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L'équipe de France "nettement" supérieure à la Belgique ? Vraiment ?

Laurent Vergne

Mis à jour 23/11/2017 à 21:30 GMT+1

COUPE DAVIS – Ils jouent à domicile. Ils n'ont pas à composer avec Novak Djokovic comme en 2010, ou l'infernale doublette Federer-Wawrinka en 2014. Les Français ont donc une occasion en or de soulever le Saladier d'argent. Sauf que... Sauf que l'équipe de Belgique est loin d'être une victime expiatoire, même si certains la jugent sensiblement inférieure à son homologue française...

Perplexes, Jo Tsonga et Yannick Noah ?

Crédit: Getty Images

"Malgré tout le respect que j'ai pour l'équipe belge, je trouve que la France est nettement supérieure sur le papier". Cette petite phrase d'Arnaud Clément, lâchée le week-end dernier, n'engage que lui, mais comme elle émane de celui qui était le capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis lors de la dernière finale tricolore voilà trois ans, elle ne peut être tenue pour anodine.
En étant un peu malicieux, voire mal intentionné, on pourrait y déceler une façon indirecte pour le prédécesseur de Yannick Noah de régler quelques comptes par anticipation. En mode "moi, j'ai dû affronter la Suisse de Federer et Wawrinka, vous, vous n'aurez "que" la Belgique et vous n'avez pas le droit de perdre." Mais prenons-là pour ce qu'elle est probablement, à savoir une simple opinion, d'un observateur éclairé.

Piège mortel

Alors, l'équipe de France est-elle vraiment "nettement" supérieure sur le papier à son homologue belge ? Comme dirait l'autre, ça se discute. Au minimum. Et quand bien même pareille assertion serait vraie, le mieux est encore de ne pas trop y croire. Ce serait un piège mortel et, au vu de leur passé récent en Coupe Davis comme de leurs performances individuelles ces derniers mois, les Bleus ont-ils vraiment leur luxe de se voir plus beaux que d'autres ?
Les Belges disposent d'un numéro un qui n'a jamais été aussi fort et aussi confiant, ce qui n'est pas le cas des Bleus. David Goffin est désormais numéro 7 mondial. Il n'est passé qu'à une poignée de jeux de terminer dans le Top 5. Il vient non seulement de disputer le Masters pour la première fois comme titulaire, mais en prime d'en atteindre la finale, en battant Rafael Nadal et Roger Federer en l'espace de cinq jours, deux grandes premières pour lui. Cet automne, et plus encore la semaine dernière, il a acquis une nouvelle stature.
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David Goffin et son coach, Thierry Van Cleemput

Crédit: Getty Images

Goffin, la confiance contre la fraicheur

Peut-il payer la débauche d'efforts consentis à Londres ? Possible. Mais il est plus "facile" de passer outre la fatigue dans une finale de Coupe Davis, car les joueurs savent qu'il n'y a rien derrière. Ils peuvent vider leur réservoir jusqu'à la dernière goutte, sans la moindre arrière-pensée. Et la Coupe Davis donne souvent une force insoupçonnée. Puis ce que Goffin n'aura pas en énergie pure, il l'aura en confiance supplémentaire. Pas sûr que la Belgique y perde au change. Dans une finale de Coupe Davis, rien ne remplace les certitudes et la force mentale. Pas même la fraicheur.
Derrière ce vrai gros leader, Johan Van Herck peut aussi compter sur un numéro deux tout aussi solide dans son rôle. Il serait suicidaire de considérer Steve Darcis pour ce qu'il est, à savoir le 77e mondial. A Lille, il ne sera pas le 77e mondial. Il sera le numéro deux de l'équipe de Coupe Davis de Belgique. Et ces deux personnes ne sont pas les mêmes. Le vétéran liégeois est de ceux que la "Davis" transcende et transforme.
Il y affiche un bilan exceptionnel, avec environ 80% de victoires, y compris, souvent, face à des joueurs bien mieux classés que lui. Alexander Zverev, une de ses victimes en début d'année, en témoignera au besoin. Et Darcis est invaincu (cinq sur cinq) dans un cinquième match. Autant vous dire que si le Saladier doit se jouer dimanche après-midi contre lui, il n'y aura pas de quoi être ultra-serein. Même avec Lucas Pouille en face. Dans un tel contexte, le classement n'aura plus d'importance.

Un ruisseau plus qu'un océan

Sur le papier, comme dirait Arnaud Clément, si la Belgique a une faiblesse, c'est son double, surtout si Goffin ne le joue pas. Là, oui, l'équipe de France part avec un net avantage et il serait étonnant, pour ne pas dire catastrophique, que les Bleus ne puissent pas glaner ce point-là. C'est un avantage non négligeable et c'est lui qui permet sans doute de considérer la bande à Noah comme favorite.
Reste que si la logique, celle du papier justement, est respectée, on peut envisager de se retrouver à 2-1 en faveur de l'équipe de France samedi soir, avec un Tsonga-Goffin en ouverture le dimanche. Sur surface rapide, en indoor, Tsonga a les moyens de battre David Goffin. Personne n'en doute. Mais on ne peut le tenir pour acquis, surtout après la semaine que le Belge vient de livrer à l'O² Arena. Un dénouement au cinquième match n'est donc pas une hypothèse absurde. Et là...
Tout est possible dans une finale de Coupe Davis et à partir de vendredi, le terrain supplantera le papier. On peut espérer que les Français seront parfaitement préparés. Il n'y a aucune raison de penser qu'ils ne peuvent pas sortir enfin vainqueurs de cette finale pour la première fois depuis 2001. Mais s'il est légitime, au vu de son homogénéité supérieure, de considérer l'équipe de France comme favorite, c'est plus une ruisseau qu'un océan qui la sépare de son adversaire. Il serait bon de ne pas l'oublier. Voilà pourquoi, a minima, le "nettement" de "nettement supérieur" parait un peu audacieux. Malgré tout le respect que l'on peut avoir pour Arnaud Clément.
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France-Belgique : deux équipes pour un saladier...

Crédit: Getty Images

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