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France - Suisse : L'intox autour de Tsonga ? "C'était mon devoir", se défend Clément

Laurent Vergne

Mis à jour 23/11/2014 à 23:14 GMT+1

Arnaud Clément est revenu après la défaite sur sa communication très contestée autour du cas de Jo-Wilfried Tsonga. Le capitaine assume et ne regrette en rien son "mensonge".

Arnaud Clément tente de motiver Jo-Wilfried Tsonga

Crédit: Panoramic

La France n'a pas perdu ce week-end parce que la parole publique de l'ensemble du staff, au sens large, du capitaine au président de la FFT en passant par le DTN, n'a jamais été maîtrisée. Elle a perdu parce que ses joueurs, dans leur ensemble, sont tombés sur deux immenses champions. Roger Federer et Stanislas Wawrinka étaient trop forts pour une équipe tricolore solide, homogène, mais surpassée, à un Gaël Monfils près, par le talent hors-normes du Bâlois et du Vaudois. Il n'en reste pas moins qu'il était sans doute possible d'éviter cette cacophonie un peu absurde et, pour tout dire, totalement vaine. Car, au fond, ce n'est même pas le mensonge qui pose souci, mais la totale inutilité de celui-ci.
Dimanche, après la troisième et fatale défaite du week-end, Arnaud Clément a reconnu avoir raconté n'importe quoi la veille en conférence de presse. Non, il n'était pas prévu dès vendredi soir que Julien Benneteau dispute le double avec Richard Gasquet. Non, tout n'allait pas bien pour Jo-Wilfried Tsonga. Non, Tsonga n'avait pas été préservé en vue du choc face à Federer dimanche. Car Tsonga n'était pas en mesure de jouer après le réveil de sa blessure à l'avant-bras vendredi lors du match contre Wawrinka. Il n'a jamais été question qu'il puisse affronter Federer. "Samedi matin, a expliqué le capitaine tricolore, Jo a fait un test pour voir s'il était apte à jouer le double. Ce n'était pas le cas."
Qui peut croire que Federer a été perturbé par cette "incertitude"?
Quand Clément a affirmé samedi soir qu'il n'y aurait "pas de problème pour Jo" le lendemain, nous étions donc dans le bluff le plus total. Pourquoi avoir livré cette thèse alors ? "Je pense que la réponse est évidente, juge le capitaine. On n'a pas d'information à donner, à communiquer à l'équipe adverse à ce moment-là du week-end. Si c’était une incertitude pour eux, il fallait qu'elle reste le plus tard possible dans leur tête. Si cela a été un petit plus et un petit doute supplémentaire pour l'équipe adverse de ne pas savoir qui il y aurait en face le lendemain, c'était mon devoir."
Nous y voilà donc. Tout ceci était destiné à brouiller l'esprit de l'équipe suisse. Avec le recul, tant de facéties de langage peuvent faire sourire. Car franchement, qui peut croire que Roger Federer a été perturbé par le fait de ne pas savoir qui de Tsonga ou de Gasquet allait se présenter face à lui. Le Bâlois savait qu'il avait les cartes en main. S'il jouait son jeu… "C'est un jeu de poker, on ne peut parfois pas divulguer des informations. Vous me direz que peut-être Federer en a connu d'autres, est-ce que jouer untel ou untel peut changer", a concédé Arnaud Di Pasquale, le DTN. Effectivement, il est assez tentant de dire ça… Samedi, déjà, la paire Federer-Wawrinka n'avait pas paru déstabilisée par l'apparition au dernier moment de Julien Benneteau à la place de Tsonga.
Ça ne m’a pas fait plaisir de vous donner de fausses informations
Si la stratégie était contestable sur le fond, elle a été tellement mal menée sur la forme qu'elle n'avait aucune chance d'atteindre son but. Surtout quand le président Gachassin explique que Tsonga est blessé au moment où Clément prétend l'exact contraire. Arnaud Clément a reconnu lui-même qu'il savait pertinemment qu'il ne convainquait personne : "Ça ne m’a pas fait plaisir de vous donner de fausses informations à un certain moment. Et je pense que certains d'entre vous doutaient de mes propos." Euphémisme. La question est plutôt de savoir si une seule personne a mordu. Le mensonge n'est "utile" que s'il est crédible. Sinon, il devient ridicule.
Pourquoi, dès lors, les Suisses, eux, l'auraient cru ? La plus grave erreur a été de faire croire que Benneteau était prévu dès le jeudi pour le double alors que tout, le samedi matin, prouvait le contraire, de l'entraînement commun de Gasquet et Tsonga à la présence du Docteur Montalvan autour du Manceau à l'issue de cet échauffement. Tout le monde, Suisses compris, savaient que JWT avait renoncé au double au dernier moment. En laissant croire le contraire, Arnaud Clément a laissé s'installer un doute sur les motifs de ce retrait. Tsonga, a-t-on entendu, se serait débiné, parce qu'il aurait été trop touché psychologiquement par sa défaite contre Wawrinka. Or c'était l'exact contraire : il voulait bouffer ce double pour se relancer. Sa blessure l'en a empêché.
Il suffisait de dire samedi soir que, oui Tsonga avait un pépin physique mais que sa présence sur le court dimanche était tout à fait envisageable. L'incertitude souhaitée par Clément aurait été la même. Elle aurait même été plus crédible encore. En faisant potentiellement passer Tsonga pour ce qu'il n'était pas, on a semé le doute. Et tout ceci s'est fini par des sifflets contre le Manceau lors de la cérémonie, dimanche. Il n'avait pas besoin de ça.
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