanislas Wawrinka vendredi mais, manifestement, l'alerte a été suffisamment sérieuse samedi matin pour ne pas prendre le risque de l'aligner en double.

 Pour autant, à ce stade, personne dans le clan bleu n'envisage un forfait pour dimanche. Si la carte Benneteau a été sortie du chapeau, c'est justement afin de préserver Tsonga pour le choc face à Roger Federer, premier (et peut-être dernier) simple de la dernière journée. "Je ne suis pas au courant de douleurs le concernant. Mais s'il en a ressenti, ce ne sont que des douleurs et pas une blessure", a d'ailleurs tenu à rassurer le DTN Arnaud Di Pasquale. Le plus probable, c'est que Tsonga n'a pas souhaité prendre le risque de compromettre sa présence dans le quatrième match, dimanche. "Jo a été préservé pour certaines raisons. Il n'y aura aucun problème pour demain (dimanche). Il a joué quatre sets vendredi. Cette option a été prise pour le ménager et pour qu'il ait le plus d'énergie possible demain", a conclu Clément.

Sauf catastrophe, le match des deux numéros un aura donc bien lieu. Mais c'est peu dire que Jo-Wilfried Tsonga l'abordera dans des conditions non-optimales. Vendredi, il a été touché psychologiquement par sa défaite nette et sans bavure contre Stanislas Wawrinka. Il l'avait dit, il voulait jouer le double pour se relancer, se requinquer. Après le moral, c'est le physique qui le titille maintenant. Pour s'attaquer au défi Federer avec le dos au mur et une absence de droit à l'erreur, il aurait mieux valu qu'il soit dans les meilleures dispositions. Avec une tête secouée et un coude récalcitrant, le compte n'y est pas vraiment. Jeudi, il avait parlé du moment "LE plus important de sa carrière". Pour l'instant, le week-end de Jo-Wilfried Tsonga ressemble à un petit chemin de croix. Une défaite contre Federer dimanche finirait de noircir le tableau. Le sien et celui d'une équipe qui semble privée de fil conducteur. Il va lui falloir une énorme force de caractère pour surmonter ces vents contraires.