Après sa défaite face à Cilic : Tsonga est à son niveau mais reste de nouveau loin de son rêve

"Si je savais pourquoi il a gagné un Grand Chelem et pas moi", lâchait Jo-Wilfried Tsonga après sa défaite en demi-finale face à Stan Wawrinka à Roland-Garros. Le constat après son échec contre Marin Cilic à l'US Open pourrait être, à peu de choses près, identique. Certes c'est un autre adversaire, un autre tournoi et un autre stade de la compétition mais Tsonga reste une nouvelle fois à quai contre un joueur qui a ce que le Français n'a pas : une victoire dans un tournoi majeur. Il quitte New York "déçu" et persuadé qu'il avait "l'occasion de faire quelque chose de bien."

La différence entre les deux hommes n'était pas énorme. Tsonga semblait même tout proche de renverser une situation compromise. Et Cilic aurait pu se désunir après avoir laissé échapper des balles de match dans le 4e set. Mais c'est finalement lui qui a conclu ce quart de finale (6-4, 6-4, 3-6, 6-7, 6-4). La force des certitudes pour le tenant du titre à l'US Open. "Je suis venu dans ce tournoi avec l'idée que je pouvais bien jouer, que je n'aurai besoin que de quelques matches pour rentrer dans le rythme. Et c'est ce qui m'est arrivé", expliquait-il d'ailleurs après sa victoire.

Ce que décrit Cilic, c'est l'exact opposé de ce qui est arrivé à Tsonga. Si le jeu du Croate s'est bonifié au fur et à mesure des matches, celui du Français a perdu en efficacité, à l'image de son service qui l'a lâché sur le Arthur-Ashe. "Je n'ai pas réussi à produire réellement du bon tennis. (…) Aujourd'hui (mardi, ndlr), j'ai servi, je dirais, très mal, comparé aux autres jours." Après n'avoir cédé aucun break en quatre rencontres (et n'avoir concédé, en tout et pour tout, que deux balles de break), le Manceau a perdu trois fois sa mise en jeu et vu son rêve de remporter un tournoi du Grand Chelem une nouvelle fois inassouvi.

L'impression de revivre certains de ses échecs précédents était patente dans l'analyse que Tsonga avait à l'issue de sa défaite. "On revient toujours à la même histoire", concédait-il en conférence de presse. La même histoire c'est son physique qui ne lui permet pas d'enchaîner dans la longueur. A l'US Open, son genou était en délicatesse et l'a privé d'une partie de ses moyens. Tsonga a la caisse pour faire les gros matches mais son corps, régulièrement, le lâche : "J'ai le moteur, mais il faut que le châssis soit là, il faut que les articulations tiennent. Il n'y a que comme ça que j'arriverai à bien jouer".

Si Tsonga a évoqué ses problèmes au genou ce n'est pas tant pour se trouver une excuse que pour noter qu'il ne peut pas jouer son meilleur tennis sur la durée. Diminué au bras lors de la finale de Coupe Davis, il a été privé de l'Open d'Australie en début d'année pour la même raison. Il est en sûr, ses coupures liées aux blessures le handicapent : "Quand je suis sur le terrain, je sens que je progresse tous les jours. Ce qui me manque, c'est d'arriver à faire des saisons pleines. Je rêve d'une saison pleine".

Sa saison pas "pleine" reste de haut niveau. Entre une demie à Paris et un quart à New York, le Français signe l'un de ses meilleurs crus. Mais il en veut beaucoup plus et sa quête ultime reste un tournoi majeur. Il tourne depuis trop longtemps autour pour se satisfaire d’un quart de finale perdu face à Marin Cilic. Sa poignée de main à la limite de la froideur avec le Croate contenait une bonne part de frustration. "A la fin, on a envie de tout casser", a-t-il d’ailleurs lâché en conférence de presse. Et tant qu’il n’aura pas touché le graal, ce sentiment risque de perdurer.