La Coupe Davis à Roland-Garros, un événement rare mais toujours bienveillant

C'était il y a presque un siècle. En urgence, le stade Roland-Garros a vu le jour en 1928 afin d’accueillir la finale de la Coupe Davis pour laquelle l’équipe de France s’était qualifiée automatiquement en remportant l’épreuve l’année précédente au Germantown Cricket Club de Philadelphie face aux Etats-Unis. Les glorieux Mousquetaires (Borotra, Cochet, Lacoste et Brugnon) y ont défendu leur titre vaillamment pendant cinq ans jusqu’à la défaite face à la Grande-Bretagne de Fred Perry en 1933.

A partir de ce moment-là, le stade de la Porte d’Auteuil a accueilli toutes les rencontres à domicile face essentiellement à des équipes européennes en raison du découpage de l’épreuve en zones géographiques. Ce n’est qu’en 1981 que le groupe mondial a vu le jour avec un nouveau calendrier excluant bien souvent la possibilité de jouer en extérieur à Paris sur des courts en terre battue. C’est ainsi que Roland-Garros a accueilli 70 rencontres entre 1928 et 1980 et seulement deux depuis l’instauration du Groupe Mondial en 1981, l’une face à la Tchécoslovaquie justement en juillet 1982 et une autre en septembre 2002, déjà en demi-finales face aux Etats-Unis.

Disputé du 9 au 11 juillet 1982, le duel franco-tchécoslovaque avait mis face-à-face deux stars montantes du tennis de l’époque : Yannick Noah et Ivan Lendl. Rivaux de longue date, les deux numéros un avaient pour particularité de ne s’apprécier que très modérément et Jean-Paul Loth, alors capitaine français, se souvient d’une rencontre plutôt houleuse.

"Quand Yannick a été mené deux sets à un par Lendl, j’ai trouvé les mots pour le galvaniser, se souvient-il. J’en ai rajouté sur le mépris affiché par Lendl et ça l’a rendu fou de rage. C’était un coup de poker et ça a marché". Dans la chaleur du mois de juillet, les deux capitaines avaient même failli s’écharper comme le rappelle Jean-Paul Loth : "Jan Kodes, le capitaine des Tchécoslovaques, ne cessait de discuter avec l’arbitre et, dans la confusion, il m’avait même donné un coup de raquette dans le poignet. J’avais répliqué en lui donnant un coup de pied dans le mollet mais personne ne l’a remarqué."

Disputée au lendemain de la célèbre demi-finale de Coupe du monde de football France-Allemagne à Séville, cette rencontre gagnée 3-2 grâce à trois points de Noah en simple et en double avec un débutant nommé Henri Leconte, avait redonné un semblant de sourire à la France du sport. Mais surtout, elle scellait les fondations du futur triomphe de Yannick Noah qui allait s’imposer à Roland-Garros quasiment un an plus tard.

Il a fallu attendre vingt ans et l’année 2002 pour qu’une nouvelle rencontre de Coupe Davis se dispute à Roland-Garros. Le cadre semblait idéal pour accueillir les Etats-Unis et son équipe composée d’Andy Roddick, James Blake, Todd Martin et Mardy Fish. Moins à l’aise sur terre battue, les Américains avaient également sombré face à la furia des Français galvanisés par les 15 000 spectateurs.

Arnaud Clément, capitaine d’aujourd’hui mais joueur de l'époque, avait notamment battu Roddick, le numéro un américain en quatre sets serrés (4-6, 7-6, 7-6, 6-1) avant que le double Llodra-Santoro ne s’incline face au duo Blake-Martin et que Sébastien Grosjean ne remporte ses deux matches de simple. Cette année-là, Bercy avait été réquisitionné pour la finale qui avait suivi, mais les Français n’étaient pas parvenus à dominer le duo Safin-Kafelnikov qui avait réussi à conquérir le trophée en terre étrangère.

Avant 2014, la dernière équipe de France à avoir évolué à Roland-Garros est celle de Fed Cup en finale de l’édition 2005. Sous la direction du capitaine Georges Goven, Mary Pierce et Amélie Mauresmo n’ont pas réussi à venir à bout d’une redoutable équipe de Russie composée notamment d’Elena Myskina, ancienne lauréate des Internationaux de France un an plus tôt, et d'Elena Dementieva. Le duo Pierce-Mauresmo a totalement sombré dans l’ultime double décisif.

Et malgré cette amère expérience, les hommes d’Arnaud Clément pourront sans doute trouver un peu d’espoir dans cette statistique revigorante : sur les 72 rencontres de Coupe Davis disputées à Roland-Garros, la France en a gagné 53, soit une réussite de près de 73 %.